Un certain goût de chiottes…

Ainsi la voilà, cette affiche scandaleuse et officielle des J.O. 2024 telle qu’elle est exposée en grand au Musée d’Orsay !

C’est vrai que la croix qui surplombe la Cathédrale Catholique Saint-Louis-des-Invalides y a été remplacée par une boule (ou une pointe ou un paratonnerre  ?)  qui n’engage à rien. Bon, d’accord, c’est ridicule, c’est mesquin, en un mot c’est woke, c’est « cancel », mais il va falloir s’habituer à ce genre d’ânerie minuscule et aujourd’hui, ce n’est pas le sujet de ma chronique de vieux con. Et puis, quand vous aurez vu ce qu’ils ont fait à la Tour Eiffel et à l’Arc de Triomphe !

Le sujet, c’est que cette affiche est presque aussi hideuse que la mascotte des phryges (voir ci-dessous mon article du 15/11/2022) mais aussi largement aussi moche qu’une affiche pour la fête foraine d’Evry-Ville-Nouvelle qui aurait été dessinée par le beau-frère du propriétaire du manège d’auto-tamponneuses.
Il est patent que ledit beau-frère a dû s’inspirer du château de Schreck sans se rendre compte bien sûr que ce dessin animé était une parodie. Car le problème, c’est que ce n’est pas une de parodie, cette affiche, et la preuve, c’est le cartel qui la présente aux visiteurs ébahis du Musée d’Orsay et dont je vous livre un extrait : « (…) c’est ce qu’incarne ces affiches représentant une ville-stadium où l’olympisme et le paralympisme s’entremêlent. (…) Ces affiches officielles ont été imaginées comme une flânerie dans un univers coloré et festif, foisonnant de détails et micro-histoires (…) »
L’essentiel, vous le reconnaîtrez, c’est d’avoir réussi à caser le mot « festif ». Dommage quand même qu’il manque la locution « le vivre ensemble ». Par ailleurs, l’absence des mots « convivial » et « populaire » a de quoi surprendre. Cette affiche est un Las Vegas cauchemardesque, un Disney World rétrograde, une bande dessinée vulgaire. On soupçonne que c’est le comité déjà père de la mascotte qui a adopté cette affiche.
Ah! Cette hantise d’être ringard !

Accablé, je suis resté longtemps assis sur un banc de pierre du musée à contempler la chose. Elle a fini par me faire penser à ces sets de table en papier que l’on place dans certains restaurants devant les moutards impatients pour qu’ils y dessinent leurs lamentables gribouillages en attendant l’arrivée de leur menu enfant avec ketchup à volonté et boisson non alcoolisée au choix.
Mais finalement, non. Buffalo Grill n’aurait jamais accepté un tel dessin. Il donne trop envie de vomir.

 

Anerie olympique
( article paru dans le JdC le 15 novembre 2022)

Le Comité Olympique, la Ville de Paris ou je ne sais quel autre Comité Théodule à la con a finalement choisi comme gadget—emblème—mascotte—produit-dérivé de l’imminente catastrophe parisienne la petite chose étrange que je vous montre ci-dessous.

Pour moi, cela ressemble à un poulet rouge aux dents jaunes portant des chaussures de basket, tandis que pour d’autres ce serait plutôt un alien rigolard, dubitatif et subaquatique :

Twitter m’a confié que pour certains, ce serait incontestablement un clitoris sur pattes.

Mais il parait qu’en réalité, tout au moins dans l’esprit de ses créateurs,  c’est un bonnet phrygien. On remarquera qu’il a été mollement antropomorphisé pour tenter d’attendrir le supporter hagard, anxieux de rapporter à la maison un échantillon du vrai chic parisien.
Mais tout ça, c’est des méchanteries car, comme l’a dit et même écrit le dit Comité : le bonnet phrygien a été « choisi comme allégorie à la liberté ».

Moi, à ce comité, je voudrais juste rappeler deux choses :

La première, c’est que quand, pour faire cultivé, on veut placer dans son discours promotionnel le mot « allégorie », il vaut mieux dire « comme allégorie de la liberté » plutôt que « comme allégorie à la liberté »

La seconde, c’est que la mythologie grecque nous a enseigné depuis longtemps que ce bonnet phrygien a été inventé par le roi Midas pour une raison bien déterminée : cacher les oreilles d’âne qu’Apollon lui avait fait pousser sur le crâne pour le punir d’avoir critiqué sa façon de jouer de la lyre. Le choix de ce bonnet serait-il, de la part du Comité, une allégorie de ou une référence à la bêtise humaine  ?

Une réflexion sur « Un certain goût de chiottes… »

  1. Ben, moi je la trouve pas mal cette affiche. Tout en respectant les contraintes imposées par le CIO (pas de signes nationalistes, religieux, genrés, etc), elle présente toutes les disciplines qui seront disputées, y compris les jeux paralympiques (présence de l’Angleterre où s’y disputèrent les premiers), son style est plus populaire que celui « martial » des précédents jeux (type ceux de 1936 à Berlin de sinistre mémoire). Je vois donc cette affiche comme un puzzle qui raconte une histoire dépoussiérée, dans l’air du temps. Elle captivera les enfants, c’est déjà pas si mail. La mascotte sinon est ridicule, je l’admets, mais là encore soyons indulgents. Le sport est populaire, ce n’est pas la culture élitiste.

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