Quand j’ai 39° de fièvre, quand, lassé par l’uniformité des séries télévisées, je navigue, ou plutôt, me laisse glisser sur YouTube et qu’après vingt-huit minutes de chutes d’arbre sur des toits de maisons, d’effondrement de murs en cours de construction, d’invraisemblables accidents de voitures, de phénoménales avalanches, quand je tombe sur une « Rhapsody in blue » donnée en concert par l’orchestre de Lyon avec au piano, une jeune et jolie concertiste enthousiaste, alors j’envoie au diable toutes les videos de mini-catastrophes et de maxi-incidents, et je regarde et j’écoute trois fois de suite cette magnifique séquence musicale.
J’ai toujours aimé Rhapsody in blue, je l’aime encore, et encore plus depuis que le skyline de Manhattan en est devenu l’image associée.
Je ne connais rien à la musique et encore moins, c’est à dire moins que rien, à la musique sérieuse, la musique classique, la grande musique. De mauvaises langues pleines d’esprit — les mauvaises langues ne sont supportables que si elles sont pleines d’esprit — diront que c’est précisément pour cette raison que j’aime Rhapsody in blue. C’est spirituel, mais c’est idiot.
Je ne vais pas faire le savant et analyser Rhapsody pour tenter d’expliquer les raisons de mon gout pour cette œuvre. Je dirai seulement que ses évocations subtiles — pour moi — du blues, du swing, bref du jazz, me font croire que je connais la musique, et que ses moments lyriques, glorieux, parfois même emphatiques, déclenchent chez moi des élans de naïve exaltation. Pour moi, à mon niveau, le plaisir de la musique, c’est ça.
Alors, ne faites pas la fine-bouche, cessez un instant de jouer à l’homme pressé, prenez dix-sept minutes et écoutez et regardez cette Rhapsody in blue, et voyez le plaisir évident que cette belle pianiste prend à la jouer.
Khatia Buniatschvili – Leonard Slatkin – Orchestre National de Lyon
(17 minutes (en plus, superbement filmé)
Quand il parle, c’est exact, il ne se donne pas la peine, mais pour sa base il se montre sur de lui et sans faille en parlant paisiblement c’est dans ce sens polarisé ou biaisé que j’entends cette image rassurante.
Faussement rassurant, le langage de Trump ?
Il ne prend même pas cette peine.
Le language monolitique de Trump, faussement rassurant, semblant dérouté, déviant les variations musicales de leurs inspirations, ne me semble pas si incompréhensible et il ne faut surtout pas se faire l’avocat du diable pour créé un lien partagé quand un seul veut être le total. Si il y a pagaye c’est seulement que la polarisation raye les niveaux de compréhension permettant la distinction de complexes ensembles faisant la société parce qu’aucune distinction ne devient possible en évaluant que la productivité pour être productif. Tout les pourquois sont gommés dans cette vue toujours très petite de vouloir être plus productif et être le top. Trump se dira toujours pourquoi pas?
Une question se pose quand même : si la séance du bureau ovale était une embuscade, on peut se demander pourquoi Trump et Vance ont fait exploser une réunion qui devait mener à un deal voulu par Trump.
C’est vrai, ça ! Pourquoi ?
Quand on se demande le pourquoi d’une action de Trump, il faut toujours revenir aux fondamentaux : la réponse est toujours l’une de ces deux-là :
— à cause de l’argent
ou
— parce qu’il est idiot
En plus, c’est superbement filmé ! (le concert, pas le show télévisé)
Le plus révélateur, c’est quand à la fin de l’entrevue, Donald Trump ne peut s’empêcher de dévoiler le but qu’il recherchait dans cette mise en scène en s’adressant aux caméras :
— Bon, je crois que vous en avez vu assez. Ça fait un sacré moment de télévision, en tout cas.
Dans le scandale et la désolation qu’a répandus dans le monde civilisé le piège tendu par D.Trump à V.Zelenski, il est réconfortant de voir que nombre de pays démocratiques ont immédiatement fait connaitre leur soutien à l’Ukraine : France, Allemagne, Norvège, Suède, Pays-Bas, Lettonie, Lituanie, Estonie, Pologne, Espagne, République Tchèque, Moldavie, Portugal, Finlande, Islande, Irlande, Luxembourg, Canada, Nouvelle Zealand, Australie.
On remarquera l’absence de l’Italie, momentanément hors d’elle-même, et de la Hongrie, cheval de Troie de V.Poutine.
J’espère que ces quelques minutes de musique vous auront détendu. Mais moi, j’ai du mal à me détendre.
Le 21 février dernier, dans un commentaire, j’écrivais que « (…) parmi les grandes manoeuvres et les petites tactiques qu’il met en pratique afin de pouvoir lâcher définitivement l’Ukraine , Trump utilise à présent l’insulte envers son président, (…) (espérant ainsi déclencher un retour, une parole vexante ou désagréable de la part de V.Zelisnki, (…) prétexte de plus pour rompre encore plus définitivement avec le président de l’Ukraine sans se déconsidérer auprès de son électorat (…) »
Le traquenard que Trump et Vance ont mis en scène contre Zelinski hier soir devant les télévisions du monde entier constitue le couronnement de cette tactique.
Pour en juger, il faut absolument avoir vu les 7 ou 8 minutes qu’a duré cette embuscade.
C’est Vance, le Trump au langage articulé, qui a commencé, fustigeant violemment le Président ukrainien comme il l’avait fait des dirigeants européens quelques jours plus tôt. Ensuite, Zelinski qui tentait de répondre avec calme malgré l’indécence des reproches qui lui étaient faits, a été constamment interrompu et même empêché de répondre par la logorrhée trumpienne habituelle, incohérente et répétitive, jusqu’à ce que Trump décide que c’était assez comme ça et mette fin à la réunion.
La séquence fût révoltante et même, comme l’a dit Jim, écœurante.
Ce matin, sous le choc, je n’ai ni l’envie ni le courage de pousser plus loin ce commentaire. Mais j’ai toute la journée d’aujourd’hui pour bouleverser le programme du JdC de demain en prolongeant ce commentaire et parler encore et encore de Trump et de Poutine. Ça fera surement plaisir à Lorenzo.
Merci de me réconcilier un simple instant avec l’Amérique et ce qu’elle a pu nous offrir de mieux, Gershwin entre autres choses, l’un de mes héros en composition musicale, et sa magnifique Rapsody in Blue dont l’introduction, instruments après instruments, est un chef d’œuvre universel.
Mais à part ça, ce matin j’ai honte, une honte tenace pour l’Amérique incarnée par les deux lâches Trump et Vance, les « puppets » (marionnettes) de l’affreux Putin.