Naissance d’une dictature

Soyez attentifs. Regardez autour de vous. Picorez quelques nouvelles à la télévision, dans les journaux. Un petit nombre suffira. Prenez des notes. Écrivez un journal intime. Vous pourrez le montrer plus tard à vos petits-enfants pour leur prouver que vous avez été les témoins avertis d’un évènement majeur.
Car, en ce moment même, retransmis en direct depuis le coeur de la première puissance mondiale, nous assistons à la naissance d’une dictature. 

Nous connaissions déjà les idées de Donald Trump sur l’immigration, l’administration, l’écologie, la vérité, le système, les élites, la justice, la politique étrangère, la Continuer la lecture de Naissance d’une dictature

Go West ! (59)

(…) Sitôt le bitume quitté, le pick-up se mit à tanguer et à rouler. L’enfer s’était déchaîné : à l’arrière, quelque chose de lourd et de métallique se mit à cogner sur le plancher et sur les bords du plateau ; dans les passages de roue et sous la carrosserie, des milliers de cailloux venaient mitrailler la tôle tandis qu’une tempête de sable s’installait à l’intérieur de la cabine. Vers l’avant, la voiture poussait la lueur de ses phares de part et d’autre de doubles traces zig-zaguantes qui se chevauchaient, se coupaient et se recoupaient les unes les autres avant de disparaitre sous la voiture. J’étais aux anges. J’étais même tellement heureux que je poussai un long cri de cow-boy : Yahooo !

Surexcité, je braquai légèrement sur la gauche pour quitter la piste dans un long virage. Sous moi, il n’y avait plus de traces mais un immense terrain vierge, fait de cailloux, de sable et de petites plantes desséchées, un espace où l’homme n’avait probablement jamais mis une roue. Tout à coup, sur toute la largeur de mon champ de vision, apparurent comme de larges marges irrégulières et incurvées. Elles descendaient vers une partie plus plate et plus large encombrée de cailloux et de petits rochers. En un éclair, je devinai que je fonçais vers un arroyo à sec, un de ces torrents du désert qui se forment en quelques instants à l’occasion d’un orage et se creusent un lit dans le sable pour y disparaitre en quelques jours. De l’autre côté de l’arroyo, une petite falaise abrupte Continuer la lecture de Go West ! (59)

LES DISPARUS DE LA RUE DE RENNES (Extrait)

Résumé des chapitres précédents

Une quarantaine d’immeubles de la rue de Rennes (75006) semble avoir disparu sans que l’on ne sache ni quand, ni pourquoi, ni comment. Le rapport que Roger Ratinet a établi ne satisfait pas, mais alors pas du tout, Anne Hidalgo, Maire de Paris.

3- Les parapluies de Saint-Germain

Où l’on verra le Conseil Municipal se transporter, et où l’on comprendra qu’il n’aurait pas dû.

Tout fut bientôt découvert, et l’on sut très vite que Cottard avait endossé le rapport de son subordonné pour se faire valoir, et que Ratinet avait constaté les faits à la fin juin de l’année précédente, soit plus de sept mois auparavant. Bien que ce délai ne fût pas considéré comme anormal, on contraignit Ratinet à réécrire son rapport en remplaçant partout juin 2022 par mai 2023.

Dans un premier mouvement qu’elle ne devait pas tarder à regretter, Madame la Maire convoqua pour la fin du mois une réunion extraordinaire du Conseil Municipal. Celui-ci mit aux votes une motion selon laquelle il se transporterait sans tarder sur les lieux du drame. La motion Continuer la lecture de LES DISPARUS DE LA RUE DE RENNES (Extrait)

Go West ! (58)

(…) Il avait un but, Tom, un plan dans sa tête : remettre en marche la machine à piston libre, repartir à La Jolla en automne pour passer un master en géophysique, revenir travailler trois ans à la Belridge pour lui rembourser ses études… cinq ans tout tracés. Pour ce qui est de Laureen, sa petite amie, elle ne faisait pas partie du plan, du moins pas consciemment. On verrait plus tard…plus tard… l’étranger surement, le pétrole… Aramco peut-être, l’Arabie Saoudite, ou alors l’Irak, l’Iran… le monde…
Et moi, mon plan, c’était quoi ?

Si j’avais un peu de chance, entrer à l’École des Mines, aux Ponts, à Centrale… l’une ou l’autre, quelle importance ? Et après ? Après ? On verrait bien. De toute façon ce serait facile, sans effort. Mais avant ça ? Demain, la semaine prochaine ? Revoir Patricia ? Coucher avec elle pendant une semaine, quinze jours ? Et après ? Rentrer en France, amoureux triste et résigné ? Reprendre la drague éternelle ? Raconter ses aventures américaines à des amis qui se lasseront vite de les entendre ? Lamentable… presque pathétique. Je suis un Holden Caulfield attardé, un Vigny matérialiste… Pas de futur, pas de futur voulu en tout cas.
Il a de la chance Tom, il a un futur, lui, un futur qu’il voit, et même si Laureen Continuer la lecture de Go West ! (58)

Pourquoi y a-t-il Trump au lieu de rien ?

 Je reconnais que le titre que j’ai choisi pour cette chronique ne veut pas dire grand-chose et je ne voudrais pas qu’on pense que j’assimile Kamala Harris à “rien“. Mais premièrement, je trouve l’aphorisme plaisant dans sa forme, deuxièmement, dans l’étude des errements humains, Leibniz est quand même une référence, et troisièmement, la question mérite d’être posée dès maintenant, parce que dans peu de temps elle aura perdu tout intérêt.

Donc, pourquoi y a-t-il Trump au lieu de rien ?

Le tableau suivant nous vient de Edison Research. Je l’ai piqué dans le Figaro. Quand on se donne la peine de l’examiner quelques instants, la réponse saute aux yeux. Continuer la lecture de Pourquoi y a-t-il Trump au lieu de rien ?

Divan le Terrible

Lucien Guitry eut de nombreuses maitresses, au point qu’on l’appelait « Divan le terrible“. Il était colérique et parfois violent, en paroles en tout cas. Un jour qu’il était en colère contre sa maitresse, qu’il avait beaucoup crié et en était arrivé au point de faire mine de la gifler, elle se mit à pleurer de frayeur. Alors, il lui dit : « Mais n’aie pas peur ! Je suis là ! »

Rapporté par Michel Simon, lors d’une interview donnée à Montréal en 1967. 

Go West ! (57)

(…) j’ai les yeux fermés mais je sais que ce n’est pas la nuit ; ce n’est même que la fin de l’après-midi ; dehors, on entend des voitures qui passent, des piétons qui parlent ; je sens un corps collé contre le mien ; il a épousé sa forme ; je sens son dos, ses reins, ses cuisses ; sa tête est légère sur mon bras gauche étendu en travers du lit ; ses cheveux agacent mon nez ; son odeur m’émeut ; mon bras droit est passé sous le sien et ma main enveloppe un petit sein ; sa douceur me bouleverse ; Patricia, Patricia, enfin… ; elle dort ; nous avons fait l’amour ; je la désire encore, mais je veux la laisser dormir ; je l’aime ; je suis détendu ; je pèse sur la terre ; je la ressens sous moi, sous le lit, sous l’hôtel ; elle tourne, je peux le sentir ; je suis bien ; je suis amoureux ; je ne pense à rien, même pas au fait que demain, Patricia partira. À rien… et je me rendors.

J’ai ouvert les yeux. Se détachant sur le mur encore noir, les deux vitrages de la fenêtre à l’anglaise sont gris clair. C’est le jour qui se lève. Tout de suite, je me souviens de Patricia et de son corps contre le mien mais je sais qu’il n’est pas là. Pourtant, tout à l’heure, sa présence dans mon lit n’était pas un rêve, sinon je l’aurais déjà oubliée. C’était le résultat d’un effort de ma mémoire, peut-être ce que l’on appelle un songe éveillé, un rêve où l’on s’efforce et où parfois on arrive à orienter le cours de son développement. Je tente de poursuivre le mien, mais comme un Continuer la lecture de Go West ! (57)

LORENZO, LE RETOUR

A notre plus profonde tristesse, le grand photographe était muet depuis plus de 248 semaines. De nombreux admirateurs le suppliaient d’exposer à nouveau ses magnifiques chefs d’œuvre mais rien n’y faisait ! Non, le photographe vivait reclus dans sa retraite là-bas sur une plage ensoleillée de l’île de Ré. Même la proposition de Philippe de faire éditer ses ouvrages par une célèbre enseigne en ligne, même la proposition généreuse de Roland Barthes, un intime de la grande famille des psychanalystes, de lui ouvrir les pages de la Revue des Deux Génies, Continuer la lecture de LORENZO, LE RETOUR