Retour sur un jour qu’était pas fait comme les autres

Récemment, quelqu’un m’a demandé des nouvelles Steeve Ratinet. Steeve Ratinet… vous vous souvenez ? Non ? Enfin voyons ! Steeve Ratinet, célibataire, Coupeur de chevaux en quatre de profession, né le 29 février 1982 à Guéret dans la Creuse et décédé le 13 mai 2020 à 03:47 GMT en son domicile parisien, sis 15 rue Dacôté. (voir : C’était un jour qu’était pas fait comme les autres)

Ah ! Ça y est quand même ! Bon, je résume :

La Commission d’Admission au Paradis ayant classé Steeve dans la catégorie É-P-A-V-E (Égotiste-Primaire-Agressif-Vulgaire-Exacerbé), notre héros a été admis à entrer au Paradis (parce que, comme chacun sait, l’Enfer n’existe pas) moyennant un petit séjour préalable d’une cinquantaine d’année au CRAZY (Centre de Remise À Zéro(1)) suivi d’une période de Purgatoire d’une durée d’un à deux siècles. Cela fait maintenant deux ans qu’il est entré au CRAZY, et ma Foi, cela semble se passer plutôt bien. C’est du moins l’impression que j’ai pu retirer de la longue entrevue télé-angélique que j’ai pu obtenir par protection spéciale, compte tenu de mes bonnes relations avec l’au-delà. Voici ce qu’il m’a dit :

 « Le CRAZY, c’est l’endroit le plus chouette que je connaisse pour oublier ses emmerdes. Bon, c’est pas qu’on rigole tous les jours, mais c’est toujours mieux que de faire Coupeur de chevaux en quatre ! Moi, je voulais pas faire Coupeur de chevaux en quatre. Je voulais être Modérateur de cantabile. Mais, vous savez ce que c’est… On fait pas toujours ce qu’on veut. Ben moi, c’est ça : j’ai pas pu. Je veux dire : faire ce que je voulais. Mais après tout, c’est peut-être mieux comme ça. Au moins, ça me permet d’apprécier le CRAZY. Imagine un peu que j’aie été vedette de cinéma ou avant-centre au PSG ! Là, ç’aurait été coton de se taper un demi-siècle au CRAZY ! Mais quand on vient d’où je viens, c’est du gâteau. C’est comme qui dirait des vacances.

Ben oui, faut savoir que la Remise à Zéro, c’est pas si terrible. En quoi ça consiste ? C’est simple. C’est tout expliqué dans le livret d’accueil. Je pourrais vous le réciter par cœur. C’est marrant, depuis que je suis là, je retiens tout, j’ai une mémoire du Feu de Dieu. Mais ça serait un peu long à raconter parce que vous, vous avez pas l’Éternité devant vous, pas vrai ?

Donc, je résume : grosso modo, le stage au CRAZY, ça se découpe en deux morceaux. En premier, c’est là que j’en suis, on tâche d’effacer tout ce que vous avez appris de mal ou d’idiot depuis votre enfance jusqu’à votre mort, toutes les conneries qu’on vous a dites et que vous avez crues dur comme fer, tous vos préjugés sur les gonzesses, les noirs, les jaunes, les rouges, les arabes, les juifs et tout ça. Y en a pour qui ça fait un paquet à effacer, je vous jure. Pour moi, on m’a dit que j’étais dans une honnête moyenne, c’est dire le niveau ! Mais y a quand même du boulot. Faut frotter fort. Ça fait deux ans que je bosse la dessus à plein temps, mais on m’a dit qu’il y a encore du chemin à faire. Une bonne grosse dizaine d’années, qu’il parait.

La partie d’après, c’est pour vous préparer au boulot que vous aurez à faire quand vous serez au Purgatoire : on vous apprend les méthodes pour accueillir les nouveaux défunts, tous les défunts, et ça veut dire aussi les imbéciles, les crétins, les connards, les mal polis, enfin tout, quoi ! Et ça fait du monde, je vous jure ! Et ça veut dire pas leur flanquer des baffes comme on aurait envie ! Et c’est tous les jours, et là, c’est pas comme avant quand on était Coupeur de chevaux en quatre, y a pas de dimanche, pas de jour férié, pas de RTT, rien ! Ben oui, quoi ! C’est pas le Paradis ! Pas encore, en tout cas.

Et après, quand vous savez tout bien par cœur, vous passez les tests et hop, vous voilà expédié au Purgatoire, diplômé, tranquille comme Baptiste le Prophète, peinard, avec le Paradis en ligne de mire, un peu comme la retraite pour un sursitaire, comme on dit par ici quand on est entre nous et qu’on parle de vous, les vivants, les pas-encore-mort.

Vous voyez, c’est pas vraiment de la tarte, mais c’est pas non plus l’Enfer, le CRAZY. Bon, c’est vrai, des fois y a des détours. Faut passer par des stages spéciaux. Ça dépend du mec, en fait. Y en a, ils devront suivre un Cycle de Rénovation Complète du Comportement Sociétal, comme y disent, pour d’autres, ce sera des Séances Persuasives de Traitement des Phobies et Allergies. Vous voyez le genre de conneries… Pour moi, on m’a prévenu, ça va pas être facile. Ils disent que je vais devoir me taper in extenso la série complète des cours de Formation au Langage et à l’Expression Verbale. Quatorze ans de cours intensifs ! Et tout ça parce qu’y parait que je cause pas correct ! Moi ! »

(1) — le Y est là juste pour faire joli

Une réflexion sur « Retour sur un jour qu’était pas fait comme les autres »

  1. « Vous reprendrez-bien un petit coup de Ratinet? ». « Mais bien sûr », ça ne peut pas faire de mal, Paddy l’a si bien dit y a peu, c’est bon pour la digestion, pour le foie, pour la route, on en reprend parce que c’est du gourmand, du bon, le Ratinet c’est comme le Picon ou la Suze. En tout cas, cette resucée de Ratinet ce matin m’a permis de lire « c’était un jour qu’était pas comme les autres » (et non de relire car je ne l’avais pas lue à sa parution, négligence non sans cause de circonstances atténuantes) et je clame haut et fort aujourd’hui « que vive Ratinet, au Crazy ou au Paradis, vive Ratinet ».

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