Rendez-vous à cinq heures dans la maison

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Voici la critique du film « Dans la maison » par Lorenzo dell’Acqua

 

DANS LA MAISON
François Ozon, 2012

Curieux film aux deux visages, l’un positif, l’autre négatif, qui met en scène la réalité et la fiction, le bien et le mal, mêlés avec une habileté dépourvue d’incohérences et de facilités.

Fabrice Lucchini interprète un professeur de français désabusé et résigné. Ses élèves sont nuls et surtout, ce qui le désespère encore plus, ne manifestent aucune envie d’apprendre. Là, rien d’étonnant, cela correspond à l’impression que nous avons tous. Mais, dans sa nouvelle classe, il découvre un jeune garçon doué qui raconte bien et qui écrit bien, autrement dit qui réussit et le fond et la forme. Surpris et séduit par son talent, il va l’encourager, l’aider, le corriger afin qu’il s’améliore et continue à écrire. Il lui rappelle l’adolescent passionné de littérature qu’il a été lui-même au même âge. Son comportement nous semble logique et exemplaire. Voilà pour le bon côté …

De l’autre, l’adolescent doué décrit la famille de son copain de classe avec précision et justesse. Le style est impeccable et la narration claire. A l’évidence, il ne s’agit pas d’une fiction. Sans que le spectateur s’en aperçoive, l’adolescent va progressivement ne plus raconter la vérité mais ses fantasmes personnels dont celui de séduire la mère de son camarade et la femme de son professeur.

La qualité de ce film vient d’abord de sa crédibilité. Il nous mène insensiblement et naturellement de la réalité à la fiction. C’est néanmoins une fable parce que le lycée de l’écrivain en herbe est irréel : un très beau bâtiment à l’architecture lumineuse et surtout des élèves portant cravate et costume ce qui n’existe plus en France depuis au moins deux générations. A part cette incongruité, tout le reste semble vrai. Film Junon parce que le comportement du professeur est normal et généreux alors que celui de l’adolescent est pervers et malsain. Ce film nous conseille de ne pas encourager les autres à faire ce qui nous semble bien car cela relève de la manipulation. Il est une autre version de l’arroseur arrosé dont la conclusion boomerang serait un juste retour des choses. Est-elle vraiment crédible, je n’en suis pas convaincu.

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