Archives de catégorie : Textes

Aventure en Afrique (45)

Pour nous, après une nuit à Arlit, c’est le départ l’Aïr : Chantal écrit dans son carnet : “16 décembre, levé 7h, départ à 10h30“Les hommes avec les hommes, les femmes avec les femmes, chacun dans son camion. Nous devons être au total une quarantaine, et une dizaine de militaires actifs. Dans notre camion nous découvrons des visages inconnus. Après présentations il s’avère que ce sont des enseignants coopérants militaires comme nous : nous ne nous sommes jamais croisés auparavant. Chez les coopérants techniques nous nous connaissons tous grâce entre autre au repas du dimanche soir au mess des officiers mais n’y avons jamais rencontré d’enseignants. Ils vivent dans leur collège, leur lycée, leur fac et n’en sortaient que peu. Leur épouse ou compagne sont également toutes dans l’enseignement. Ces coopérants sont engagés pour deux années scolaires. Nos chemins ne se sont croisés que lors de ce voyage : cela est dommage et regrettable car nous avons découvert en fin de notre séjour des gens passionnants.
Nous roulons sur une vaste plaine pierreuse, direction nord-est avec le massif de l’Aïr qui se détache au loin. Nous soulevons une énorme poussière. En tête du convoi le commande-car ouvre la route. Aux environs de midi nous pouvons observer avec surprise des mirages et avons l’impression de rouler dans de l’eau.
Les camions Willem ont à l’arrière un Continuer la lecture de Aventure en Afrique (45)

Aventure en Afrique (44)

Il était de tradition chaque année que le gouvernement du Niger offre aux VSNA, un voyage à travers le Sahara en camions militaires. Mais en 1973, la grande sécheresse a tout chamboulé ; les camions étaient affectés à la distribution de vivre dans les zones reculées. Nous allions donc être privés de ce périple : c’était sans compter sur l’acharnement de certains. Un de nos camarades était le fils d’un général de l’armée française et cette dernière était stationnée, entre autre, au Niger même après l’indépendance, comme encore aujourd’hui.
Les choses sont compliquées. Nous sommes bien militaires, mais il y a nos épouses ou compagnes qui ne le sont pas et qui pour la grande majorité ont un emploi.
Je passe sur les démarches et négociations auxquelles je n’ai pas participé :
–Faire partir trois camions Willem modèle 1950 de la base française de Niamey et un command-car (power), avec à leur bord la moitié des participants au voyage pour rejoindre Arlit via le Massif de l’Aïr.
–Une semaine plus tard faire décoller de la même base, un Nord-Atlas de l’armée Nigérienne, à son bord l’autre moitié de l’effectif des participants, pour atterrir à Arlit
–A Arlit, après la visite de la mine par tous, les premiers participants rentrent avec l’avion à Niamey, l’autre équipe prend les camions pour l’Aïr, puis Agadez et Niamey.
Conditions particulières :
–Assurer un des camions pour les femmes, qui ne sont pas militaires.
–Les participants ont en charge le cout du carburant pour l’avion et les  camions.
Tout ce projet est mis en place !
L’organisateur, fils du général, tombe malade dix jours avant le départ : hépatite.
L’opération chancèle, c’est lui le principal organisateur, il est Continuer la lecture de Aventure en Afrique (44)

Aventure en Afrique (43)

temps de lecture  : 5 minutes 

Voir la mer (4)

Nous passons la frontière du Bénin, sans encombre,  à Grand Popo. Nous traversons ensuite la ville de Ouidah sans se douter que celle-ci avait un passé très douloureux. Les mémoriaux n’existaient pas encore et en particulier la célèbre  “Porte du Non-Retour”.
J’ai découvert plus tard qu’Ouidah avait été la plaque tournante de l’Afrique de l’Ouest du commerce triangulaire du XVéme au XVIIIéme siècle et avait vu passer des millions d’esclaves à destination des Amériques. Une histoire sombre qui a duré pendant 400 ans. (Cf. TV5MONDE)
Puis nous obliquions vers le nord jusqu’au lac de Nokoué, sur lequel est bâti depuis le début du XVIIIéme siècle la cité lacustre de Ganvié.
Nous prenions une pirogue pilotée par le guide. « Le fondateur de Ganvié, fuyant les enlèvements esclavagistes, arrive au bord du lac Nokoué avec ses proches en 1717. Il usa de magie pour sonder l’étendue et trouva une portion de terre. Comme les siens ne possédaient pas les mêmes pouvoirs que lui, il se transforma en crocodile. Il put les amener sur la minuscule terre repérée et y fonda ce village dont la signification en langue fon est “la communauté sauvé”. Depuis lors, le Continuer la lecture de Aventure en Afrique (43)

Rendez-vous à cinq heures dans la maison

la page de 16h47 est ouverte…

Voici la critique du film « Dans la maison » par Lorenzo dell’Acqua

 

DANS LA MAISON
François Ozon, 2012

Curieux film aux deux visages, l’un positif, l’autre négatif, qui met en scène la réalité et la fiction, le bien et le mal, mêlés avec une habileté dépourvue d’incohérences et de facilités.

Fabrice Lucchini interprète un professeur de français désabusé et résigné. Ses élèves sont nuls et surtout, ce qui le désespère encore plus, ne manifestent aucune envie d’apprendre. Là, rien d’étonnant, cela correspond à l’impression que nous avons tous. Mais, dans sa nouvelle classe, il découvre un jeune garçon doué qui raconte bien et qui écrit bien, autrement dit Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures dans la maison

Lettre à Louise Colet du 23 juillet 2023

Ma chère Louise,

Les difficultés croissantes que je rencontre à écrire et les brusques et brefs emballements de mon stylo m’ont fait réaliser que, de plus en plus, je suis poussé par le texte. Je dis bien ‘’poussé“, pas mené ni conduit, poussé. Je veux dire par là que c’est la dernière phrase que j’ai écrite qui pousse la suivante ; elle la prescrit au point de presque la déterminer. À son tour, la suivante viendra pousser sa suivante. Et ainsi de suite. 

Bien sûr, parfois, j’ai une idée générale de ce que je voudrais écrire, par exemple, raconter un évènement, drame ou comédie, uniquement par le moyen d’articles de presse, ou bien écrire une parodie de notice biographique ou un pastiche d’une chronique de Vialatte, mais jamais, presque jamais, je n’ai d’idée sur l’histoire que je vais raconter, sur le fond du texte que je voudrais écrire. En fait je suis motivé, guidé, conduit, tiré par la forme et, en toute logique, ce qui déclenche vraiment l’écriture, c’est une première phrase. Et c’est parti ! Ce n’est qu’ensuite que j’irai au fond.

Prends cette phrase par exemple : Continuer la lecture de Lettre à Louise Colet du 23 juillet 2023

Retour sur un jour qu’était pas fait comme les autres

Récemment, quelqu’un m’a demandé des nouvelles Steeve Ratinet. Steeve Ratinet… vous vous souvenez ? Non ? Enfin voyons ! Steeve Ratinet, célibataire, Coupeur de chevaux en quatre de profession, né le 29 février 1982 à Guéret dans la Creuse et décédé le 13 mai 2020 à 03:47 GMT en son domicile parisien, sis 15 rue Dacôté. (voir : C’était un jour qu’était pas fait comme les autres)

Ah ! Ça y est quand même ! Bon, je résume :

La Commission d’Admission au Paradis ayant classé Steeve dans la catégorie É-P-A-V-E (Égotiste-Primaire-Agressif-Vulgaire-Exacerbé), notre héros a été admis à entrer au Paradis (parce que, comme chacun sait, l’Enfer n’existe pas) moyennant un petit séjour préalable d’une cinquantaine d’année au CRAZY (Centre de Remise À Zéro(1)) suivi d’une période de Purgatoire d’une durée d’un à deux siècles. Cela fait maintenant deux ans qu’il est entré au CRAZY, et ma Foi, cela semble se passer plutôt bien. C’est du moins l’impression que j’ai pu retirer de la longue entrevue télé-angélique que j’ai pu obtenir par protection spéciale, compte tenu de mes bonnes relations avec l’au-delà. Voici ce qu’il m’a dit :

 « Le CRAZY, c’est l’endroit le plus chouette que je connaisse pour oublier ses emmerdes. Bon, c’est pas qu’on rigole tous les jours, mais c’est toujours mieux que de faire Coupeur de chevaux en quatre ! Moi, je voulais pas faire Coupeur de chevaux en quatre. Je voulais être Modérateur de cantabile. Mais, vous savez ce que c’est… Continuer la lecture de Retour sur un jour qu’était pas fait comme les autres

Les corneilles du septième ciel (51)

Chapitre 51

La deuxième demande émanant des lecteurs du JdC rejoignait l’injonction du Bienaimé Rédacteur en Chef du JdC de disposer de la liste complète des acteurs des Corneilles. Malgré les obstacles, nous sommes parvenus à contacter l’auteur et à obtenir de lui non pas un résumé de son roman ce qui représenterait un travail trop colossal mais un récapitulatif de ses protagonistes ce qui n’est déjà pas si mal.

Françoise est l’héroïne à l’origine de cette fiction. Née à Joigny-le-Pont, elle vécut une enfance difficile en compagnie d’un poilu de la guerre de 14 qui n’en finissait pas d’agoniser jour et nuit devant sa fenêtre. Les conséquences psychologiques de ce traumatisme quotidien furent guéries par le docteur Philippe Premier. Elle fera la connaissance de Ph., le célèbre écrivain, au Café de Flore et du photographe Lorenzo sur les quais puis accompagnera ce dernier dans le Marais Poitevin où elle sera témoin de son agression par Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (51)

Les corneilles du septième ciel (50)

Chapitre 50

Ne restait plus à Françoise et à Bruno qu’à démontrer l’existence du chantage supposé de Lorenzo sur le lauréat du Prix Goncourt. Ni l’une ni l’autre, pas plus d’ailleurs que l’auteur, n’avait la moindre idée pour y parvenir. Le hasard faisant bien les choses, ce fut le moment que choisirent les lecteurs du JdC pour poser deux questions à la rédaction. Cet intermède fit le bonheur de l’auteur des Corneilles Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (50)

Les corneilles du septième ciel (46, 47, 48 et49)

Chapitre 46

L’arrêt du Conseil d’Etat annulant les résultats du référendum fut à l’origine d’une situation inédite comme n’en avait encore jamais connue le JdC. En effet, son fondateur en 1912, monsieur Emile Zola, avait imposé que l’Assemblée des lecteurs ait 51 % des voix au Conseil de Gestion du journal. Cette mesure considérée comme démagogique par la plupart de ses directeurs successifs, allait remettre en cause son existence même. Le rejet par le Conseil d’Etat Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (46, 47, 48 et49)