Nighthawks 1
Première diffusion : 7/09/2019
Nighthawks est probablement le tableau de plus célèbre d’Edward Hopper (1882-1967). Les commentateurs s’accordent en général pour dire que ce tableau, peint en 1942, est une représentation de la solitude et de l’aliénation de l’individu dans la société américaine.
Pourtant cette interprétation est loin de faire l’unanimité chez les spécialistes et plus particulièrement chez les gardiens de musée, surtout depuis qu’un jeune chercheur de l’Université d’Hawal-Bumpil-On-The-Gange a retrouvé dans l’un des containers qui renferment les documents en instance de classement du Whitney Museum de New York une série de croquis qui mettent en évidence les hésitations du maître quant à la signification de son œuvre majeure. Voici le premier d’entre eux qui exprime le désarroi pathétique de la femme devant l’absurdité du temps qui passe en même temps que l’assurance insolente de l’homme devant l’absurdité de la femme.
Nota bene : Avant d’envoyer des insultes à la Rédaction, rappelez vous que c’est Hopper qui pense et que nous sommes en 1942
Au jardin des analogies
par Lorenzo dell’Acqua
Au Jardin des Analogies
Je me demande si ce n’était pas pour me réchauffer que j’étais entré la première fois au Louvre où m’émerveillèrent les antiquités égyptiennes et les taureaux ailés de Khorsabad, les émaux de Limoges dans une salle immense et déserte, la Grande Galerie, quintessence de la peinture italienne ainsi que les sculptures médiévales avec l’émouvante Marie-Madeleine d’Erhart. Ma curiosité me fit ensuite découvrir les Impressionnistes à Orsay et la Peinture Moderne à Beaubourg. Dès lors conquis, j’enchaînai avec l’Orangerie, Marmottan, Jacquemart-André, le MAM, le Petit Palais et je pris toutes les cartes d’abonnement possibles pour échapper aux files d’attente
Mon aventure photographique ne commence que plus tard, en 2016, quand je cessai mon activité (professionnelle) ce qui m’incita peut-être inconsciemment à m’en créer une nouvelle. Au début, c’était la beauté des rencontres entre les œuvres et les visiteurs que je voulais prendre en photo. Et puis, un peu par hasard, m’apparurent d’étonnantes correspondances entre eux. Les femmes eurent très tôt ma préférence car, même photographiées de dos, elles étaient toujours belles alors que les hommes Continuer la lecture de Au jardin des analogies
Liberté se sentant toute chose
Avant Janvier 2025
Auguste Bartholdi
Give me your tired, your poor,
Your huddled masses yearning to breathe free…
Depuis Janvier 2025
Niki de Saint Phalle
Je me sens toute chose…
Go West ! (84)
(…) Alors, Sinquah est retournée au bar qui l’avait employée et le patron lui a redonné son travail et son placard. Elle a repris le service en salle, la vaisselle, le ménage pendant que moi, j’aidais comme je pouvais, je courais entre les tables, je jouais dans l’arrière-cour. Nous sommes restés là presque un an et puis un matin, ma mère m’a dit d’aller chercher ma poupée et de monter dans le pick-up du patron. Il allait nous reconduire à la réserve, à Shungopavi. Nous allions y vivre heureux pour toujours au milieu du peuple Hopi… »
Quand nous sommes arrivés là-bas, j’ai bien vu que nous n’étions pas accueillies comme ma mère me l’avait dit. Aucun homme ne voulut d’elle comme épouse. Elle dû faire des petits travaux pour ceux qui voulaient bien lui en donner et elle avait du mal à nous nourrir toutes les deux avec ce qu’on lui donnait en échange. Personne ne lui parlait jamais sauf pour lui lancer des ordres ou des insultes. Elle pleurait tous les soirs et je pleurais avec elle. Un matin, à mon réveil, elle n’était plus là, et je ne l’ai jamais revue. Plus tard, on m’a raconté qu’elle était partie seule marcher dans le désert et qu’elle s’était fait mordre par un serpent. C’est un enfant qui l’avait retrouvée morte dans le désert. C’est à ce moment que j’ai été adoptée par une famille du village. Mais ça, je te l’ai déjà raconté. »
Mansi s’est tue un moment. Assise sur le lit, Continuer la lecture de Go West ! (84)
ANTIOCHOS EST INQUIET (Extrait)
Antiochos le troisième, dit le Grand, dit le Magnanime, Mégas Basileus, Roi de Pergame, Souverain de la Grande Syrie, Suzerain de toutes les tribus qui voyagent sous son Auguste Protection entre les rives de la mer infinie du Couchant et les sommets enneigés du Levant, Sublime Inspirateur des Arts et des Sciences, Général infaillible des armées innombrables, Antiochos est inquiet.
Antiochos est inquiet parce que le Sage est mort. Celui qui annonçait les éclipses de lune et de soleil est mort, brusquement, sans laisser de testament, sans laisser de prophétie. Alors Continuer la lecture de ANTIOCHOS EST INQUIET (Extrait)
Floue
par MarieClaire (Première diffusion le 26/10/2017)
La seule chose que j’apprécie vraiment c’est le flou. Le flou des choses, le flou des gens. C’est un état confortable que je connais bien, je suis moi-même quelqu’un de flou.
Tout d’abord il y a mon physique. On ne peut donner de moi une description très précise : ni grande ni petite, ni grosse ni maigre, ni brune ni vraiment blonde… Je m’habille de vêtements larges, presque informes, indéfinissables, rien de compromettant.
Ma pensée elle aussi est floue. Je n’ai pas d’avis tranchés, je ne prends aucune décision, j’attends que les autres le fassent pour moi. Nul ne peut se flatter de connaître mes opinions politiques, d’ailleurs je n’en ai pas, je ne vote évidemment pas.
Je n’ai jamais pu dire oui à un homme, je n’en ai gardé aucun. Bien entendu, je n’ai pu envisager d’avoir un enfant. Je suis seule.
Je flotte, je suis une non-personne. Je ne suis capable Continuer la lecture de Floue
Breaking news
Il y a dans la Recherche du Temps Perdu un personnage, Monsieur de Norpois, qui sait tout, selon lui, des usages et du parler diplomatiques. Pour lui, la diplomatie consiste essentiellement à « préparer l’opinion », et c’est ainsi que :
« (…), à la veille de la déclaration de guerre, en 1870, quand la mobilisation était presque achevée, M. de Norpois (restant dans l’ombre naturellement) avait cru devoir envoyer à ce journal fameux, l’éditorial suivant :
« L’opinion semble prévaloir dans les cercles autorisés que, depuis hier, dans le milieu de l’après-midi, la situation, sans avoir, bien entendu, un caractère alarmant, pourrait être envisagée comme sérieuse et même, par certains côtés, comme susceptible d’être considérée comme critique. M. le marquis de Norpois aurait eu plusieurs entretiens avec le ministre de Prusse afin d’examiner dans un esprit de fermeté et de conciliation, et d’une façon tout à fait concrète, les différents motifs de friction existants, si l’on peut parler ainsi. La nouvelle n’a malheureusement pas Continuer la lecture de Breaking news
15 avril 2019 – Paris brûle-t-il ?
POINTS DE VUE (Extrait)
Points de vue°4
Longtemps, je me suis assis de bonne heure à la terrasse de cet établissement de la rue Gay-Lussac pour y déguster ma première coupe de champagne dans laquelle je laissais s’amollir une petite madeleine dorée et joufflue parmi les fines bulles qui montent en colonnes élégantes et spiralées dans ce breuvage aristocratique. Ce matin-là, je pensais à la morne journée qui s’étendait devant moi presque à l’infini et me séparait encore du souper que donnait ce soir la comtesse Greffulhe, quand une voiture à chevaux vint s’arrêter devant ma table, obstruant ma vue sur les jeunes filles en fleurs qui, à cette heure matinale, descendent en cortège vers le Luxembourg en faisant virevolter leurs ombrelles multicolores.
La voiture était conduite par un de ces hommes du peuple, de ceux que l’on nomme Fort-des-Halles et dont les muscles sont Continuer la lecture de POINTS DE VUE (Extrait)