Trump sous double influence

C’était visible depuis longtemps. C’est présent flagrant : le nouveau Président des États Unis est sous une double influence, influence étant un mot de plus en plus faible pour pouvoir caractériser les rapports de D.T. avec ses deux influenceurs.

Le premier, bien sûr, c’est Poutine. Depuis qu’il est entré en politique, D.T. n’a pas caché son admiration pour le dictateur de toutes les Russies. Et depuis qu’il a atteint aux fonctions suprêmes, on voit bien qu’il adopte les unes après les autres les idées de V.P. et par conséquent ses objectifs : détruire l’Alliance Atlantique, diviser l’Europe, et favoriser ou laisser faire la russification des pays d’Europe de l’est, en attendant plus et mieux.
Pourquoi ce soi-disant (soi-disant : qui se dit soi-même) patriote , qui s’est fait réformer pour pieds-plats ou presque, ce prétendu homme du peuple, fils de millionnaire, se révèle-t-il inféodé à V.T. ?
Avec D.T., une seule réponse explique tout : l’argent.
En juillet 1987, Trump Continuer la lecture de Trump sous double influence

La Peinture : du Didactisme à l’Esthétisme

par Lorenzo Dell’Acqua

L’œuvre d’art est-elle belle et que signifie-t-elle ?

Je ne suis sensible qu’à sa première fonction qui est de nous montrer la Beauté. Je ne vois aucun intérêt supplémentaire à comprendre le pourquoi de l’œuvre et à découvrir ce qu’elle veut montrer ou démontrer. 

Au début de l’histoire de la Peinture, les fresques des églises étaient des bandes dessinées dont la fonction didactique l’emportait sur la qualité esthétique. La Peinture n’avait pas pour objectif à cette époque d’être belle mais de raconter et d’expliquer l’Histoire Sainte aux illettrés, c’est-à-dire quasiment à tout le monde, ce qui ne l’a pas empêché d’être belle. En même temps que le niveau culturel s’élevait, la Peinture s’est éloignée de ce Didactisme primaire pour se rapprocher de l’Esthétisme tel qu’il est défini dans Le Robert : Attitude artistique qui recherche la beauté formelle.

Les premières œuvres réellement dépourvues de toute fonction interprétative me semblent être celles des Impressionnistes. Le Surréalisme, lui,  représente Continuer la lecture de La Peinture : du Didactisme à l’Esthétisme

C’est du Shakespeare, du Jarry ou du Brecht ?

Quel Shakespeare moderne, quel Jarry contemporain, quel Brecht actuel nous donnera un jour un MacTrump, un Donald III, un Ubu Président, un Arturo Trump ?

Quel courageux biographe racontera la résistible ascension de ce vrai fils-à-papa, ce faux milliardaire, ce businessman véreux, cet agent russe, cette brute épaisse, cet égotiste forcené, ce menteur invétéré ?

Quel auteur audacieux écrira le drame de ce pays malade de la peste populiste ?

Quel dramaturge héroïque montrera la tragédie de cette démocratie mourant de s’être donnée deux fois à un autocrate amoral et stupide ?

Quel Cicéron impatient dressera la liste des mensonges, Continuer la lecture de C’est du Shakespeare, du Jarry ou du Brecht ?

Go West ! (75)

(…) et puis cette chaleur humide, cette ambiance confinée, ce vase clos, étanche, presque insonorisé, qui donnait l’impression apaisante et libératrice que rien de l’extérieur ne pouvait vous y atteindre, que rien de ce qui pouvait s’y passer ne pouvait avoir de conséquence ; enfin l’alcool et les mets épicés et la chaleur intérieure qu’ils prodiguaient, dispensatrice de confiance. J’étais différent et, pour le moment au moins, j’étais prêt à tout, ou presque.

Tout le monde faisait face au poste de télévision. Bob et moi nous étions assis d’autorité sur le canapé et les filles s’étaient installées par terre, adossées au siège, Fran entre les jambes de Bob, Mansi entre les miennes et Brenda entre Fran et Mansi.

Sur l’écran gris bleu, confiné dans son local laissé comme il se doit sous la surveillance d’un bidasse somnolent, le bloc de glace dans lequel la « Chose d’un autre monde » était enchâssée fondait goutte après goutte sur fond de musique angoissante. Tout le monde et Brenda se doutaient qu’une fois libérée de sa gangue translucide, la silhouette humanoïde et colossale de la « Chose » allait causer bien des soucis à la petite équipe militaro-scientifique qui l’avait extraite de la banquise. De trois quarts arrière, je regardais la grande bringue. Tendue, légèrement penchée en avant, entièrement immergée dans l’action du film, elle ne cessait de mordre ses ongles artificiels que pour tirer sur son joint ou pour boire une lampée de vodka. De temps en temps, elle émettait une plainte du genre « Aïe, aïe, aïe ! Mais y voit pas que ça fond, l’autre andouille ! ». Alors Bob et moi tentions une plaisanterie, une remarque ironique sur la naïveté du suspense. Fran ne disait rien. La nuque posée sur l’aine de Bob, les yeux au ciel, elle regardait monter vers le plafond les volutes de fumée qu’elle laissait s’échapper de sa bouche. Moi, je commençais à m’habituer à l’âpreté du joint. Après avoir toussé deux ou trois fois en faisant semblant d’avoir avalé ma bière de travers, je m’étais essuyé les yeux, je m’étais enfoncé en peu plus dans le canapé, j’avais posé mes mains autour du cou de Mansi et, de mes deux pouces, j’avais commencé à lui masser la nuque, doucement, presque distraitement, à mille milles marins au nord de sa petite tache de naissance en forme d’Australie. Je me sentais drôlement bien. Continuer la lecture de Go West ! (75)

MON ROMAN (Extrait)

(…)

Chapitre 5 – Critiques de mon roman

Pour mettre de mon côté les critiques en leur mâchant le travail et pour éviter les surprises, j’écrirai moi-même les critiques de mon roman et je les enverrai aux journaux. Voici les premières :

Le Figaro
Entre Soljenitsyne et Roux-Combaluzier , à mi-chemin de Thérèse Raquin et de la Porte d’Orléans, partagé entre « Le Dniepr coule toujours dans le même sens » et « Ascenseur pour l’échafaud » , ce court roman devrait donner satisfaction à tout le monde et déplaire souverainement aux autres.

Télérama
Tous les ingrédients d’un drame désopilant sont réunis dans cette œuvre magistrale que l’on n’attendait plus d’un auteur que sa légèreté et Continuer la lecture de MON ROMAN (Extrait)

Trois en un

Tibère : Un tyran renfermé, vindicatif et rancunier. Il encourage la dénonciation et récompense les délateurs avec des faveurs de toutes sortes. Les dernières années du gouvernement de Tibère sont des années noires où on pouvait être jugé pour avoir simplement parlé en mauvais termes de l’empereur.

Caligula: Un empereur fou, délaissant et assassinant tous ceux qui ont soutenu son ascension. Il hait le Sénat.  Pour l’humilier, il lui fait adorer son cheval(1). Il a un comportement instable, et un goût pour la démesure. Il promit qu’il traverserait la baie de Naples à cheval(2), mais en fait il traversa une toute petite baie au Nord-Ouest de Naples sur un pont de bateaux.

Néron : Un empereur paranoïaque, mégalomane, cruel et extravagant qui vise au pouvoir absolu. Il est persuadé qu’il est un génie de la poésie (3) . Il organise des J.O. où il remporte toutes les médailles. Il tue sa mère (entre autres membres de la famille) et met le feu à Rome. Il se suicide pour ne pas subir un coup d’état. Agonisant, il prononce Continuer la lecture de Trois en un

Go West ! ( 74)

(…) Je m’éloignai vers le coin cuisine et mis trois ou quatre fois le temps nécessaire à déboucher la bouteille en tournant le dos à tout le monde. Ça me permit de ruminer ma vexation et finalement de me calmer : « Qu’est-ce qu’on a dit tout à l’heure, crétin ? Il faut que tu te détendes et que tu profites du moment comme il vient. D’ailleurs, ça n’a l’air de perturber personne que tu sois en peignoir. »

Je m’en convainquis si bien que je finis même par m’imaginer que, dans ce petit groupe d’amis du samedi soir, le port du peignoir me conférait une position particulière, un rang, avec des privilèges. Après tout, pour Bob, pour Brenda et pour Fran, je devais être le nouveau petit ami — je pensais même plutôt « le nouvel amant » — de la maitresse de maison, un rôle inédit pour moi, mais plutôt flatteur celui-là. Mais pour le tenir, il fallait que je change d’attitude, car mon « Euh ben… non ! » de tout à l’heure manquait de nonchalance, de confiance en soi et d’esprit, bref de tout ce qu’on s’attend à trouver chez le French lover de sa meilleure amie. Suivant en cela ma pente naturelle, je choisis de demeurer silencieux le plus possible et de conserver autant que je le pourrai le statut confortable d’observateur amusé mais qui en a vu d’autres. Le reste de la nuit allait montrer Continuer la lecture de Go West ! ( 74)

Le bénéfice du doute ? 

Depuis l’arrivée au pouvoir suprême et total de Donald Trump, je m’étonne de rencontrer encore autant de personnes qui disent en substance : « Trump ? Faut voir… Il faut lui laisser sa chance… tout de son premier mandat n’a pas été si mauvais…il a fait de bonnes choses… il a de bonnes idées…  il faut lui accorder le bénéfice du doute… »

Le bénéfice du doute ? 

Absorber le Canada…
c’est tellement proche et puis il n’y pas grand monde. 

Devenir propriétaire de la bande de Gaza…
pour en faire la Riviera du moyen-orient.

Revenir aux pailles en plastique…
parce que celles qui sont en papier se cassent et explosent. Continuer la lecture de Le bénéfice du doute ? 

Nouvelle donne

par MarieClaire

C’est lundi, sale jour. De plus, c’est le lundi de la rentrée des classes et il fait mauvais. Lui, il est parti travailler. Le bus scolaire vient d’avaler les enfants et leurs cartables neufs.

Elle est seule dans cette grande maison silencieuse. Elle regarde par la fenêtre et voit les autres jolies maisons alignées. Le gazon commence à pousser dans les jardins, de nouvelles haies ont été plantées, les habitants s‘installent. Elle se dit que cette vue devrait lui plaire, mais elle n’en voit que l’uniformité, l’inachevé, le prévisible.

Elle quitte son poste d’observation et se heurte à l’armée de caisses qui, dans l’entrée, attendent d’être déballées. Il y a celle marquée « fragile » où doit se trouver la vaisselle des grands jours. Dans l’autre, elle se rappelle avoir mis du linge…Elle les compte : sept, huit, plus les cartons… Elle les ignore.

Le heurtoir frappe la porte d’entrée. Continuer la lecture de Nouvelle donne