Autres extraits du discours de remerciement de Jean-Louis Bourlanges prononcé le 5 septembre à l’occasion de la remise de ses insignes d’officier de la Légion d’Honneur.
(…) Quand je regarde ce qui n’a pas marché au cours des trente dernières années, je vois, au fond des choses, une crise de toutes les solidarités. Nous avons réduit la solidarité à un partage à la Ruy Blas entre des solliciteurs au bord de la crise de nerfs. Mais nous avons laissé se creuser toutes les fractures : territoriales, communautaires, générationnelles, écologiques et de genre. Nous n’avons su ni réunir, ni transmettre, ni investir.
(…)
L’essentiel, c’est que je ne me suis jamais pleinement reconnu dans les choix dominants des hommes et des femmes de ma génération. Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Barre, Édouard Balladur : j’ai toujours choisi les meilleurs… et les perdants.
Il y a huit ans, j’ai espéré qu’un homme jeune, brillant, travailleur et compétent pourrait conjurer la malédiction de l’engourdissement français, mais nous voyons bien aujourd’hui que ce que Sartre appelle “le pratico-inerte” a eu raison de cette espérance. Jadis la droite incarnait la fidélité, la gauche la justice, le centre la concorde et la modération. Aujourd’hui, la gauche incarne le ressentiment, la droite la crainte et l’exclusion, et le centre est devenu l’arbitre récusé des divisions nationales et des passions inconciliables. (…)