HHH NYC USA (Extrait)

Mid-town New-York
Onzième étage de la tour HHH
Salle 1101 du département Sales & Marketing

La réunion bimensuelle des neuf directeurs commerciaux des laboratoires Hampton-Hartford-Huge.  Harry Weissberg, l’un des neuf, arrive en retard. Pas de chance, le grand patron, Geronimo Huge, G.H. est là.

(…)
Harry fait un pas dans la salle. Il n’a pas vu G.H., à moitié caché par le battant de la porte.

— Salut, les filles ! Oh ! Pardon, Mary ! Je recommence : Bonjour, Messieurs !

Dick Hullby s’agite sur son siège.

il y va un peu fort, Harry ; si c’est ça l’humour juif, ça manque un peu de classe ; je suis pas sûr que G.H. apprécie

— Excusez le retard… problème d’ascenseur…désolé…

Il ouvre un peu plus la porte de la salle qui vient heurter les pieds de Geronimo.

 merde, pas de chance, le grand Manitou est là !

Harry s’incline avec une cérémonie légèrement moqueuse devant le Président de la Compagnie et, d’une démarche un peu raide, il va s’asseoir à coté de Dunbar.

 Richard Dunbar

La région de Richard Dunbar, c’est SOUTH USA. Richard est d’origine écossaise, mais il est né à Savannah, comme son grand-père, son père et sa mère. Il a cinquante et un ans et il habite Roosevelt Island, entre Manhattan et le Queens. Son grand plaisir le matin pour se rendre à son bureau, c’est de prendre le téléphérique au-dessus de l’East River. Quand il est dans la cabine qui oscille silencieusement dans le soleil, dans la brume ou sous la pluie, il regarde à chaque fois avec la même émotion les façades des immeubles de Manhattan avancer lentement vers lui. Une fois arrivé à la gare de la 2ème Avenue, il salue Khan, le vendeur ambulant de la 59ème, lui achète un café géant dans un gobelet en carton et se rend à pied jusqu’à Madison. Mais il sait qu’il va bientôt devoir quitter son ile, si calme et en même temps si proche de la fièvre du cœur de la ville. Il est en instance de divorce et la procédure est loin d’être amiable. La pension alimentaire qu’il va devoir verser à sa femme, le partage de leurs quelques biens, les frais d’université de leur dernière fille, tout cela ne lui permettra pas de garder son appartement avec vue sur Manhattan par-dessus la rivière. Mais aujourd’hui, les soucis de Dunbar ne se limitent pas à sa future ex-femme. Depuis presque un an, la région SOUTH ne donne plus ce qu’elle devrait donner. A moins que ce ne soit Dunbar qui ne donne plus ce qu’il devrait donner. Les résultats sont mauvais, de plus en plus mauvais. Bob l’a déjà convoqué une fois à ce sujet. C’était il y a deux mois. Richard s’en est sorti tant bien que mal avec quelques promesses d’amélioration rapide. Mais vendredi dernier, il a pris l’ascenseur avec Huge. Après lui avoir demandé joyeusement des nouvelles de sa femme — personne au bureau ne sait rien de son divorce — et de ses dernières vacances, G.H. lui a dit :

— Ah, Richard, à propos, si vous avez cinq minutes, passez donc me voir après la grand’messe de lundi prochain. Vous êtes libre ? Parfait, on fumera un cigare ensemble. Vous fumez toujours le cigare ?

Dunbar n’a jamais fumé de sa vie. Depuis cette cordiale invitation, Richard a passé un très mauvais week-end.

(…)

Ces lignes sont extraites de « HHH, NYC, USA », cinquième nouvelle du recueil qui porte le titre « Histoire de Noël et autres contes cruels » et que vous pourrez trouver en livre broché ou sous format numérique Kindle sur Amazon.fr en cliquant sur l’image ci-dessous : 

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