(…) J’ai dit ça presque en criant, mais je ne le pensais pas, pas vraiment, pas complètement. C’était encore confus dans ma tête, mais dans tout ce qu’elle m’avait, je ne voyais rien qui puisse montrer qu’elle s’était moquée de moi. Seulement, j’étais malheureux et de façon surprenante, ça me faisait du bien de le dire. C’était peut-être pour lui faire un peu de mal en retour, pour qu’elle se sente un peu plus coupable, ou peut-être pour qu’elle m’affirme le contraire, pour qu’elle me dise qu’elle m’aimait… quand même…ou un peu… ou beaucoup… ou tout court ?
Patricia n’a rien dit de cela. Elle a éteint le plafonnier, allumé une lampe de chevet et s’est assise sur le bord du lit. Elle m’a dit de m’asseoir à côté d’elle et m’a demandé de ne plus crier. Elle allait m’expliquer, j’allais comprendre, surement, mais il ne fallait plus que je crie. Elle m’a dit qu’elle n’avait rien calculé, rien prévu de tout ce qui était arrivé, qu’elle ne s’était jamais moquée de moi, que je comptais beaucoup pour elle, que je l’avais aidée à se sortir d’une situation dont elle ne voulait plus, qu’elle avait eu de la chance de m’avoir rencontré, qu’elle me serait toujours reconnaissante d’être ce que j’étais, d’avoir fait ce que j’avais fait pour elle, qu’elle ne m’oublierait jamais. Moi, j’écoutais. Bientôt apaisé par sa voie calme et monotone, je me suis mis à me balancer doucement, d’avant en arrière, les bras croisés, comme si je berçais les suites d’un coup de poing à l’estomac. Je ne comprenais pas tout de ce qu’elle me disait. Ce que j’avais fait pour elle ? Être ce que j’étais ?
—Je te fais de la peine, Philippe. Je suis désolée. Je sais qu’il y a longtemps que j’aurais dû t’écrire qu’il ne fallait pas venir me voir, que j’avais Continuer la lecture de Go West ! (114)