Harris, Fallon, Colbert & Co

Comme Kamala Harris pendant sa campagne, comme les comiques de Saturday Night Live, comme les Fallon, les Colbert, les Springer et les Kimmel, les meilleurs d’entre nous ont aimé rire de l’ignorance, de la vulgarité, des bourdes, âneries et gros mensonges proférés par Donald Trump. Comme ces politiques et journalistes américains, tous gens bien élevés, policés, cultivés, nous aimions bien en sourire entre nous, en bonne compagnie. Nous aimions bien regarder de haut la brute épaisse et définitive  se débattre dans ses phrases mal foutues, ses incohérences, ses scandales sexuels et ses malheurs financiers à répétition. 

Eh bien, regardez un peu où il en est, le clown orange et ridicule. Et pensez que c’est un peu à chaque sourcil levé à ses dépends, à chaque sourire condescendant, à chaque rire moqueur que nous devons qu’il soit là où il est. Pas nos sourcils à nous, non ! Pas notre condescendance hexagonale ni nos moqueries européennes, bien sûr. Nous n’y sommes pour rien, nous, car nos rires ne s’entendaient pas de l’autre côté de l’Atlantique ; nous n’avons aucune influence là-bas. Mais ce sont les airs de supériorité intellectuelle des Harris, des Fallon, des Colbert, des Springer, des Kimmel et de leurs camardes d’Université qui ont renforcé la haine du peuple, la rancune du fly over country, la colère de la rust belt, l’exaspération de la corn belt à l’encontre des élites new-yorkaises et californiennes. C’est cette haine qui a conduit le peuple à placer à leur tête un homme qui les flatte en se prétendant comme eux. C’est cette même haine, entretenue et renforcée par les fines plaisanteries de ceux que j’ai cités, qui maintiendra Trump au pouvoir aussi longtemps et aussi souvent qu’il le leur demandera, parce qu’aujourd’hui, les mots, mêmes spirituels, même rationnels, même généreux ne peuvent plus rien contre la force brutale de la bêtise à front de taureau.

Sur le plan de notre propre politique intérieure, nous ne sommes pas à l’abri d’un phénomène semblable et l’on pourrait bien voir chez nous un jour les électeurs poussés dans les bras d’un chef de rayon ordinaire et inculte.
Il faudra faire très attention, il faudra que je fasse très attention. Et je vais commencer tout de suite  en ne nommant  personne au poste de chef de rayon.

Donc : faire attention ! Mais cette consigne de prudence reste à usage interne. En ce qui concerne Donald Trump et ses acolytes, on va pas se priver, quand même !

2 réflexions sur « Harris, Fallon, Colbert & Co »

  1. L’épouvantable réunion vue ce soir sur toutes les télévisions du monde, à la Maison Blanche, au cours de laquelle les lâches Trump et Vance se sont acharnés sur un Zelinsky seul, confirme mon sentiment exprimé ce matin. Cette réunion m’avait tout l’air d’un guet-apens d’une lâcheté ignoble, un remake de « The apprentice », l’émission populaire de Trump prenant un plaisir sadique à virer les gens (le fameux « you are fired »). Je suis écoeuré à la pensée que les américains, leur congrès, réagiront mollement, leur problem c’est le beurre pour leurs épinards, Trump n’est qu’un « entertainer ».

  2. Pour ma part, Trump lui même et ses acolytes ainsi que toute les moqueries qu’il inspire ne me font plus rire du tout. C’est l’Amérique elle-même qui m’indispose, ce pays neuf, 250 ans, sans véritable histoire, le plus riche et le plus puissant du monde, soit! qui accepte d’être dirigée (plutôt que gouvernée) par un olibrius sans scrupules dont on sait peu de choses en réalité sinon qu’il admire, et peut être plus par affinité, les puissantes dictatures au premier rang desquelles la Russie putinienne, voilà ce qui me révulse. L’Amérique telle qu’elle se dessine maintenant, une démocratie morte, je m’en fout. C’est l’Europe et plus particulièrement la France qui m’importe avec l’espoir qu’elle réagisse, « quoi qu’il en coûte ». Et pourtant, aussi loin que mes souvenirs me reviennent, 1944-45, j’ai établi une relation intime et compréhensive avec l’Amérique, et voilà que je me retrouve aujourd’hui cocufié, mais pas surpris. J’y vais prochainement par nécessité et l’envie d’y retrouver des personnes que j’aime, mais j’ai hâte d’en revenir.

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