Résumé des chapitres précédents
Une quarantaine d’immeubles de la rue de Rennes (75006) semble avoir disparu sans que l’on ne sache ni quand, ni pourquoi, ni comment. Le rapport que Roger Ratinet a établi ne satisfait pas, mais alors pas du tout, Anne Hidalgo, Maire de Paris.
3- Les parapluies de Saint-Germain
Où l’on verra le Conseil Municipal se transporter, et où l’on comprendra qu’il n’aurait pas dû.
Tout fut bientôt découvert, et l’on sut très vite que Cottard avait endossé le rapport de son subordonné pour se faire valoir, et que Ratinet avait constaté les faits à la fin juin de l’année précédente, soit plus de sept mois auparavant. Bien que ce délai ne fût pas considéré comme anormal, on contraignit Ratinet à réécrire son rapport en remplaçant partout juin 2022 par mai 2023.
Dans un premier mouvement qu’elle ne devait pas tarder à regretter, Madame la Maire convoqua pour la fin du mois une réunion extraordinaire du Conseil Municipal. Celui-ci mit aux votes une motion selon laquelle il se transporterait sans tarder sur les lieux du drame. La motion fut votée triomphalement à l’unanimité, moins les voix de l’opposition bien entendu.
Le jour où les édiles devaient se rendre sur place, il pleuvait. La veille, on avait disposé des barrières tout le long du parcours que devaient emprunter les officiels et on avait enlevé toutes les voitures en stationnement dans un rayon de quatre-cents mètres autour de l’église Saint-Germain des Prés. Vers 15 heures, les grosses voitures noires commencèrent à arriver sur la place. Les passagers en descendaient et se précipitaient vers le trottoir, courbés sous la rafale en tentant de déplier un parapluie rebelle. Sans qu’ils se soient concertés, les membres de la majorité se retrouvaient tout naturellement devant la terrasse des Deux Magots, tandis que l’opposition se regroupait sur le parvis de l’église. La pluie tombait, les voitures noires fumaient, les parapluies oscillaient, les silhouettes sombres piétinaient devant la porte de l’église. On aurait dit un enterrement de notable. L’illusion fut complète quand le clocher commença à égrener les quatre coups de 16 heures. Vingt minutes plus tard, les badauds qui affrontaient le mauvais temps sur le boulevard eurent le privilège d’assister à un étrange spectacle : précédé d’une voiture à gyrophare bleu, un petit groupe de cyclistes venant de la rue des Saints-Pères apparut au loin sur le boulevard désert. Il était composé de six vigoureux jeunes gens de la police municipale à VTT encadrant en formation une Maire encapuchonnée et juchée en danseuse sur une bicyclette hollandaise. Rompant la parfaite symétrie du tableau, un homme en costume sombre détrempé courait à côté de la vélocipédiste en luttant contre le vent pour maintenir au-dessus de la tête de la dame un gigantesque parapluie de golf marqué aux armes de la ville.
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Les disparus de la rue de Rennes
C’est la panique à la Mairie de Paris : alors qu’il procédait à un contrôle de routine, Roger Ratinet, agent municipal affecté à la vérification de la conformité des plaques de rue à la parité homme/femme a découvert que toute une section de la rue de Rennes avait disparu. Eh oui ! Disparu ! Comme ça, en plein Paris, sans qu’on puisse savoir ni quand, ni pourquoi, ni comment. Trois cents mètres de rue, une quarantaine d’immeubles ! Rien que ça ! Introuvables ! Ça fait désordre, non ? Bien sûr, il a fallu en informer Madame Hidalgo. « Comment ! Comment ! a explosé la Maire en furie. Plus de trois cents mètres de rue disparaissent en plein milieu de Saint Germain des Prés et personne n’est fichu de me dire où ils sont passés ! »
L’affaire est encore secrète, mais le scandale couve et, bientôt, la presse s’en mêle, et aussi Cottard, le chef de bureau jaloux de Roger Ratinet, et puis Yvonne, l’épouse de Roger Ratinet. Comme d’habitude, le Dir.Cab de la Maire, Hubert Lubherlu est dépassé.
Heureusement, Anne Hidalgo est solide ; en matière de scandale, elle en a vu d’autres. Mais survivra-t-elle à celui-ci ? Rien n’est moins sûr.