Archives de catégorie : Fiction

BLIND DINNER (Extrait)

Un diner Place des Vosges à Paris. Un message sms sur tous les smartphones des invités vient d’annoncer un couvre -feu absolu à partir de toute suite. Mais que se passe-t-il donc ? 

(…)

— Mais, vous n’avez pas encore compris, Monsieur Longchamp ?

C’est moi qui viens de parler. Comme il n’y a plus de siège disponible, je me suis assis d’une fesse sur la grosse table de ferme qui occupe le centre de la pièce. Je trouve que c’est une position avantageuse. Au cinéma, on la voit souvent adoptée par le héros dans les scènes d’explication finale. Elle donne une image de décontraction, de sagesse et de confiance en soi tout à la fois. D’un ton paternel et patient, je poursuis :

— Vous n’avez pas encore compris que c’est le gouvernement qui contrôle toutes les radios ? Faut pas être grand clerc, quand même…

J’aime bien ces expressions un peu désuètes. J’essaie d’en apprendre une ou deux nouvelles par semaine. Il y a un site pour ça. En attendant, l’assistance est suspendue à mes lèvres. Raison de plus pour continuer : Continuer la lecture de BLIND DINNER (Extrait)

UNE VIE DE DINGUE !

Cette nouvelle, totalement stupide, est extraite du recueil « LA MITRO », en vente sur Amazon.fr. Cliquez sur l’image pour parvenir au site. 


1 – Les origines 

Si mes souvenirs sont bons, je suis né un 24 décembre vers 23h45 entre un bœuf et un âne gris. Et pourquoi cela, vous demandez-vous ? Eh bien, essentiellement parce que le gynécologue accoucheur de ma mère était parti à l’improviste à la Martinique pour trois semaines. Ma mère ne put se résoudre à attendre son retour et, en l’absence de mon père pour la conduire à l’hôpital, elle me donna le jour dans la ferme familiale. Il faut dire qu’à cette époque, papa était parti acheter des langoustines depuis plus de trois ans, ce qui rendait ma filiation incertaine. Dès que je fus en âge de comprendre cette bizarrerie de calendrier, je posai la question à ma mère et m’éloignai aussitôt. Un peu plus tard, elle me répondit très franchement en m’expliquant qu’il s’agissait là de l’un de ces miracles de l’amour et que je ferais mieux de réviser l’annuaire des marées plutôt que de perdre mon temps à faire de la généalogie. Sur quoi, elle me laissa redescendre du Continuer la lecture de UNE VIE DE DINGUE !

Tout se tient

L’année 2016, au cours de laquelle je diffusai ce texte pour la première fois, fut cette grande année mythique au cours de laquelle je donnai une série de conférences dont le titre générique était « Cours de mythologie – 1ère année ». Cette série eut tant de succès que je la rediffusai en 2022. 

Où l’on verra que tout se tient : les Mosches, l’Amérique, les patronymes, l’or, le gros lot, la pensée unique, les noeuds, l’impérialisme, la musique, les chapeaux, la République, les roseaux, la dépression nerveuse. Tout se tient, je vous dis ! 

Midas était roi des Mosches, quelque part en Macédoine. Un jour, une bande de Mosches rencontra Silène, un ami débauché de Dionysos. Ils le firent prisonnier et l’amenèrent à leur roi. La spécialité de Silène, c’était de raconter des histoires, ce qu’il fit pour Midas. Il lui raconta celle d’un continent au-delà de l’Océan, séparé de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, où les habitants sont grands et forts, où ils vivent longtemps et heureux et bénéficient de lois justes.

-Sans blague ? dit le roi des Mosches.

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Sortie de boîte

Le texte ci-dessous a été publié une première fois le 1er septembre 2016 dans le cadre d’un cours magistral de mythologie. « Sortie de boite » en était la troisième leçon. 

La première femme fut créée par tous les dieux de l’Olympe réunis en congrès. Ils lui donnèrent le nom de Pandora et l’envoyèrent sur terre pour punir les hommes de leur manque de mesure.
Pandora était absolument splendide et extrêmement séduisante, mais elle avait un caractère impossible, du genre femme fatale. Elle fut d’ailleurs fatale à l’Age d’Or quand les hommes durent se mettre à travailler pour satisfaire ses exigences infinies.
Mais c’est pas tout.
Elle se rendit chez Epiméthée, le frère idiot de Prométhée, qui se laissa séduire. Il l’épousa. Le jour des noces, Zeus lui envoya comme cadeau une jolie petite boite avec interdiction absolue de l’ouvrir.
Mais Pandora, dont la curiosité n’était pas le moindre défaut, souleva le couvercle de la boite malgré l’interdiction divine. Aussitôt, les maux du monde,  la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, le Travail, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion, l’Orgueil et toute cette sorte de choses s’échappèrent de la boite et se précipitèrent sur l’humanité.
Certains disent que Pandora laissa retomber le couvercle de la boite avant que tous les maux n’aient pu en sortir et qu’un seul resta enfermé : l’Espoir.
On reste perplexe devant cette précision et on peut se demander comment interpréter la présence de l’Espoir dans la boite de Pandora et le fait qu’il Continuer la lecture de Sortie de boîte

GO WEST ! (48)

(…) J’hésitais parce que contrairement aux livres de souvenirs et aux récits de voyage, les livres d’enquête rencontrent souvent le succès. Bien ou mal écrits, la question n’est pas là, ils satisfont le goût d’un certain public pour le sensationnel, le scandaleux, surtout quand il frappe des personnalités connues. Avec les Kennedy, avec Marylin Monroe et même avec Lawford, on ne pouvait trouver guère mieux pour attirer le chaland. En ajoutant à tout ça un complot ourdi par des puissants, une énorme erreur judiciaire et la réhabilitation d’un Président adulé par une moitié de l’Amérique et détesté par l’autre, je détenais des éléments très forts. Écrire un volume là-dessus était vraiment tentant.

Et puis j’ai réfléchi. J’ai examiné sur les cinq dernières année les sorties de livres pouvant concerner de près ou de loin les acteurs principaux de cette tragédie. Ensuite, je suis passé aux articles récents de la presse écrite mentionnant leurs noms. Et puis j’ai recherché les programmes de télévision qui avaient abordé le sujet durant les deux années passées. Contrairement à ce que je pouvais craindre, ma recherche fut facile, et ceci pour deux raisons. Tout d’abord : Continuer la lecture de GO WEST ! (48)

GO WEST ! (47)

C’est un peu plus loin qu’il revenait en détail sur son enquête :
« Avant d’entrer cette nuit-là dans la chambre de Marylin, des cadavres morts par overdose, j’en avais vus pas mal, mais jamais l’expression qui demeurait sur leurs visages figés par la mort ne m’avait fait penser à un enfant endormi comme cela avait été le cas pour Marylin. Au contraire, la grimace définitive qui les défigurait révélait l’intensité de la douleur qu’ils avaient dû subir pendant leur agonie. Le visage de Marylin était tout à l’opposé, paisible et détendu.

De la même manière, alors qu’on retrouvait toujours les morts par overdose recroquevillés sur eux-mêmes, dans la position du fœtus, le corps de Marylin reposait tout tranquillement, ses jambes à peine fléchies, ses cheveux à peine décoiffés et son peignoir à peine en désordre, comme si elle s’était allongée pour faire une sieste. Il était donc impossible qu’elle soit morte par absorption de médicaments. Comme elle ne portait pas de traces de violences, je pensai tout de suite que seule une injection directe permettait d’expliquer sa mort subite. Mon intuition fut confirmée un plus tard quand j’obtins une copie du rapport du médecin légiste par un ami que j’avais au bureau du Coroner. Le rapport disait que la mort était due à la présence très abondante de Nembutal dans le sang de la victime. Un peu plus loin, il précisait incidemment qu’aucune trace de cette molécule n’avait été trouvée dans son système digestif. Par incompétence ou sur instructions, le Coroner n’avait pas tiré la conclusion évidente de cette absence : puisque le Nembutal n’avait pas été avalé, c’est qu’il avait été injecté et puisqu’on n’avait retrouvé sur place ni ampoule ni seringue, c’est qu’il avait été administré par un tiers. »

Et Clemmons concluait son chapitre ainsi :

« Il était donc maintenant établi qu’il s’agissait d’un homicide volontaire. Dans les affaires criminelles, la règle Continuer la lecture de GO WEST ! (47)

GO WEST ! (46)

(…) C’était à la fois trop compliqué, trop romantique et trop classique. Je n’arrivais pas à y croire, ou plutôt, je n’arrivais pas à croire que, moi, j’ai pu jouer un rôle dans une affaire aussi effrayante. Elle était encore plus effrayante que ce que j’avais imaginé autrefois, parce que, maintenant, je commençai à comprendre qu’elle était plus grave qu’un simple suicide, plus grave que le suicide d’une actrice mondialement célèbre, plus grave que la mise en cause d’un homme à l’époque le plus puissant de la planète.  À présent, malgré quelques zones d’ombre qui persistaient, j’étais certain de détenir la vérité. La voici.

Marietta, c’est à dire un agent spécial du FBI, avait dû pénétrer par effraction dans la chambre de Marylin vers 10 heures du soir. Il avait trouvé l’actrice à demi-inconsciente, probablement sur son lit, assommée par le champagne et les médicaments qu’elle avait absorbés en quantité depuis le début de l’après-midi. Il lui avait été facile de lui injecter une forte dose de Nembutal qui avait provoqué la mort en quelques minutes. Marietta avait ensuite déposé près du Continuer la lecture de GO WEST ! (46)

Samedi à la campagne

Une rediffusion d’un texte de 2016.
Les beaux jours reviennent. Invitez donc des amis chez vous, samedi, à la campagne.

Quand à 11h15, je descendis du train à la gare de Martel-sur-Seine, je me demandais encore pourquoi il m’avait invité.

Je l’avais rencontré au début de la semaine dans le TGV. Il s’était assis sur le siège qui me faisait face. Il avait tout de suite engagé la conversation et pendant la première demi-heure du trajet, nous avions tenu la discussion habituelle, celle que tiennent deux inconnus réunis par le hasard et destinés à se séparer un peu plus tard et pour toujours sur le quai d’une gare. Et puis, il m’avait proposé d’aller prendre un whisky au bar du train. Et à partir de ce moment, il n’avait plus parlé que de lui, de ses affaires, de sa femme Françoise, de ses enfants, de sa voiture, son chien, ses chasses, sa propriété en Seine-et-Marne. Alors que le train ralentissait pour entrer dans Paris, il m’avait dit:

       -Vous êtes célibataire, vous m’avez avoué tout à l’heure que vous aimiez la campagne et que le week-end vous n’avez rien de particulier à faire. Venez donc chez moi, enfin chez nous, à Martel samedi prochain. Vous verrez, c’est très agréable. Le train du samedi est très pratique, il arrive là-bas à onze heures quinze.

Le bonhomme était plutôt sympathique, et il m’avait parlé de chevaux de selle. J’adore le cheval et, faute de moyens, je n’ai pas souvent l’occasion de monter. J’acceptai donc.

Il m’attendait à la gare de Martel. Le trajet jusqu’à la propriété fut bref. La maison était grande et belle. Sa femme aussi.

      -Françoise, je te présente Hervé, un vieil ami.

Elle se leva du canapé et me tendit assez haut une main alanguie, de telle sorte que j’hésitai entre la lui serrer ou la baiser.

      -Ah oui, Hervé… J’ai beaucoup entendu parler de vous, vous savez ? Vous avez sans doute remarqué que Paul parle beaucoup. Pour une fois que ce n’était pas de lui, vous pensez si j’ai écouté. Je sais tout de vous, ou presque… Mais dites-moi, mon petit Hervé, vous êtes très jeune ! Après tout, tant mieux ! Paul, tu aurais pu me prévenir que tu les prenais au lycée maintenant, tes petits copains de rencontre.

       -Françoise, s’il te plait, ne mets pas notre invité mal à l’aise. Hervé a trente ans, n’est-ce pas Hervé ? Et puis de toute façon, comme on dit, la valeur n’attend pas… Ah ! Ah ! Essaye d’être aimable avec lui… et avec moi aussi par la même occasion. Si, si, ça doit t’être possible. Bien, chérie, voudrais-tu nous servir quelque chose à boire. Hervé ? Champagne ?

Avant que j’aie le temps de répondre, renfrognée, Françoise intervint :

       -Y a plus de champagne.

   -Comment ça, y a plus de champagne ?  Tu as encore oublié d’en commander ? Faut dire que tu es tellement occupée à téléphoner à Murielle ou à je ne sais quelle autre idiote que tu n’as plus le temps de tenir correctement cette maison. Tu n’as pourtant pas grand-chose d’autre à faire.

       -Non, Paul, tu as simplement oublié, comme toujours, de me laisser de l’argent. Vous savez Hervé, Paul joue les hommes d’affaires, les capitaines d’industrie, les grands seigneurs, mais en fait il est radin comme un peigne.

Je me souvins alors que, dans le TGV, c’était moi qui avais payé les whiskies. Françoise continuait:

     -Radin comme un peigne, je vous dis. Surtout depuis qu’il est pratiquement ruiné. Hein, Popaul, dis-le au monsieur que tu es pratiquement ruiné.

        -Ça suffit, Françoise ! D’abord, je ne suis pas ruiné, loin de là. J’ai encore du ressort et deux ou trois coups en vue. L’affaire des chemises du Liban et celle des sardines des Maldives devraient même être assez juteuses. Il faut juste que j’arrive à …

       -Paul, tu ne vois pas que tu nous emmerdes avec tes sardines. Tu sais bien que ce sera encore un coup foireux, comme les autres.

       -Pas foireux du tout. Tu verras. Non, Hervé, je ne suis pas ruiné, loin de là. Mais si un jour je le suis, ce sera bien à cause de cette évaporée ! Elle passe son temps à acheter des robes et des chaussures hors de prix qu’elle ne portera probablement jamais. Sans compter les cadeaux somptueux qu’elle fait à tous ceux qui font semblant de s’intéresser à elle. D’ailleurs, vous devriez tenter votre chance.

Je fis mine de protester que je n’avais aucunement l’intention de…

     -Non, non Hervé, me coupa-t-il. Je vous assure, j’ai l’habitude, Vous pouvez y aller. Ça ne me dérangerait pas. Et puis, vous au moins, vous m’êtes sympathique. C’est pas comme ce Patrick, ce bellâtre qui croit encore qu’il faut porter une gourmette, un blazer noir et un pantalon blanc pour être distingué.

Je vérifiais instinctivement que mon pantalon était en flanelle grise, que mon blazer était bleu marine et que je ne portais pas de gourmette.

     -Hervé, dit Françoise, ne l’écoutez pas. Si vous tentiez la moindre approche avec moi, il serait furieux. Il se pourrait même qu’il vous casse la figure… enfin, qu’il essaye de vous casser la figure, parce que tout ce que vous voyez, là, sous la veste, c’est de la gonflette, c’est du vent.

Je le regardais mieux. C’était peut-être de la gonflette. Mais c’était quand même impressionnant. Pendant ce temps-là Françoise continuait :

   -C’est vrai que vous êtes jeune, Hervé, et vous ne l’avez peut-être pas encore tout à fait  compris, mais Paul, c’est du vent ! Du vent dans les affaires, du vent avec les amis, du vent au lit. C’est tout bidon. Alors, il vous pousse vers moi, parce que ça l’excite, ce pervers !

Paul se dressait devant sa femme, rouge de colère, postillonnant :

     -Dis donc Françoise, qui est-ce qui a la migraine tous les soirs ? Qui est-ce qui se tape tout ce qui bouge dans un rayon de trente kilomètres ? Qui est-ce qui a couché avec mon associé ? Qui l’a poussé à partir avec la caisse ? Qui est-ce qui s’est retrouvée à la rue quand il l’a laissée tomber ? Qui est-ce, hein ? Qui est-ce ?

J’intervins alors pour la première fois dans leur conversation.

   -Je vous prie de m’excuser, chère Madame, juste un instant. Pourriez-vous, s’il vous plaît, m’indiquer les toilettes ?

     -Mais bien-sûr, mon petit Hervé. C’est la deuxième porte, là à gauche. Revenez nous vite ! Cette conversation est tellement intéressante.

Je pris la deuxième porte à gauche. C’était la salle de bain. Il y avait une fenêtre. Je l’ouvris doucement et passai sans bruit par-dessus l’appui. Je posai le pied avec précaution sur une allée de gravier. Je traversai une grande pelouse, sautai une clôture et commençai à courir vers la gare.

 

Go West ! (45)

(…)
« Salut Clemmons, quelle est la situation ?
— Miss Monroe est morte. Dans sa chambre, sur son lit. C’est Mr Lawford qui l’a découverte. La nurse Murray l’avait appelé parce qu’elle était inquiète. Il a cassé un carreau pour entrer. Il a vu Miss Monroe. Il a demandé à Mrs Murray d’appeler la police. Pas de trace de violence sur le corps ni dans la chambre. Il y a de l’alcool et des médicaments partout. Overdose accidentelle, suicide, homicide… »
Je reste le plus concis possible. Je ne lui parle pas de l’attitude bizarre de Lawford. Il verra bien lui-même. Bien sûr, je ne lui parle pas non plus de mon Français en cavale. Il l’apprendra toujours assez tôt par le commissariat. Ce qui m’étonne, c’est qu’il ne me demande pas de qui j’ai reçu l’ordre de venir chez Marylin. Mais je comprends qu’on a les mêmes employeurs quand il me demande : « Et le dictaphone, Clemmons ? Vous l’avez, le dictaphone ? »

C’est à ce moment que j’ai interrompu ma lecture pour me dire qu’il n’était pas près de l’avoir, le dictaphone, vu qu’il se baladait sur Bundy drive à moins d’un demi-mile de là dans la poche d’un étudiant français en cavale ! Cette petite réflexion me fit sourire et je ne pus m’empêcher de me demander : « Que ce serait-il passé soixante ans plus tôt si je n’avais pas ramassé le fichu appareil ? Est-ce que Lawford l’aurait remis à Clemmons ? Est-ce qu’il l’aurait gardé pour lui ? Est-ce qu’il l’aurait fait parvenir à Bobby Kennedy ? Et dans ce cas, qu’en aurait-il fait, l’Attorney General ? L’aurait-il rendu public pour innocenter les Kennedy de l’assassinat de Marylin ou l’aurait-il fait disparaitre pour cacher leur responsabilité dans son suicide ? » À force de me demander à l’infini ce qui se serait passé si j’avais fait ceci au lieu de cela, j’en vins à me poser d’autres questions, moins théoriques celles-là, sur ce que je venais de lire. Elles concernèrent d’abord le dictaphone, mais, naissant les unes des autres, elles ne tardèrent pas à se multiplier et à élargir leur champ pour finir par s’enchevêtrer dans ma tête en un réseau confus.

Le fameux dictaphone, d’abord…
Comment ceux qui se cachaient derrière le nom de Marietta pouvaient-ils savoir qu’il y en avait un dans la chambre de Marylin ? Et pourquoi voulaient-ils Continuer la lecture de Go West ! (45)

Go West ! (44)

(…)
— Allez ! Vas-y, génie ! Déballe-la, ton idée !
— OK Marietta. Lawford n’est pas clair. Il est très nerveux. Je pense que c’est lui qui l’a trouvé. Il était sur place bien avant moi et il a eu tout le temps de le planquer quelque part. C’est pas les endroits qui manquent.
— OK Victor. Retournez dans la maison et débrouillez-vous pour récupérer l’appareil.
— OK Marietta. Je peux le secouer un peu, l’acteur ?
— Faites ce qu’il faut !
— Hey ! C’est quand même le beau-frère du Président et de l’Attorney General ! Vous me couvrez s’il râle auprès des Kennedy ?
— Faites ce qu’il faut, on vous dit. Après, on verra. »

 Après, on verra !
Tu parles, oui ! C’est sûr qu’en cas de bavure, je vais me retrouver à faire la circulation à Compton ! Il va falloir le bousculer un peu, le beau-frère, mais pas trop, en douceur ! Je sors de ma voiture et reviens vers la maison. Quand j’approche du portail, j’aperçois Lawford dans la pénombre. Appuyé d’une main sur la portière de la Rolls, il est accroupi entre les deux voitures. On dirait qu’il cherche quelque chose sous sa voiture. Comme il me tourne le dos, il ne m’a pas vu. D’un ton aimable, je lui demande :
« —Vous avez perdu quelque chose ? Je peux vous aider ?
— Merci, ce n’est pas la peine, me répond-il avec empressement. En sortant de voiture tout à l’heure, j’ai dû laisser tomber mes lunettes… Elles doivent être par là… »
Soudain, il se retourne vers moi en se redressant.
« — Les voilà ! me dit-il en brandissant la paire de lunette de soleil qu’il avait dans sa poche de chemise quelques minutes plus tôt quand je parlais avec lui dans la cuisine. »
Et puis très vite, il rejoint le porche et rentre dans la maison. Continuer la lecture de Go West ! (44)