(…) Et pourtant, c’est la vérité : à cet instant, je ne vois rien venir d’autre qu’un repas, quelques heures de sommeil et, au mieux, demain, un ride de quelques miles en direction de Las Vegas. Rendez-vous compte de mon état, aussi ! Je suis épuisé, assoiffé, affamé, blessé, crasseux, démoralisé et je ne vois dans Nancy que la délicatesse de ses soins et la presque promesse d’un gite et d’un couvert. En cet instant, Nancy n’est pas une femme ; c’est ma grande sœur, c’est ma mère. Alors, je l’écoute, confiant, rassuré.
Je l’ai écoutée, Nancy, j’ai fait tout ce qu’elle m’a dit et vingt minutes plus tard, j’étais allongé dans une baignoire pleine d’une eau mousseuse et chaude à souhait. Ma nuque était posée sur une serviette roulée et j’avais les yeux à demi fermés. Sur un panier à linge que Nancy avait tiré près de moi, ma main bandée frôlait un verre de vin. Par-dessus le son étouffé de la télévision, j’entendais le gargouillis du petit filet d’eau brulante qui coulait en continu du robinet entrouvert. Je sentais son courant plus chaud circuler autour de ma taille et de mes cuisses. Mon crâne transpirait abondamment et, par à-coups, des gouttes de sueur coulaient délicieusement entre mes cheveux jusque sur mon front, pour rouler le long des ailes de mon nez, sur mes lèvres, puis dans mon cou jusqu’à se diluer dans la mousse du bain.
En sortant, Nancy m’avait annoncé qu’elle allait Continuer la lecture de Go West ! (65)
Dans la seconde partie de son article du 16 décembre dernier, celui dont la première traitait de la photographie en noir et blanc et en couleur, Lorenzo abordait de façon critique — au sens neutre du terme, cette précision étant donnée pour éviter de froisser une éventuelle susceptibilité — le sujet de l’écriture et, plus précisément, la question du « bien écrit ». Cette partie de son texte commençait d’ailleurs par ces mots : « C’est bien écrit. » Les lignes qui suivaient montrait bien tout le mal que pense Lorenzo de cette expression, si courante dans les conversations entre amis, mais régulièrement absentes des débats littéraires.
Cet article du Journal de Lorenzo (suite) qu’il nous a proposé hier aborde en trois parties deux sujets distincts, tous deux relatifs à l’art. Le premier concerne la photographie et le second la littérature, deux domaines de l’art dans lesquels Lorenzo exerce ses talents, parfois ici même.