Les lignes qui suivent sont extraites du récit que fit Hanna Dyab, de son voyage de sa ville natale d’Alep jusqu’à Paris dans les années 1708 – 1709 alors qu’il était employé comme guide par un envoyé spécial de Louis XIV en orient. Dyab a écrit ses souvenirs de voyage dans un livre au style fleuri « D’Alep à Paris« , qui vient seulement d’être traduit de l’arabe. Ici, la sobre description d’une effrayante prison-hôpital pour enfants. Heureux temps du Roi Soleil !
(…) Il y a aussi à Paris un hôpital¹ pour les enfants insoumis, qui se trouve dans un couvent de religieux en lisière de la ville. Votre humble serviteur alla le visiter. On me fit pénétrer dans le lieu où ces enfants sont emprisonnés. Je vis une une salle allongée avec, sur toute sa longueur, une grande poutre en bois. Des anneaux en fer y sont fixés, auxquels les enfants sont attachés par une chaîne. Ils sont placés de telle façon qu’aucun d’entre eux
ne peut atteindre son camarade. Sur un petit bout de natte, ils travaillent à un ouvrage pour le couvent, avec pain et eau pour toute pitance. Ils sont frappés deux fois par jour sur les fesses, allongés sur une planche en bois. Chacun demeure dans ce lieu jusqu’à ce que son père ou sa mère autorise sa sortie, sans quoi ils y restent pour toujours.
(1) Il s’agit vraisemblablement de la Salpétrière. En 1690, 800 enfants y étaient enfermés. Le règlement de l’époque confirme les propos de Dyab.
À communiquer à Retailleau, pour le cas où il manquerait d’idées pour les sauvageons !