Poutine, Trump, Cortés et Cie

Quand les premières nouvelles du débarquement d’Hernan Cortés,  parvinrent à la capitale de l’Empire aztèque, Moctezuma II convoqua immédiatement ses plus proches conseillers. Quelle attitude adopter face à ces visiteurs inattendus arrivés d’on ne sait où à bord de curieuses cités flottantes ?
Certains estimèrent qu’il fallait repousser les intrus sur-le-champ. Il n’aurait pas été difficile pour les troupes impériales de venir à bout de quelques centaines d’impudents qui avaient osé pénétrer sur les terres de la Triple Alliance sans y être invités. « Oui, mais », dire les autres. D’après les premiers rapports sur les étrangers, ceux-ci semblaient dotés de pouvoirs surnaturels : ils étaient entièrement recouverts de métal, contre lequel se cognaient les fléchettes les plus acérées. Ils chevauchaient de grandes bêtes, comme des cerfs, qui leur obéissaient au doigt et à l’œil. Et surtout, ils maîtrisaient le souffle de feu et le tonnerre de sarbacanes leur permettant de tuer tous ceux qui s’opposaient à leur volonté. Et si, au lieu de barbares impudents, il s’agissait de dieux ? Et si leur chef, blanc, barbu, coiffé d’un casque brillant, était le dieu rejeté, le serpent à plumes Quetzalcoatl qui revenait sur ses terres ?
Prise en étau entre ces avis opposés, l’empereur fit ce que les politiques, de tout temps, font dans ce genre de situation : il décida de ne pas décider. Il envoya aux étrangers une ambassade chargée de cadeaux, pour les impressionner par la splendeur de son règne, mais leur interdit de se diriger vers la capitale. Le résultat fut celui qui, de tout temps, a tendance à découler de ce genre d’hésitation : ayant voulu éviter la guerre au prix du déshonneur, Moctezuma eut et le déshonneur et la guerre.

Au cours des trois dernières décennies, les responsables politiques des démocraties occidentales se sont comportés, face aux conquistadors de la Tech, exactement, comme les Aztèques du XVIe siècle. Confrontés à la foudre et au tonnerre d’Internet, des réseaux sociaux et de l’IA, ils se sont soumis, dans l’espoir qu’un peu de poussière de fée rejaillirait sur eux.
(…)

Ces quelques lignes sont les premières du nouvel ouvrage de Giuliano da Empoli, « L’heure des prédateurs ».
Moins passionnant que « Le Mage du Kremlin », car non romancé, « L’heure des prédateurs » est une analyse très documentée
de ce que nous pouvons tous constater depuis une dizaine d’années, sinon davantage, c’est-à-dire la disparition progressive de l’état de droit, de l’humanisme, du droit des minorités au profit des lois  des plus forts, des  plus sauvages. 
Intéressant et terrifiant à la fois. 

Une réflexion sur « Poutine, Trump, Cortés et Cie »

  1. Ce matin encore je dirais à qui veut bien m’entendre, à qui je parle ici, que j’en ai mare de voir ma vie courante envahie par Google qui se mêle de tout, mais aussi et surtout par Trump qui se prend pour Alexandre Le Grand, mais il n’en a pas le courage car c’est le modèle même d’un lâche, grand diseur mais petit faiseur, il périra dans le déshonneur et l’Amérique anesthésiée avec lui.

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