Dernière heure :
La participation aux élections s’annonce forte, encore plus forte que prévu. C’est notre seule chance pour réduire l’ampleur de la victoire aujourd’hui certaine du RN et le priver d’une majorité absolue. Ne la gâchez pas : sitôt que vous aurez fini de lire l’article d’aujourd’hui, allez voter !
Extrait de « Bonjour, Philippines ! et autres rencontres«
1971, Manille, Roxas Boulevard
(…) Notre taxi prend la contre allée du boulevard et s’arrête devant le quatrième qui porte le nom de The Monte Carlo.
Devant l’entrée, deux vigiles armés et un grand costaud en costume gris foncé nous accueillent et nous ouvrent la première porte à côté de laquelle une petite pancarte avertit :
Unaccompanied ladies and deadly weapons prohibited
Nous pénétrons dans une sorte de sas. Nous avons droit à une fouille à corps symbolique et à l’ouverture d’une deuxième porte vers un nouveau sas. Cette fois, pas de fouille à corps mais ouverture de la troisième porte qui donne enfin sur l’intérieur du restaurant. C’est une seule grand salle très éclairée. Au premier plan, il y a une dizaine de tables rondes habillées de nappes blanches tombant jusqu’au sol. Quelques-unes sont dressées et un petit nombre de clients y sont installés en train de diner ou de boire des verres. Sur la droite, un bar, une toute petite piste de danse et quatre musiciens philippins qui imiteront parfaitement les Beatles pendant toute la soirée. Au bar, quelques hommes et deux ou trois jeunes femmes « non accompagnées » mais apparemment « autorisées » par la direction. Au fond, en contrebas de deux marches, la partie essentielle de l’établissement, celle qui justifie l’intitulé de l’enseigne lumineuse, la présence des gardes armés et l’existence des chicanes à l’entrée : c’est la partie Jeux. Car il s’agit bien d’un casino. Ici, pas de machines à sous, on comprendra bientôt pourquoi, mais seulement des tables de jeu : roulette, blackjack, craps et baccara. Casino clandestin, car le jeu est interdit aux Philippines depuis quelques années, mais casino quand même. Clandestin certes, mais qui porte fièrement un nom qui ne laisse guère de doute sur son activité. Clandestin bien sûr, mais admis par la police qui doit y trouver son compte. Admis par la police, évidemment, mais qui fait l’objet une ou deux fois par mois d’une descente de police, la dite descente justifiant la disposition des lieux, c’est à dire principalement le sas retardateur qui donne un peu de temps pour transformer les tables illicites en tables de dineurs innocents. L’opération est simple : il suffit de recouvrir chaque table de jeu d’une grande planche adaptée et de recouvrir la planche d’une nappe blanche. Pour améliorer le camouflage, on pourra ajouter quelques couverts et un bouquet de fleurs.
Nous nous asseyons bêtement autour d’une table bien trop grande pour nous trois mais assez pour couvrir je ne sais quel jeu de hasard non encore ouvert. Nous commandons des apéritifs et un diner qui nous sont servis rapidement. A peine mon whisky-soda terminé, il est remplacé par un nouveau sans que je n’aie rien commandé. Le diner n’est pas mauvais du tout, et la musique est excellente, les Beatles, à s’y tromper. Gérard nous propose maintenant de jouer un peu. Ratinet refuse, bien entendu, mais il faut dire qu’il a déjà perdu pas mal, et, qui plus est, sans jouer. Je me risque au Blackjack et je m’en sors honorablement au bout d’une petite demie heure, c’est à dire en n’ayant que peu perdu. Peltier, lui, a gagné, pas une grosse somme, mais quand même assez pour payer quelques verres. Il veut alors m’entraîner au bar pour arroser ça et faire connaissance avec quelques-unes des dames autorisées. J’essaie de lui expliquer gentiment et une fois pour toutes que je ne suis et ne serai pas tenté par ce genre d’aventure. Je vois bien qu’il ne me croit pas, mais pour cette fois, déçu, il n’insiste pas. Lorsque Gérard demande l’addition, on lui fait comprendre que, pour ce soir c’est aux frais de la maison, mais qu’on espère bien nous revoir prochainement. Belle façon de nous rendre membre du club, sans droit d’inscription ni formalités.
Au moment de partir, Ratinet reste introuvable, et je réalise que je ne l’ai pas vu depuis que j’ai commencé à jouer. Au bout de quelques instants, nous le retrouvons assis sur un haut tabouret de bar dans la partie du comptoir la plus éloignée. Ratinet nous tourne le dos de trois quart. Il est totalement absorbé dans la conversation qu’il tient avec une fille qui nous fait face, assise sur le tabouret voisin. (…)
Et c’est là que les ennuis de Ratinet vont vraiment commencer…
La presse :
« Législatives 2024 : 59,39% de participation à 17h, un record depuis 1978… »
Si je me souviens bien, en 1978, les pronostics allaient tous dans le sens d’une victoire de la gauche. C’est cette participation massive qui avait provoqué sa défaite.
Appliquons ce modèle aux conditions d’aujourd’hui et croisons les doigts.