L’Amérique en questions

Cette série de questions a été écrite il y a une semaine, mais l’actualité récente a fait que leur programmation à été repoussée jusqu’à aujourd’hui. A leur relecture avant publication, elles me paraissent bien légères, voire anodines, quand je les considère en relation avec ce qui s’est passé vendredi dernier dans le chausse-trappe de la Maison Blanche. Mais, je ne peux pas effacer ce que je me suis donné un mal de chien à écrire sous le prétexte que je n’arrive pas suivre le tempo que donne Trump au basculement du monde ou que, depuis que j’ai écrit, l’Agent russe Orange a doublé la mise dans le domaine de l’ignoble. Alors, voici quand même mes questions, hier graves, aujourd’hui presque dérisoires. 

That is the question

Les déclarations de Trump sur l’Ukraine constituent une grande victoire pour Moscou (La Presse).
Il y a encore un mois, une victoire pour Moscou aurait été une défaite pour Washington.  Depuis le 20 janvier 2025, c’est devenu une victoire commune de Poutine et de Trump, un désastre pour l’Ukraine, l’Europe et les démocraties en général.

Pas question

Une élue américaine propose que l’anniversaire de Donald Trump devienne un jour férié. Continuer la lecture de L’Amérique en questions

Le brutaliste, la baudruche et le certain universel

The brutalist

Heureusement que je ne fais plus de Critique aisée, sans ça j’aurais été obligé d’écrire sur Le Brutaliste, le film multi-récompensé, et de vous dire que je l’avais trouvé plutôt long, plutôt glauque et plutôt ennuyeux.  Bon… je n’y allais pas pour m’amuser, ni pour voir un feel good movie, mais je m’attendais à quelque chose de plus orienté sur l’architecture, sujet plus que rare au cinéma. Brutaliste, je ne connaissais pas le mot ; c’est le film qui m’a appris et le mot et sa signification. Il eut été intéressant d’exposer, à travers la biographie de cet architecte fictif, les principes de cette architecture, ses difficultés à être acceptée, ses réalisations, etc… Mais, on ne nous montre finalement que le caractère impossible de l’architecte-artiste à travers le jeu monotone d’Adrian Brody. Bon, me voilà reparti à faire de la Critique aisée. Il faut donc que j’arrête là, car il faut bien que je garde du temps pour m’occuper du Président des États Unis.

Gonflé, le mec !

Depuis qu’il a pu faire ses preuves lors de ses diverses fonctions ministérielles, j’ai toujours considéré Dominique de Villepin comme une arrogante baudruche, c’est à dire un volume artificiellement gonflé et plein de lui-même, c’est à dire de vent.
Cet homme a eu la chance d’être né dans la haute bourgeoisie, d’avoir une belle gueule, une silhouette avantageuse, et grâce à cela d’avoir impressionné l’homme du peuple qu’était Chirac, ce qui lui a valu d’avoir à prononcer un beau discours Continuer la lecture de Le brutaliste, la baudruche et le certain universel

Les Modernes

par Lorenzo dell’Acqua

Les Modernes
Alan Rudolph, 1988

Depuis que je suis allé le voir au cinéma Le Lucernaire, rue Notre Dame des Champs, je ne parviens jamais à me souvenir du nom de ce film d’Alan Rudolph sorti en 1988, Les Modernes. Depuis lors, chaque fois que j’y pense (et vous allez vite comprendre pourquoi j’y pense souvent), c’est Les Professionnels qui me revient systématiquement à l’esprit créant un obstacle supplémentaire pour le retrouver. J’ai beau faire appel à mon savoir de fils de Psychanalyste, je ne trouve aucune explication. De surcroît, j’avais maintes fois écouté la musique de ce film dont le nom était écrit en rouge sur la pochette jaune du CD. Son auteur, le chanteur Charlélie Couture, était le frère de notre compagnon de voyage à Ceylan devenu lui aussi célèbre peu après, Tom Novembre. Je me souviens très bien que nous avions oublié ce disque dans le lecteur de notre voiture situé, je me demande encore pourquoi, dans le coffre arrière, c’est-à-dire en pratique inaccessible. Les noms de ces deux artistes sortis de la nuit des temps me sont revenus, non pas immédiatement, je l’avoue, mais dans les trois minutes qui ont suivi l’évocation de ce disque. C’est bien la preuve que mon oubli sélectif du seul titre du film Les Modernesest très étrange. Continuer la lecture de Les Modernes

Les trois, mon Général !

Il y a trois ou quatre jours, j’avais écrit un article intitulé « La brute, le brutaliste et la baudruche ». Il devait paraitre ce matin et traiter en trois parties distinctes 1) de la Brute orange, 2) du film du même titre et 3) d’une certaine baudruche. Compte tenu du spectacle de télé-réalité que nous a donné la Maison Blanche l’autre soir, j’ai décidé de reporter à plus tard le Brutaliste et la Baudruche. J’ai décidé aussi d’augmenter le texte de la partie qui devait révéler quelques aspects supplémentaires de la brutalité présidentielle d’outre-atlantique. Aux paragraphes «La Brute (1) : Baiser les USA ? » et « La Brute (2) : Presse autorisée, ligne éditoriale contrôlée » j’ai ajouté « La Brute (3) : Les trois, mon Général »

La Brute (1) : Baiser les USA ?
Trump dit que l’Europe a été construite pour baiser (screw) les USA et qu’elle y a réussi pendant des années. Mais maintenant, etc…etc…
Trump n’a jamais été aussi brutal avec la Chine, et encore moins avec la Russie.
On a le sentiment très fort que l’Union européenne est l’ennemi à abattre. Même le député de Corrèze Continuer la lecture de Les trois, mon Général !

Rhapsody in blue

Quand j’ai 39° de fièvre, quand, lassé par l’uniformité des séries télévisées, je navigue, ou plutôt, me laisse glisser sur YouTube et qu’après vingt-huit minutes de chutes d’arbre sur des toits de maisons, d’effondrement de murs en cours de construction, d’invraisemblables accidents de voitures, de phénoménales avalanches, quand je tombe sur une « Rhapsody in blue » donnée en concert par l’orchestre de Lyon avec au piano, une jeune et jolie concertiste enthousiaste, alors j’envoie au diable toutes les videos de mini-catastrophes et de maxi-incidents, et je regarde et j’écoute trois fois de suite cette magnifique séquence musicale.

J’ai toujours aimé Rhapsody in blue, je l’aime encore, et encore plus depuis que le skyline de Manhattan en est devenu l’image associée. 

Je ne connais rien à la musique et encore moins, c’est à dire moins que rien, à la musique sérieuse, la musique classique, la grande musique.  De mauvaises langues pleines d’esprit — les mauvaises langues ne sont supportables que si elles sont pleines d’esprit — diront que Continuer la lecture de Rhapsody in blue

Harris, Fallon, Colbert & Co

Comme Kamala Harris pendant sa campagne, comme les comiques de Saturday Night Live, comme les Fallon, les Colbert, les Springer et les Kimmel, les meilleurs d’entre nous ont aimé rire de l’ignorance, de la vulgarité, des bourdes, âneries et gros mensonges proférés par Donald Trump. Comme ces politiques et journalistes américains, tous gens bien élevés, policés, cultivés, nous aimions bien en sourire entre nous, en bonne compagnie. Nous aimions bien regarder de haut la brute épaisse et définitive  se débattre dans ses phrases mal foutues, ses incohérences, ses scandales sexuels et ses malheurs financiers à répétition. 

Eh bien, regardez un peu où il en est, le clown orange et Continuer la lecture de Harris, Fallon, Colbert & Co

A propos de frontières

par MarieClaire (publié pour la première fois le 22/07/2017)

Je suis un voyageur immobile : les mûrs de mon petit chez-moi sont tapissés d’affiches, je possède une multitude de guides touristiques, des tonnes d’horaires de trains et d’avions, des monceaux de catalogues d’agences de voyages. Et pourtant, je ne bouge pas. Et je n’ai pas de passeport. Ma vie de vieux garçon s’est enroulée sur elle-même, même lieu, même travail et si peu de gens autour.
Mais voilà, un beau jour, quelqu’un est venu violer ma forteresse !
La première fois, elle a frappé trois petits coups discrets, si discrets qu’ils ne m’ont pas vraiment inquiété. J’ai donc ouvert.
Elle était là, blonde, frêle, l’air un peu gêné, je ne devais pas paraître aimable, je n’ai pas l’habitude des visites- surprise.
Elle a dit :

—Excusez-moi, il n’y a plus d’électricité chez moi et je me demandais si tout l’immeuble était en panne. Mais je vois bien que non, vous avez une lampe allumée !

—Ca doit être votre disjoncteur, il a probablement sauté.

Elle ouvrait ses grands yeux bleus, Continuer la lecture de A propos de frontières

Go West (76)

(…) — Tu veux pas te baisser, Brenda, parce que là, tu me caches la télé… Non, dans l’autre sens, Brenda, assied-toi dans l’autre sens, sans ça tu verras pas le film… Pourquoi tu regardes pas le film ?  Tourne-toi, je te dis, tourne-toi…. Qu’est-ce que tu fais, Brenda ? Mais qu’est-ce que tu fais ? Eh ! Mansi ! Qu’est-ce qu’elle fait, Brenda ? Brenda ? Ah bon… Oh ! Brenda…
« C’est marrant, je me sens de mieux en mieux… »
C’est à ce moment que j’ai dû m’évanouir.

Ce qui s’est passé après, pendant que « La Chose » dévastait la station scientifique jusqu’à sa cuisson finale, est resté très vague dans mon souvenir. Le coup des gouttes de mercure qui remontaient au bloc de glace, ça, j’en suis sûr. Mais pour le reste… Je crois bien que je me suis réveillé deux ou trois fois. Je me vois me lever pour aller chercher une bière ou de quoi manger dans le réfrigérateur. A un moment, j’ai dû tomber du canapé pendant que je dormais. J’ai du mal à me relever parce que je m’emberlificote dans mon peignoir. Bob est allongé sur le canapé, étendu sur le dos, les mains derrière la nuque. La tête tournée sur le côté, il regarde vaguement la télévision en fumant une cigarette. La grande bringue est allongée sur lui. Elle semble dormir. Bob me voit contourner le divan et m’adresse un petit signe amical.
— Ça va comme tu veux, man ?
Je veux lui répondre, mais je suis incapable d’émettre le moindre son. Ma langue est collée à mon palais. Alors je fais le geste que j’ai vu faire tant de fois depuis un mois, le signe classique comme quoi tout va bien : le pouce et l’index arrondis pour former la lettre O. Je tourne un peu en rond dans la pièce avant de trouver mes repères. Je finis par arriver devant le réfrigérateur. J’ouvre la lourde porte et reste planté là, les yeux fixés sur la petite lumière qui vient de s’allumer. Pourquoi je suis là à contempler les rayonnages de verre chargés de bouteilles anonymes et de cartons ramollis Continuer la lecture de Go West (76)

LES DISPARUS DE LA RUE DE RENNES (Extrait)

Résumé des chapitres précédents

Après un vote unanime, moins les voix de l’opposition, le Conseil Municipal, Maire en tête, s’est rendu sur place et sous la pluie pour constater les faits de visu. C’est confirmé, il manque tout un bout de la rue de Rennes. C’est bien embêtant.

4- Stratégie municipale

Où l’écologie retrouvera ses limites et la politique, ses habitudes.

Ces choses ayant été accomplies, la Maire se retira dans le véhicule à gyrophare, parce que l’écologie, ça va bien cinq minutes, tandis que son garde du corps restait planté au milieu de la chaussée, triplement embarrassé par un parapluie de golf marqué aux armes de la ville, un vélo batave et un costume sombre complètement fichu.

Sur le chemin du retour, dans le confort de sa voiture de fonction et de son for intérieur, Madame la Maire réfléchissait :

Cette disparition n’était pas une petite affaire et il fallait la prendre très au sérieux : deux ou trois cents mètres de rue manquants, ça faisait quand même désordre, même pour une municipalité de gauche. Il lui fallait établir une stratégie de toute urgence.

Était-il possible de mettre l’affaire sur le dos de quelqu’un d’autre ? Elle pourrait bien sûr parler d’héritage de la mandature précédente, mais ça faisait quand même plus de huit années qu’elle exerçait le pouvoir absolu sur la ville. De plus, dans ce cas, on ne manquerait pas de lui rappeler que, dans l’équipe précédente, elle était première adjointe. Remonter plus loin en arrière, c’est-à-dire à Tiberi ou même jusqu’à Chirac, lui paraissait difficile. Elle demanderait conseil sur ce point à Laurent Joffrin et à Edwy Plenel dès demain, mais elle ne pensait pas vraiment que le barbu bougon de Libération et l’homme au rictus d’acier de Mediapart pourraient la sortir de cette mauvaise passe.

Puisque faire porter le chapeau à quelqu’un d’autre Continuer la lecture de LES DISPARUS DE LA RUE DE RENNES (Extrait)

Trump ? J’ai dit Trump ? Je vous assure, mon cher cousin, que vous avez dit Trump !

Pour m’amuser un peu mais principalement  à titre  d’auto-célébration, j’ai réuni ici la plupart des textes que j’avais écrit sur Trump en six ans, entre décembre 2016 et novembre 2022. 

8 NOVEMBRE 2016 : TRUMP ELU PRESIDENT DES USA

 21/12/2016

Une vue de l’Amérique 

 Je suis un enfant de la guerre.

Et nous autres, enfants de la guerre, nous avons été nourris, au propre comme au figuré, au lait concentré sucré de l’Amérique. Nous avons grandi en force et raison grâce aux Candy Bars Hershey’s pour la bonne énergie, au chewing-gums Wrigley’s pour la mâchoire carrée et au Coca Cola pour la soif d’aujourd’hui. Mais aussi grâce à John Steinbeck et à Franck Capra pour la justice sociale, à Gary Cooper et John Ford pour le courage, à Howard Hawks et John Wayne pour le patriotisme, Fred Astair et Ginger Rogers pour l’élégance, Stanley Donen et Katharine Hepburn pour la sophistication… Nous avons grandi en regardant l’Amérique.

Et puis, il y a eu Kennedy à Dallas, Johnson à Washington, les boys au Viêt-Nam, Nixon au Watergate… Mais c’était des accidents, des erreurs, des enchainements, des fatalités. Rien de cela ne changeait l’Amérique, qui survivait, se redressait, faisait justice. Il y aurait toujours Continuer la lecture de Trump ? J’ai dit Trump ? Je vous assure, mon cher cousin, que vous avez dit Trump !