Chapitre XXVIII
Nous apprenons à l’instant la disparition aussi soudaine qu’imprévue de Lorenzo dell’Acqua dont le roman inachevé laissera bien des lecteurs et surtout des lectrices dans la plus profonde désolation. D’après ses proches, il aurait été meurtri par les critiques d’un éditeur connu qui considérait que son œuvre pourtant admirable de sincérité et d’honnêteté n’était qu’une banale autobiographie. Il ignorait que Lorenzo était en accord avec les penseurs les plus modernes de son temps pour qui la fiction était désormais dépassée bien que, selon lui, la frontière entre ces deux genres littéraires avait toujours été floue. « Ecrire, c’est parler de soi, et parler de soi, c’est obscène parce que si on parle de soi de manière transparente, on se déshabille, et si on parle de soi de manière trouble, on se travestit ».
D’après un de ses amis médecin, la disparition de Lorenzo ne pouvait pas être en rapport avec une éventuelle blessure narcissique incapable selon lui d’ébranler sa confiance exagérée en lui. Peu de temps avant son départ, il s’était confié au Rédacteur en Chef du JdC attablé comme tous les matins à la terrasse ensoleillée du Panthéon devant les colonnes de ce vaste édifice funéraire dédié aux héros de notre pays et en particulier à nos écrivains célèbres. Sa famille espérait le voir Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (28)