Archives par mot-clé : Philippe

Un certain goût de chiottes…

Ainsi la voilà, cette affiche scandaleuse et officielle des J.O. 2024 telle qu’elle est exposée en grand au Musée d’Orsay !

C’est vrai que la croix qui surplombe la Cathédrale Catholique Saint-Louis-des-Invalides y a été remplacée par une boule (ou une pointe ou un paratonnerre  ?)  qui n’engage à rien. Bon, d’accord, c’est ridicule, c’est mesquin, en un mot c’est woke, c’est « cancel », mais il va falloir s’habituer à ce genre d’ânerie minuscule et aujourd’hui, ce n’est pas le sujet Continuer la lecture de Un certain goût de chiottes…

Go West ! (29)

(…)« Putain, dis-donc, c’est beau ! »
J’ai reconnu la voix de JP. Lui qui ne sort jamais plus d’une grossièreté par mois n’a pas pu retenir son exclamation. Il ne s’est adressé à personne en particulier, il n’a fait que murmurer, mais tous nous l’avons entendu.  Personne ne lui intime de se taire. Il a dit ce que nous pensions. Il n’y a plus rien à ajouter.

Près de l’endroit où nous avions garé la voiture, il y avait un vieux panneau publicitaire métallique, tout percé d’impacts de balles, qui promettait un vol most spectacular au coeur du Canyon. Le panneau disait : 20 dollars pour un groupe de huit personnes. Comme nous étions six et que les touristes étaient rares, nous montâmes pour 18 dollars dans un monomoteur, sans doute plus vieux encore que le panneau publicitaire mais dont la peinture jaune délavé ne portait pas de trace de balles. Quand le pilote nous rejoignit à bord, il s’installa à la place de gauche, démarra l’avion, commença à rouler sur la piste en terre et, se retournant vers nous avec un grand sourire dit « Accrochez-vous, les gars. Ça pourrait secouer pas mal. » Comme il n’y avait pas de ceinture de sécurité, chacun Continuer la lecture de Go West ! (29)

La Deux-Chevaux

Chronique des années cinquante

 8 – La Deux-Chevaux (rediffusion)

Tout le monde vous le dira : c’était une voiture extraordinaire.

Le toit de notre première Deux-Chevaux était fait d’une toile grise qui commençait sur le haut du pare-brise et s’achevait à la hauteur du pare-chocs arrière. On l’enroulait sur elle-même jusqu’à la vitre arrière pour décapoter la voiture. On la relevait depuis le pare-chocs arrière jusqu’à la custode pour accéder au coffre.

Elle avait quatre portes si souple qu’on aurait pu se les claquer sur les doigts sans se faire de mal. 2cvLa partie supérieure des vitres des portières avant était fixe tandis que la partie inférieure pouvait se relever. Ça permettait de passer négligemment le bras Continuer la lecture de La Deux-Chevaux

Go West ! (28)

(…) Toujours est-il qu’une fois quitté Flagstaff, quelques-uns d’entre nous se mirent où se remirent au shop-lifting. Dans le pillage des indigènes, si je prenais toute ma part, je n’étais pas le plus adroit. Je me souviens très bien d’une humiliation subie dans une station-service où, la Hudson bloquée en sortie de piste par la voiture du garagiste, j’avais dû payer de ma poche un bidon de super-lubrifiant dont nous n’avions même pas besoin. Ridicule !

Peut-être êtes-vous surpris que, depuis que vous et moi sommes arrivés à Flagstaff, je ne vous parle, en dehors de moi-même, que de JP et d’Hervé et que je ne mentionne jamais la présence des trois autres qu’en tant que membres indistincts de notre petit groupe. Pour vous, ces trois-là n’ont pas de nom, pas de prénom, aucun trait de caractère, pas de visage, pas d’habitude ni de façon de parler, rien ; ils ne sont que de silhouettes qui partagent le garage de Bill, les filles et les pique-niques, l’Hudson Hornet et son essence, rien de plus. Et pourquoi cela, vous demandez-vous ? Eh bien, parce qu’ils Continuer la lecture de Go West ! (28)

Il a eu raison le Premier 

Ukraine – 734ème jour

Il est grand temps en effet de rappeler les accointances du Rassemblement National avec la Russie en général et avec celle de Poutine en particulier. Le RN, quoiqu’il en dise lui-même et quoique Luc Ferry en ait encore dit avant hier sur LCI, est un parti d’extrême droite, et s’il n’est plus négationniste, ce n’est sans doute que par indifférence ou opportunité. Mais par atavisme, par goût, il reste pro-russe, pro-dictature, pro-Poutine. 

Il a eu raison, le Premier, de dire en pleine Assemblée Nationale que « Si vous aviez été élue, Madame Le Pen, on ne serait pas en train de fournir des armes aux Ukrainiens pour se défendre, mais on serait en train de fournir des armes à la Russie pour écraser les Ukrainiens » même si l’accusation parait forte de café. 

Il est grand temps effectivement de le mettre au pied du mur, ce parti, en l’accusant franchement et directement de collaboration avec le Kremlin dans l’affaire ukrainienne. Il a raison, le Premier Ministre, les périphrases ne peuvent plus être de rigueur ni les fleurets mouchetés. Le RN est pro-Russe, c’est évident, tout le monde le sait parfaitement, et surtout ses sympathisants. Et quand on me parle de Pro-Russe, qu’on ne me parle Continuer la lecture de Il a eu raison le Premier 

Go West ! (27)

(…) Si ce que le père de Meg avait obtenu pour nous nous emplissait d’aise, je pense aujourd’hui qu’il ne devait pas être moins satisfait de voir la petite bande de sneaky frenchmen quitter la bonne ville de Flagstaff. Je me demande même si, pour être certain de nous voir partir, il ne serait pas allé jusqu’à nous l’offrir, cette voiture, quitte à ouvrir une souscription auprès des autres parents de Flagstaff.
Les papiers furent signés le lendemain matin. Nous décidâmes de partir pour le Grand Canyon le soir même.
Mais avant de prendre la route, il faut que je dise comment j’étais devenu propriétaire d’un revolver.

C’est sans doute la chasse, qu’avec ou sans fusil j’avais pratiquée depuis mon enfance, puis ma passion pour les westerns qui avaient développé chez moi un goût certain pour les armes. Je savais qu’en Arizona la vente en était libre et je m’étais promis d’en rapporter une à mon retour en France. Lors d’une visite en curieux chez un armurier de Flagstaff, j’avais repéré un revolver d’occasion. « C’était un Colt Police Positive Special de calibre 38, autrement dit un P .38, m’avait expliqué l’armurier, revolver à double action, un modèle créé spécialement pour la police et fabriqué jusque dans les années 40 ». Le précédent propriétaire en avait scié le canon si bien qu’il n’en restait plus que trois ou quatre centimètres et que la lettre C de « Colt » avait disparu. L’arme, lourde et compacte, était d’un noir luisant avec, à l’extrémité du canon scié, quelques reflets cuivrés. Elle faisait sérieux, je fus séduit. Nous conclûmes la vente pour vingt-deux dollars avec en prime Continuer la lecture de Go West ! (27)

Les disparus de la rue de Rennes (sixième extrait)

Résumé des chapitres précédents

Une partie non négligeable de la rue de Rennes étant portée disparue, pour éviter le scandale et ne pas risquer de perdre la face devant ses électeurs, Madame Hidalgo a choisi la seule solution politiquement efficace : ne rien faire.

6- La vengeance de Cottard

Où l’on pourra vérifier que la vengeance est un plat qui se mange enveloppé dans du papier journal.

Oui, mais voilà ! Madame La Maire avait compté sans la rancune de Cottard. Il en avait gros sur le cœur, le Cottard. Non seulement il avait réalisé que lorsque ses collègues prononçaient son patronyme en dehors de sa présence, ils le faisaient toujours précéder de « ce con de », mais encore, la façon dont il avait été mis à l’écart de l’affaire de la rue de Rennes l’avait mortifié. Il avait donc décidé de se venger et c’est pour cela qu’il avait déposé Continuer la lecture de Les disparus de la rue de Rennes (sixième extrait)

La colère, l’impuissance et l’angoisse

Ukraine – 730ème jour

Mon café, ce matin, ce sera les Deux Magots.

Ça commence à faire longtemps que j’ai réduit la production du JdC en annulant mes Rendez-vous à cinq heures, en arrêtant les chroniques, les Critiques aisées, les Tavussa et les Nouvelles du front et en réduisant au minimum les réponses aux commentaires et autres provocations. Il faut bien le dire, ça nous a fait à tous un bien fou !
Mais ça fait presque aussi longtemps que mon esprit polémique souffre de garder pour lui ses pointes et ses flèches, ses coups de cœur et ses colères.
J’en suis arrivé au point où je ne peux plus supporter le silence que je me suis imposé. Je n’en peux plus de supporter sans moufter, comme disait mon père, ce que je vois, ce que je devine, ce que j’entends et surtout ce que je n’entends pas sur ce qui se passe autour de nous depuis deux ans et qui se précise davantage chaque jour. Je n’en peux plus de ne pas exprimer ma colère.

Bien sûr, tout ce qui se passe autour de Continuer la lecture de La colère, l’impuissance et l’angoisse

Les disparus de la rue de Rennes (cinquième extrait)

Résumé des chapitres précédents

Devant la disparition inexpliquée de toute une section de rue de Paris, Madame la Maire se demande à qui elle pourrait bien faire porter le chapeau.

5- Si j’aurais su, j’aurais pas venu

Où l’on verra un ex-député de la Corrèze, mais pas celui qu’on pourrait croire, inspirer Anne Hidalgo.

Pourtant, plus elle réfléchissait, plus elle se rendait compte que taire cette affaire était devenu impossible. Trop de monde était désormais au courant : les fonctionnaires de la Mairie parmi lesquels il pouvait toujours rester quelques supporters de l’opposition, les personnes dont les témoignages figuraient dans le rapport de Ratinet, les badauds qui avaient assisté à la stupide visite d’aujourd’hui et parmi lesquels il y aurait bien au moins un journaliste, ou un ami de journaliste, ou un informateur de journaliste, enfin quelqu’un qui parlerait à un journaliste !

De plus en plus consciente de l’impossibilité d’étouffer l’affaire, consciente également de la grande difficulté qu’il y aurait à la faire endosser par l’opposition, Madame la Maire arriva dans son bureau dans un état de nerfs extrême. Après avoir fracassé le portrait officiel du Président de la République contre un radiateur, elle convoqua Hubert Lubherlu à qui elle Continuer la lecture de Les disparus de la rue de Rennes (cinquième extrait)

Go West ! (26)

(…) Une fois dehors, je me suis penché dans la voiture.
— Je suis vraiment désolé, tu sais. Je ne pensais pas que…
— Je vais les tuer, ces filles, m’a interrompu Tavia en faisant rugir le moteur.
Et puis, elle a démarré en trombe en grillant le feu rouge. Je ne l’ai jamais revue.
J’aurais aimé qu’elle me rassure, qu’elle me dise que ce n’était pas ma faute, qu’elle ne m’en voulait pas, mais elle ne l’a pas fait. Elle m’a juste dit « Je vais les tuer, ces filles ».
De toute façon, je ne l’ai jamais revue, Tavia, alors…

J’aurais pu la revoir, Tavia, mais ça ne s’est pas fait. Je suis sûr que j’aurais pu la revoir mais il aurait fallu pour ça que je reste encore un peu dans la ville. Ce qui est certain c’est que j’aurais au moins essayé. Nos premières heures ensemble avaient quand même créé un sacré degré d’intimité et il s’en était fallu de peu pour que… bon enfin, pour que nous nous connaissions mieux. Si j’arrivais à la revoir, notre « amitié » ne partirait pas de zéro. Je trouvais que je n’avais pas trop mal manœuvré dans cette histoire, et il aurait été dommage de renoncer à cet investissement sans même tenter à nouveau ma chance. Bon, d’accord, finalement, nos débuts avaient été assez pénibles, surtout pour Tavia, et ça avait dû laisser quelques traces chez elle. Je ne sais pas comment elle avait pu se débrouiller pour rentrer chez ses parents à neuf heures du soir, seulement vêtue d’une chemise d’homme et d’une vieille couverture enroulée autour de la taille, les pieds en sang et les cuisses zébrées de griffures. Je sais que les filles sont très fortes pour justifier ce genre de situation invraisemblable ; c’est en tout cas ce que nous apprennent les comédies hollywoodiennes et les pièces de boulevard françaises. Mais la crédulité des parents a ses limites et ça n’avait sûrement pas été facile. J’aurais admis volontiers et sans vrai dommage pour mon amour propre que la demoiselle ne veuille plus entendre parler de moi. Mais, bon, ça valait le coup d’essayer.
Seulement voilà, Continuer la lecture de Go West ! (26)