(…) Une dizaine d’années auparavant, un évènement était survenu dans ma vie personnelle. Il m’avait bouleversé et, malgré le temps qui avait passé, il était encore présent à mon esprit. Peu enclin aux confidences, je n’en avais jamais parlé à personne. Sans doute considérais-je cette histoire trop intime pour que je puisse la raconter sans honte, même à de très proches amis, à supposer que j’en eusse. Elle était assez banale et bien loin d’être passionnante, mais elle m’avait marqué. À l’époque, j’étais persuadé qu’elle avait constitué l’une de ces rares étapes par lesquelles un homme doit passer au cours de son existence et qui le laisseront différent de ce qu’il était avant de les franchir. Cette nuit était sans doute l’occasion de la partager enfin avec quelqu’un. Voir comment ces deux étrangers recevraient le récit de cet évènement m’intéressait et m’inquiétait tout à la fois. Comprendraient-ils l’importance qu’il avait revêtue pour moi ou le jugeraient-ils banal et sans intérêt ? Y trouveraient-ils l’indice d’une sensibilité de bon aloi ou d’une sensiblerie ridicule ? J’étais conscient du risque de moquerie ou même de déconsidération que je courais, mais, tout au long de la soirée, Bauer et Fitzwarren m’avaient parus exempts de préjugés et plutôt bienveillants. Je décidai donc de passer cet épisode au crible de leur jugement. De toute façon, je n’avais rien d’autre à leur raconter. Je me lançai :
La matinée de Sainte Firmine d’Amelia
« Ça s’est passé à Paris, il y a neuf ans, en novembre.
Conformément à mes habitudes, je me réveillai dès six heures du matin, et, à sept heures, j’étais fin prêt, habillé avec le plus grand soin. Comme je n’avais rien à faire avant dix heures, heure à laquelle je devais me trouver à l’autre bout de la ville, je me pris à ranger quelques papiers, à trier de vieilles photographies, à remuer des objets inutiles dans des tiroirs. Puis, prenant conscience de (…)
Ce texte est extrait de la nouvelle « Les trois premières fois » qui donne son titre à mon dernier recueil, le meilleur à mon avis, et dont je suis fier de rappeler qu’il s’est vendu à 7 exemplaires et n’a fait l’objet d’aucun avis sur Amazon.
Les trois premières fois et autres nouvelles optimistes
Un soir dans un port, trois hommes attendent le départ de leur bateau. Pour passer le temps, ils racontent chacun une « première fois ». Un autre jour, un autre homme explique comment il faut se tenir dans la rue quand on porte un bouquet de fleurs. Un autre soir, un incident à la frontière syrienne va-t-il transformer en drame un beau week-end de tourisme. En fin d’après-midi, un homme écrit à côté de son chien qui dort. Un beau matin, un groupe d’enfants qui se rend au jardin du Luxembourg passe devant la terrasse d’un café ; des clients attablés les regardent passer ; leurs points de vue diffèrent. La peur de l’avion, ça se soigne.
Quatorze nouvelles, drôles ou émouvantes, quatorze textes ironiques ou sensibles, quatorze façons, réalistes ou poétiques, d’être optimiste.
Les trois premières fois sont disponibles sur Amazon.fr en livre broché ou sous format Kindle. Pour les obtenir, il vous suffit de cliquer sur la photo de la couverture et de suivre la procédure habituelle.