Programme d’été

Les statistiques, les rapports d’activité et le simple bon sens ne laissent aucun doute : en juillet, les gens ne lisent pas le Journal des Coutheillas. Alors que les cafés-terrasses de Plougastel d’Aoulas, de Palavas les Flots et d’Ambleteuse sont remplis de gens qui lisent tranquillement Ouest-France, Nice Matin ou Le Chasseur Français avant d’aller acheter les crevettes de l’apéritif, le Journal des Coutheillas publie dans le vide.  Tout laisse à penser que cette situation pourrait se prolonger en  août. 

Dans ces conditions, nous (moi, en fait) avons décidé de suspendre à partir de dorénavant et pas plus tard que tout de suite les publications originales jusqu’à ‘‘je ne sais pas exactement quand mais on verra bien !‘‘ (sic).

Afin de ne pas laisser l’espace vacant, il est possible que soient publiées de temps en temps des rediffusions pertinentes ou incongrues. Ça aussi, on verra bien. 

Sed attamen, les commentaires continuerons à être reçus et modérés par la rédaction, ce qui, il faut bien l’avouer, n’est pas une tâche insurmontable. 

En juillet et août, ce sera le programme minimum de l’été.

On va rediffuser.  

Sur ce, à tchao, bonsoir.

Intelligence ? Artificielle ou magique ? 

(…) À la question « Les IA vont-elles un jour pouvoir expliquer comment elles prennent leurs décisions ? », les technologues répondent que cela n’arrivera jamais, que les modèles se révéleront fiables, dignes de confiance et qu’il faudra s’en contenter.
Comme le Dieu de Kirkegaard, l’IA ne peut être pensée en termes purement rationnels. Le seul moyen d’entrer en relation avec elle est de faire un acte de foi. Sa grande promesse est de prévoir, même si on ne comprend pas. Les technologues ne voient pas où est le problème. Puisqu’ils ne s’intéressent ni à l’histoire ni à la philosophie, ils ne se rendent pas compte que leur proposition équivaut à un retour à l’époque d’avant les Lumières, à un monde magique, incompréhensible, régi par l’IA que l’on priera comme les dieux de l’Antiquité. 

Giuliano da Empoli – L’heure des prédateurs – 2025

Vous devriez vraiment le lire, ce livre…

Démolir la Bastille ?

Avec la BNF, l’Opera Bastille fait partie des monuments les plus détestés de Paris. (J’y ajouterais bien le centre de recherche Imagine du Boulevard du Montparnasse, mais il semble que malgré mes articles répétés, il demeure inconnu du public). Revenons à l’Opera Bastille, fruit de la volonté de François Mitterrand, qui déclara pourtant qu’il ne l’aimait pas (enfin un point d’accord entre lui et moi). D’après la Cour des Comptes, ce bâtiment nécessiterait de très, très importants travaux de rénovation (on parle de 400 millions). En particulier, la scène menacerait de s’effondrer ! Évidemment, la garantie décennale est passée, mais on ne peut pas ne pas remarquer que cette construction n’a que 35 ans, ce qui est peu quand on le compare à la pyramide (de Khéops, pas du Louvre, de Khéops) 

Moi, je dis :

« Et si on profitait de l’occasion pour le démolir ? »

Ce serait chouette, non ? En plus, on pourrait faire ça dans quelques jours, le 14 par exemple, histoire de célébrer un anniversaire. A part son état de vétusté, les raisons de débarrasser Paris de l’Opera Bastille ne manquent pas. Mais pour  moi, la première c’est l’esthétique. Vous n’avez qu’à lire la suite :  Continuer la lecture de Démolir la Bastille ?

La cerise sur le gâteau

par MarieClaire (Ce texte a été diffusé pour la première fois le 21/11/2017)

Le réveil sonne. Pas une vraie sonnerie, plutôt un genre de klaxon. Elle déteste ce bruit et sursaute. Il est sept heures trente, il serait temps de se lever, mais avant, elle s’étale encore une fois dans le grand lit tiède où elle est seule : Louis est parti la veille à Toulouse. Il se donne des airs importants quand sa boîte l’envoie en province. Lui et son fidèle attaché-case, cette idée la fait bien rire.

Ce matin, elle ne ressent pas l’élan qui devrait la mettre à bas du lit. Elle est seule, si tranquille. Penser à ce qui l’attend : la foule du métro, les heures au bureau, enfermée avec un travail sans intérêt, les collègues agaçants… Elle les voit déjà : Monsieur Poinseau son chef pointilleux, Simon qui a toujours perdu quelque chose et la dérange constamment, Suzanne et son sourire pincé. Il y a aussi Alma qui se prend pour une star et qui ne s’appelle sûrement pas Alma, plutôt Janine ou quelque chose comme ça…

Non, pas ce matin, elle ne pourra pas les affronter. Impossible de se lever. Ce serait si bon Continuer la lecture de La cerise sur le gâteau

Homéotéleute et Polytptote (10)

Dernier résumé avant la fin de tout :

Homéotéleute et Polyptote se sont enfin mariés et tout va pour le mieux dans le meilleur des royaumes. Oui mais voilà, nous sommes dans une tragédie antique, et ça va sérieusement se gâter car, bêtement, Homéotéleute va révéler à sa jeune épouse quelles sont ses véritables origines, Madame Ménélas, Zeus, tout ça ! Oui, ça va sérieusement se gâter.

Le Récitant

Il a tout dit, le petit Homéo, trop fier et trop content de révéler à sa petite Apogée ses très hautes et très nobles origines. Il a tout dit : Zeus, Hélène, le Vent du Sud, le berceau en branches de sassafras, la plage de Zeugma, la douceur de Scylla, le courage de Charybde, la protection d’Aphrodite.

Il a dit aussi la malédiction d’Héra : …tant qu’il montera… et cætera. Il a expliqué ce qu’elle voulait dire en réalité : …perdre la tête pour une femme d’ignoble sang… et cætera, et cætera. Il lui a juré qu’il n’y avait plus rien à craindre, que le sort jeté par la déesse était conjuré puisqu’elle-même était noble, et pas qu’un peu.

Alors Polyptote s’est levée brusquement :

Polyptote

–Mais alors, mais alors, je ne suis pas de la roture ! Mais alors, mais alors, je suis noble, sacrément noble, et même plus noble que toi ! Fille de Zeus et d’Hélène la Ravageuse, tu te rends compte ? Ça, c’est de la branche. C’est quand même un peu mieux que les brindilles familiales d’Antanaclase ! Dis-moi, mon petit lapin d’Étolie, tu voulais Continuer la lecture de Homéotéleute et Polytptote (10)

Go West ! (95)

(…) Quant à Julius, je n’ai retenu de lui que ce que j’en ai dit plus haut : son accent, son rire, quelques bribes de sa vie, son ouverture d’esprit et sa gentillesse. Et soudain je me rappelle qu’alors que nous approchions d’Harrisburg, il m’a dit :
— Aujourd’hui, tu es un étudiant. Tu voyages, tu vois des pays, tu découvres des choses. Plus tard, tu seras un ingénieur. Un jour sans doute, tu seras important ; les gens t’écouteront. Alors quand tu leur raconteras ton voyage en Amérique, sois juste avec mon pays.

Nous sommes arrivés Harrisburg le vendredi 17 août en début d’après-midi. Une heure avant, nous nous étions arrêtés une dernière fois pour faire le plein d’essence dans une station-service. Julius avait consulté la carte routière offerte par Esso pour repérer la route qui pourrait me mener jusqu’à Washington, puis, il avait ouvert le coffre de la voiture et en avait extrait un rectangle de carton blanc. C’était le couvercle de la boite dans laquelle il avait rangé quelques livres et des dossiers. A l’aide d’un gros crayon bleu puisé au fond du carton, il avait tracé les contours de deux grandes lettres capitales qu’il avait ensuite remplis au moyen d’un gros crayon bleu. Le rectangle blanc disait maintenant « D.C. » Il me l’avait tendu en disant :
— Tiens ! Ça suffira. Les gens comprendront où tu vas.
Nous sommes repartis pour nous arrêter plus loin dans la dernière station-service avant l’embranchement pour Washington. Nous avons pris ensemble un dernier Coca et un dernier sandwich et puis je suis allé me placer à la sortie de la station et j’ai commencé Continuer la lecture de Go West ! (95)

Homéotéleute et Polytptote (9)

Résumé du passé :

Homeotéleute, officiellement fils du roi d’Antanaclase mais surtout rejeton illégitime de Zeus, a rencontré une charmante jeune fille, Polyptote.
Polyptote fille adoptive d’un pêcheur de Zeugma, ne sait pas qu’elle est en réalité la fille d’Hélène de Troie et du grand patron du Monde Olympique.
Les deux jeunes gens se sont tellement rencontrés sur un petit banc en marbre de Thassos que la jeune femme est à présent enceinte.
Ils veulent se marier. Au début, la maman d’Homéotéleute ne voulait pas, mais maintenant elle veut bien. Oui, je sais, c’est compliqué. 

Acte IV

Pour ce dernier acte, la scène sera entièrement verte et sans accessoire. Puis, tandis qu’Homéotéleute et Polyptote entament leur dialogue, des esclaves habillés en Napolitains repeindront le décor en bleu ciel et apporteront sur scène tout ce qu’il faut pour faire une chambre nuptiale et royale.

Le Chœur Antique

Vous êtes toujours là, gens d’Athènes, prêtres de l’Acropole, commerçants de Plaka, ménagères du Lycabette et marins du Pirée ? Vous pensez Continuer la lecture de Homéotéleute et Polytptote (9)

Ultime check-list

Henry Kissinger, Prix Nobel de la Paix 1973, a été Secrétaire d’État sous les Présidents Richard Nixon et Gerald Ford.  Dans son dernier livre, Le temps des prédateurs, Giuliano da Empoli écrit à son propos : 

 « Du rôle de conseiller, il connaissait intimement les jouissances et la frustration. C’est comme être « dans la position d’un homme assis à côté d’un conducteur qui se dirige vers un précipice et à qui l’on demande de s’assurer que le réservoir d’essence est plein et que la pression des pneus est adéquate », a-t-il dit un jour. »

We now have a situation…

Dans les milieux bien informés (dont vous faites bien entendu partie grâce à votre lecture quotidienne du Journal des Coutheillas), on a beaucoup dit que l’issue des dernières élections présidentielles américaines était moins le résultat d’une progression Républicaine que d’un déclin Démocrate.
Sans pour autant négliger la puissance de la coalition de la bêtise et de l’argent, je suis plutôt d’accord pour dire, avec le « on » bien informé cité ci-dessus,  que les Démocrates sont responsables du cuisant échec dont nous n’avons pas fini de subir les conséquences. La bonne conscience qu’ils se sont donnés par leur tolérance vis à vis du Wokisme, le choix précipité de Kamala Harris comme candidate, la maladresse arrogante dont leur campagne a fait preuve, son échec malgré les colossales quantités d’argent qui y ont été Continuer la lecture de We now have a situation…