Ce n’est pas sans raison que les Anglais disent d’un homme qu’il a ou qu’il n’a pas le « sense of humour » – car c’est également un sens – et c’est parce que la plupart des gens s’en trouvent dépourvus qu’il est si mal considéré. Il est vrai d’ajouter que si tout un chacun possédait le sens de l’humour, l’humour en souffrirait car, pour qu’une plaisanterie humoristique ait son plein rendement, il convient d’être trois : celui qui la profère, celui qui la comprend et celui à qui elle échappe, le plaisir de celui qui la goute étant décuplé par l’incompréhension de la tierce personne.
Sacha Guitry (bien sûr)
Je suis bien d’accord avec ce commentaire additionnel de Philippe. Hier je ne suis pas intervenu mais j’aurais dû car pour moi aussi Sacha Guitry manifeste de l’esprit plutôt que de l’humour et je n’aime pas le rire au dépens d’un autre. Mais s’agissant d’esprit mêlé d’humour, je préfère de loin celui d’Oscar Wilde, bien plus subtil.
« pour qu’une plaisanterie humoristique ait son plein rendement, il convient d’être trois : celui qui la profère, celui qui la comprend et celui à qui elle échappe, le plaisir de celui qui la goute étant décuplé par l’incompréhension de la tierce personne. »
Désolé de le dire, mais malgré l’admiration que je porte à Guitry et le respect que je lui dois, je ne suis pas d’accord avec lui sur cette condition.
Il est de fait que, bien qu’elles l’avouent rarement, certaines personnes sont dépourvues d’humour et ne comprennent pas les plaisanteries humoristiques. Mais à mon avis, quand il s’agit véritablement d’humour, cette incompréhension n’augmente nullement le plaisir de l’émetteur. Au contraire, en tout cas en ce qui me concerne, elle me mettrait plutôt dans l’embarras vis-à vis du non-comprenant, un peu comme si j’avais plaisanté disons sur le COVID, ignorant que mon interlocuteur devait à cette épidémie la perte récente de sa vieille grand-mère.
Guitry donnait davantage dans l’esprit, la repartie assassine, la vacherie subtile, que dans l’humour qui consiste essentiellement, rappelons-le, à rire de soi même.