Tous les articles par Philippe

Bilan

Les caractéristiques de ce tableau sont les suivantes :

Les 12 mois de l’année sont représentés en colonnes.
Première colonne (grise) : date
Deuxième colonne : jour
Troisième colonne : Titre de l’article du jour

Couleur des cases
Jaune : texte original
Orange : Rediffusion
Rouge : Morceau choisi
Vert : photographie
Gris : News
Blanc : pas d’article ce jour

Pour cette année 2024, il y a eu en tout 51 jours sans parution d’article

 

Une journée particulière

par Lorenzo dell’Acqua

Cette journée avait été si particulière que j’envisageais de la raconter à mes amis. Malheureusement, quarante-huit heures plus tard, je ne me souvenais déjà plus pourquoi et ce n’était pas les 6,4 kilomètres parcourus à pied, une distance respectable à mon âge sans être pour autant un réel exploit, qui en étaient la raison. La disparition récente d’un ami confirma le bien-fondé de ma décision : mon Journal Illustré m’avait été fort utile pour retrouver tous les bons moments passés avec lui et tombés dans l’oubli.

C’était donc un 11 novembre qui n’avait rien de plus original que les soixante-quatorze précédents. Je quittai mon domicile assez tôt le matin, mais pas trop quand même, pour rejoindre à la Brasserie Mollard un ex-ami redevenu mon ami. Les horaires de nos levers me fournirent un sujet de réflexion pendant le trajet en bus. Quand on se lève tard, la journée ne commence que deux heures plus tard après le dérouillage matinal obligatoire à notre âge et c’est alors le moment de se mettre à table pour le déjeuner. Autrement dit, quand on se lève tard, Continuer la lecture de Une journée particulière

Go West ! (69)

(…)Il a choisi deux pendentifs, un Yongosona et un épi de Talasi. Il a demandé :« Combien pour les deux ? ». Je lui ai dit :« Deux fois 1 dollar » Il a sorti deux billets du rouleau et me les a donnés. Ensuite, il m’a tendu le Yongosona en disant « Pour toi, petite grenouille ! » et le Talasi à Pahana, « Pour toi !», et puis il a rejoint l’autre soldat dans leur voiture et ils sont partis vers l’ouest.
C’est comme ça que j’ai rencontré mon mari, Bo. »

C’était la deuxième fois qu’elle évoquait son mari. Il fallait absolument que j’en sache davantage, mais Mansi s’était tue. J’avais dans la tête tout un tas de questions : « Qui est ce mari ? Pourquoi n’est-il pas là ? Où est-il ? Comment est-il ?  Grand ? Costaud ? Jaloux ? Violent ? Est-ce qu’il ne risque pas de revenir, comme ça, sans prévenir ? » Maintenant, au moins, je savais qu’il était grand et probablement costaud, mais les autres questions, je n’osais pas les poser : quand on veut jouer les blasés, les hommes tranquilles et sûrs d’eux-mêmes, quand on partage un lit avec une dame, quand il s’agit de son lit conjugal, on ne s’inquiète pas de son mari. Mais finalement, je n’ai pas eu besoin de demander pour en apprendre davantage sur Bo.
Après un long silence, Mansi s’est retournée sur le lit. Elle s’est dressée puis s’est dirigée vers la porte. Au moment de la franchir, elle s’est immobilisée un instant, les jambes légèrement écartées, les mains sur les hanches, la tête inclinée de côté comme si elle réfléchissait. Sa silhouette sombre se détachait en contre-jour sur l’écran gris de l’encadrement. Elle faisait semblant d’hésiter, mais moi, je savais que c’était pour que je puisse contempler ses formes. Et puis, elle Continuer la lecture de Go West ! (69)

Splendeurs et misères des écrivains 

Dans cet extrait de « Albertine disparue », avant dernier volume de « À la recherche du temps perdu », le Narrateur découvre dans Le Figaro un article dont il est l’auteur. C’est la première fois que le Narrateur est publié et il tente de le juger non en tant qu’auteur, mais en tant que lecteur, anonyme parmi les dix mille lecteurs du Figaro. Voici une (petite) partie de son analyse.

« Ces phrases de mon article, lorsque je les écrivis, étaient si pâles auprès de ma pensée, si compliquées et opaques auprès de ma vision harmonieuse et transparente, si pleines de lacunes que je n’étais pas arrivé à remplir, que leur lecture était pour moi une souffrance, elles n’avaient fait qu’accentuer en moi le sentiment de mon impuissance et de mon manque incurable de talent. Mais maintenant, en m’efforçant d’être lecteur, si je me déchargeais sur les autres du devoir douloureux de me juger, je réussissais du moins à faire table rase de ce que j’avais voulu faire en lisant ce que j’avais fait. Je lisais l’article en m’efforçant de me persuader qu’il était d’un autre. Alors toutes mes images, toutes mes réflexions, toutes mes épithètes prises en elles-mêmes et sans le souvenir de l’échec qu’elles représentaient pour mes visées, me charmaient par leur éclat, leur ampleur, leur profondeur. Et quand je sentais Continuer la lecture de Splendeurs et misères des écrivains 

Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stiller ?

Des écrivains vous répondent…

June 25th, 1955, Earl’s Hangout, 1245 Wilshire Blvd, Los Angeles, Ca.

Quand la fille est entrée dans le hall, tout d’abord, je n’y ai pas cru. Son bikini albâtre bronzé avait dû être taillé par un miniaturiste dans trois timbres-postes. Les jambes fuselées qui en sortaient étaient plus longues qu’un film suédois non sous-titré. Quant à ce qu’on pouvait voir de son corps entre le haut du slip de bikini et la naissance de son cou, je préfère ne pas commencer à en parler de peur de ne pouvoir en achever sereinement la description. Quant à ses cheveux, ses yeux, ses lèvres, je les ai à peine vus tant j’étais concentré sur la partie indescriptible mentionnée plus haut. Mais ce n’est pas à l’existence réelle de cette apparition que je ne croyais pas. Des filles comme ça, à Venice Beach ou à Malibu, il y en a à la pelle. D’accord, dans le lobby du Berverly Hills Hôtel, où je devais rencontrer un ponte de la MGM pour une banale histoire de cocufiage, le port du bikini minimaliste, c’est plutôt rare, encore que, dans la Cité des Anges, Continuer la lecture de Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stiller ?

Go West ! (68)

(…)Je croyais qu’elle s’était endormie, quand d’un coup, elle se recroquevilla en chien de fusil et recommença à parler. A présent, sa tête était posée là où quelques instants plus tôt se trouvait le cendrier qu’elle avait écarté pour le poser à côté du lit et, tandis qu’elle entrait dans le récit de sa vie, sa voix résonnait dans mon ventre.

« Je suis née dans le village de Shungopavi, là-haut dans la mesa. Le village n’existe plus aujourd’hui. Il a été abandonné après la grande sécheresse de 48. Mais à cette époque, une trentaine de familles y vivaient. Mes parents sont morts l’un après l’autre quand j’étais encore toute petite. Comme le veut la coutume Hopi, j’ai été adoptée par une des familles et j’ai été élevé par la tribu avec les autres enfants. Je n’étais pas esclave ni même maltraitée puisque ma vraie mère était une Hopi. Mais ma mère adoptive me faisait accomplir des travaux qu’elle n’exigeait pas de ses propres enfants. Parfois même, elle me mettait au service Continuer la lecture de Go West ! (68)

Une sieste épatante

par Marie-Claire
— Moi, je l’aime bien Antoine !
J’ai entendu mon nom dans le brouillard de ma sieste. Jusque-là, j’avais été bercé par le ronron de la conversation d’Alice et de Jeanne et le chant des cigales. Il faisait chaud, la chambre était sombre et tranquille. Je m’y étais réfugié après le déjeuner. La fenêtre aux volets clos donnait sur la terrasse où mes deux amies bavardaient. Elles me croyaient probablement parti avec les autres, à la plage ou ailleurs.
J’aurais dû fermer la fenêtre, me mettre un oreiller sur la tête, ou tout simplement signaler ma présence. Je jure que si cette scène se passait maintenant, je le ferais ! Mais je ne savais pas alors que seule la partie apparente de l’iceberg est supportable…
J’ai tendu l’oreille :
— Moi aussi, je l’aime bien.
J’ai reconnu la voix de Jeanne. Jusque -là tout allait dans le bon sens. Mais Continuer la lecture de Une sieste épatante

Le tsunami

Tsunami1 est un mot d’origine japonaise. Littéralement, il veut dire « vague de port ». Aujourd’hui, alors que tout le monde a vu au moins une fois à la télévision ce que sont réellement un tsunami et ses effets dévastateurs, on peut se demander pourquoi cette tranquille locution sert à désigner un phénomène maritime monstrueux. Si vous ignorez cette raison et si vous voulez la connaitre, lisez la note de bas de page. Sinon, passez à la ligne d’en dessous : 

Le 26 décembre 2004 à 7 h 58, un tremblement de terre de magnitude supérieure à 9 et dont l’épicentre se situait à 250 km au large de l’île de Sumatra provoqua un tsunami qui atteignit la ville de Banda Aceh vingt minutes plus tard. À cette époque, la ville comptait 250.000 habitants ; 70.000 d’entre eux Continuer la lecture de Le tsunami

Réponse à la critique

par Lorenzo dell’Acqua
« Les Corneilles sont d’une bien belle plume »
in : Mes romans préférés, Coutheillas Ph, Gallimard, 2024

Ayant été agressé sur les réseaux sociaux par des critiques injustes de son dernier roman, Lorenzo a demandé et obtenu un droit de réponse dans le JdC. Comme ce n’est pas le genre à bayer aux corneilles, ni à se coucher avec les poules, ni un adepte de la politique de l’autruche, ni un manchot, ni une poule mouillée et encore moins un perdreau de l’année, il a pris la plume pour nous cocotter cette chouette réponse et voler dans les plumes de ces oiseaux de malheur.

Deux critiques m’ont profondément attristé : la première regrettait que NRCB soit le héros à vie de mes récits et la seconde que le modèle de ce personnage, un écrivain de la Rive Gauche adulé du grand public, soit trop facilement reconnaissable. Selon cette dernière, la réputation immaculée de ce dernier risquait d’en être ternie aux yeux de ses admirateurs et surtout du jury du prochain Prix Nobel de Littérature.

A la première, il m’est aisé de répondre que de nombreux chefs d’œuvre de la littérature regorgent de ce même procédé. D’Artagnan est le héros des Trois Mousquetaires, de Vingt Ans après et du Vicomte de Bragelonne, soit 5842 pages en tout. Plus proche de nous, San Antonio, comme Sherlock Holmes, est le personnage récurrent de célèbres romans policiers homonymes. N’oublions pas non plus Swann, Mickey, Ulysse, Astérix, Tintin et Milou, Lucky Luke, Malaussène, Arsène Lupin, la Coccinelle de Gotlib et Notre Seigneur Jésus-Christ. Signalons au passage que N-R-C-B est un hommage à mon héros en référence à N-S-J-C. Et, comme l’a écrit avec justesse René-Jean dans La Croix, Continuer la lecture de Réponse à la critique