Archives de catégorie : Citations & Morceaux choisis

Nighthawks 1

Première diffusion : 7/09/2019

Nighthawks est probablement le tableau de plus célèbre d’Edward Hopper (1882-1967). Les commentateurs s’accordent en général pour dire que ce tableau, peint en 1942, est une représentation de la solitude et de l’aliénation de l’individu dans la société américaine.

Pourtant cette interprétation est loin de faire l’unanimité chez les spécialistes et plus particulièrement chez les gardiens de musée, surtout depuis qu’un jeune chercheur de l’Université d’Hawal-Bumpil-On-The-Gange a retrouvé dans l’un des containers qui renferment les documents en instance de classement du Whitney Museum de New York une série de croquis qui mettent en évidence les hésitations du maître quant à la signification de son œuvre majeure. Voici le premier d’entre eux qui exprime le désarroi pathétique de la femme devant l’absurdité du temps qui passe en même temps que l’assurance insolente de l’homme devant l’absurdité de la femme.
Nota bene : Avant d’envoyer des insultes à la Rédaction, rappelez vous que c’est Hopper qui pense et que nous sommes en 1942

 

ANTIOCHOS EST INQUIET (Extrait)

Antiochos le troisième, dit le Grand, dit le Magnanime, Mégas Basileus, Roi de Pergame, Souverain de la Grande Syrie, Suzerain de toutes les tribus qui voyagent sous son Auguste Protection entre les rives de la mer infinie du Couchant et les sommets enneigés du Levant, Sublime Inspirateur des Arts et des Sciences, Général infaillible des armées innombrables, Antiochos est inquiet.

Antiochos est inquiet parce que le Sage est mort. Celui qui annonçait les éclipses de lune et de soleil est mort, brusquement, sans laisser de testament, sans laisser de prophétie. Alors Continuer la lecture de ANTIOCHOS EST INQUIET (Extrait)

Breaking news

Il y a dans la Recherche du Temps Perdu un personnage, Monsieur de Norpois, qui sait tout, selon lui, des usages et du parler diplomatiques. Pour lui, la diplomatie consiste essentiellement à « préparer l’opinion », et c’est ainsi que :

« (…), à la veille de la déclaration de guerre, en 1870, quand la mobilisation était presque achevée, M. de Norpois (restant dans l’ombre naturellement) avait cru devoir envoyer à ce journal fameux, l’éditorial suivant :
« L’opinion semble prévaloir dans les cercles autorisés que, depuis hier, dans le milieu de l’après-midi, la situation, sans avoir, bien entendu, un caractère alarmant, pourrait être envisagée comme sérieuse et même, par certains côtés, comme susceptible d’être considérée comme critique. M. le marquis de Norpois aurait eu plusieurs entretiens avec le ministre de Prusse afin d’examiner dans un esprit de fermeté et de conciliation, et d’une façon tout à fait concrète, les différents motifs de friction existants, si l’on peut parler ainsi. La nouvelle n’a malheureusement pas Continuer la lecture de Breaking news

POINTS DE VUE (Extrait)

Points de vue°4

Longtemps, je me suis assis de bonne heure à la terrasse de cet établissement de la rue Gay-Lussac pour y déguster ma première coupe de champagne dans laquelle je laissais s’amollir une petite madeleine dorée et joufflue parmi les fines bulles qui montent en colonnes élégantes et spiralées dans ce breuvage aristocratique. Ce matin-là, je pensais à la morne journée qui s’étendait devant moi presque à l’infini et me séparait encore du souper que donnait ce soir la comtesse Greffulhe, quand une voiture à chevaux vint s’arrêter devant ma table, obstruant ma vue sur les jeunes filles en fleurs qui, à cette heure matinale, descendent en cortège vers le Luxembourg en faisant virevolter leurs ombrelles multicolores.

La voiture était conduite par un de ces hommes du peuple, de ceux que l’on nomme Fort-des-Halles et dont les muscles sont Continuer la lecture de POINTS DE VUE (Extrait)

Jacob Collier, vous connaissez ?

Bonjour,
Il fait beau chez vous ce matin ? Ici, ça va, merci.
Bon ! Jacob Collier…
Il y a des trucs comme ça, des trucs que je trouve par hasard, des trucs qui m’emballent. Et je ne peux pas m’empêcher de vous le faire partager. Attention, on n’est pas chez YouTube ici et vous avez peu de chances d’y voir de jolis petits chats tomber dans des baignoires (rassurez-vous, ça nage très bien un petit chat) ou des engins de chantier tomber dans des ravins. En général, ce sont plutôt des trucs musicaux qui me poussent irrésistiblement à partager. C’est le cas cette fois-ci : Jacob Collier

Jacob Collier, né le 2 août 1994 est un multi-instrumentiste, chanteur, arrangeur et compositeur britannique. Son instrument favori, c’est la salle. Donnez-lui une salle de concert, remplissez-là de 500, 1000, 2000 ou 5000 personnes, des gens ordinaires, pas des invités, des gens qui paient leur place, des gens pas spécialement préparés, pas spécialement musiciens, et voyez/écoutez ce qu’il en fait. Fantastique.

 

 

 

Aussi con qu’un Woke

Après l’interdiction des pailles en papier, un autre sujet urgent et primordial a été traité par le Grand Inquisiteur Trump. Désormais, certains mots ou certaines locutions devront être évités ou, pour certains, bannis des documents fédéraux. Une démarche symétrique inverse à celle pratiquée par le Wokisme.  En voici une première liste ( vous remarquerez que le mot ‘ridicule’ n’est pas interdit ; alors, ne vous gênez pas.)

    • accessible
    • activism
    • activists
    • advocacy
    • advocate
    • advocates
    • affirming care
    • all-inclusive
    • allyship
    • anti-racism

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Les mots de Sartre

Je n’ai jamais aimé Jean-Paul Sartre. Le laid petit magot sûr de lui, adulé par la Paroisse de Saint Germain des Prés et au-delà, me déplaisait énormément, et pas seulement pour ses opinions politiques. Bien sûr, à dix-sept ans, j’avais aimé Le Mur. Ah ! L’Enfance d’un chef ! Un peu plus tard, Huis clos. Ah ! Magnifique Michel Auclair dans Huis Clos ! Ah ! C’était donc ça “L’enfer, c’est les autres“, et puis Les Mains sales… Ah ! Pierre Brasseur dans les Mains Sales !

Mais aussi, l’Union Soviétique déguisée, Billancourt à ne pas désespérer, les Intellectuels à terroriser, ça ne me plaisait pas, ça ne collait pas avec mon anticommunisme secondaire. Donc, je n’ai plus Continuer la lecture de Les mots de Sartre

Rhapsody in blue

Quand j’ai 39° de fièvre, quand, lassé par l’uniformité des séries télévisées, je navigue, ou plutôt, me laisse glisser sur YouTube et qu’après vingt-huit minutes de chutes d’arbre sur des toits de maisons, d’effondrement de murs en cours de construction, d’invraisemblables accidents de voitures, de phénoménales avalanches, quand je tombe sur une « Rhapsody in blue » donnée en concert par l’orchestre de Lyon avec au piano, une jeune et jolie concertiste enthousiaste, alors j’envoie au diable toutes les videos de mini-catastrophes et de maxi-incidents, et je regarde et j’écoute trois fois de suite cette magnifique séquence musicale.

J’ai toujours aimé Rhapsody in blue, je l’aime encore, et encore plus depuis que le skyline de Manhattan en est devenu l’image associée. 

Je ne connais rien à la musique et encore moins, c’est à dire moins que rien, à la musique sérieuse, la musique classique, la grande musique.  De mauvaises langues pleines d’esprit — les mauvaises langues ne sont supportables que si elles sont pleines d’esprit — diront que Continuer la lecture de Rhapsody in blue

LES DISPARUS DE LA RUE DE RENNES (Extrait)

Résumé des chapitres précédents

Après un vote unanime, moins les voix de l’opposition, le Conseil Municipal, Maire en tête, s’est rendu sur place et sous la pluie pour constater les faits de visu. C’est confirmé, il manque tout un bout de la rue de Rennes. C’est bien embêtant.

4- Stratégie municipale

Où l’écologie retrouvera ses limites et la politique, ses habitudes.

Ces choses ayant été accomplies, la Maire se retira dans le véhicule à gyrophare, parce que l’écologie, ça va bien cinq minutes, tandis que son garde du corps restait planté au milieu de la chaussée, triplement embarrassé par un parapluie de golf marqué aux armes de la ville, un vélo batave et un costume sombre complètement fichu.

Sur le chemin du retour, dans le confort de sa voiture de fonction et de son for intérieur, Madame la Maire réfléchissait :

Cette disparition n’était pas une petite affaire et il fallait la prendre très au sérieux : deux ou trois cents mètres de rue manquants, ça faisait quand même désordre, même pour une municipalité de gauche. Il lui fallait établir une stratégie de toute urgence.

Était-il possible de mettre l’affaire sur le dos de quelqu’un d’autre ? Elle pourrait bien sûr parler d’héritage de la mandature précédente, mais ça faisait quand même plus de huit années qu’elle exerçait le pouvoir absolu sur la ville. De plus, dans ce cas, on ne manquerait pas de lui rappeler que, dans l’équipe précédente, elle était première adjointe. Remonter plus loin en arrière, c’est-à-dire à Tiberi ou même jusqu’à Chirac, lui paraissait difficile. Elle demanderait conseil sur ce point à Laurent Joffrin et à Edwy Plenel dès demain, mais elle ne pensait pas vraiment que le barbu bougon de Libération et l’homme au rictus d’acier de Mediapart pourraient la sortir de cette mauvaise passe.

Puisque faire porter le chapeau à quelqu’un d’autre Continuer la lecture de LES DISPARUS DE LA RUE DE RENNES (Extrait)

MON ROMAN (Extrait)

(…)

Chapitre 5 – Critiques de mon roman

Pour mettre de mon côté les critiques en leur mâchant le travail et pour éviter les surprises, j’écrirai moi-même les critiques de mon roman et je les enverrai aux journaux. Voici les premières :

Le Figaro
Entre Soljenitsyne et Roux-Combaluzier , à mi-chemin de Thérèse Raquin et de la Porte d’Orléans, partagé entre « Le Dniepr coule toujours dans le même sens » et « Ascenseur pour l’échafaud » , ce court roman devrait donner satisfaction à tout le monde et déplaire souverainement aux autres.

Télérama
Tous les ingrédients d’un drame désopilant sont réunis dans cette œuvre magistrale que l’on n’attendait plus d’un auteur que sa légèreté et Continuer la lecture de MON ROMAN (Extrait)