(…) Je réalisais que, dans quelques jours, je serai dans la même situation que lui, que moi aussi je serai séparé de Patricia, mais pour moi, ce serait sans espoir de la revoir avant longtemps, et probablement jamais. Ça me tordait l’estomac, mais je gardais ça pour moi. De toute façon, notre séparation était écrite, inéluctable. Que je gémisse sur notre sort n’aurait mené à rien d’autre que gâcher nos derniers jours.
Je me souviens de cette dernière nuit. Nous étions rentrés au Biltmore fatigués par une longue promenade. Elle avait commencé dans la pleine chaleur de l’après-midi sur les bords de l’Hudson et s’était poursuivie à travers West Village jusqu’à l’Université de New York. A Washington Square, assis dans l’herbe, nous avions écouté de la musique de chambre par un quatuor formé d’étudiants. De là, dans la moiteur de la nuit, nous avions remonté la 5ème avenue puis Broadway pour arriver à l’hôtel vers minuit. Épuisés mais heureux, nous nous étions jetés sur le lit sans même nous déshabiller. Dans la chambre, l’obscurité était totale. Gaiment, Patricia s’était mise à imaginer sa vie future à New-York, entre Manhattan et Brooklyn. J’étais allongé sur le dos, les yeux grand ouverts et je l’écoutais sans rien dire.
Elle habiterait avec Frances ou alors elle chercherait Continuer la lecture de Go West ! (113)


— Dis-donc, je viens d’en entendre une bonne. Y a un savant, un allemand, Wurtemberg je crois qu’il s’appelle, ou quelque chose comme ça, il a dit qu’en principe, c’est pas possible connaitre en même temps la vitesse et la position d’un truc qui se déplace un peu vite. Non mais, j’y crois pas ! C’qu’ils vont pas chercher quand même ! En tout cas, si c’est vrai, il faudra le dire aux flics ! Parce qu’ils arrêtent pas de m’envoyer du papier pour me dire que, j’sais plus quand, j’étais Porte de la Chapelle à 129 kilomètres-heure sur le Périphérique. Y doivent pas en avoir entendu parler, de Gutenberg ! Eh, garçon ! Un aut’ Calva, siouplait ! Tu r’veux un café ?