(…) Il fallait que je continue à marcher vers le centre. Plus loin, j’atteignis une allée faite de dalles irrégulières en béton formant un trottoir le long duquel quelques voitures étaient garées.
Tout à coup, venant à ma rencontre à petite allure dans la demi-pénombre, apparaissent deux phares surmontés d’un bandeau lumineux bleu et orange. Les flics ! Encore les flics ! Mon cœur bat un peu plus vite. Quand la voiture passe à ma hauteur, le flic au volant me jette un coup d’œil appuyé.
Me croyant malin, je veux prendre l’air de celui qui n’a rien à se reprocher, rien à craindre de la police, et j’affecte de le regarder avec ostentation. Je pousse même le jeu jusqu’à lui adresser un léger sourire. Le flic détourne la tête et poursuit sa route. Crispé, la nuque raide, je me force à ne pas mettre à courir. Au bout de quelques pas, j’ose me retourner. Les feux rouges de la voiture sont déjà à une centaine de mètres. Bien joué, mon gars, c’est gagné ! Mais les deux feux rouges disparaissent un court instant, remplacés aussitôt par deux phares blancs. Ils ont fait demi-tour ! Les flics ont fait demi-tour ! C’est surement pour moi. Allons, allons, c’est peut-être un simple contrôle… Mais on ne peut pas savoir, l’avis de recherche de Clemmons leur est peut-être parvenu ! Et puis, même si c’est un contrôle de routine, j’ai toujours avec moi mon P 38. Il y a de quoi intéresser n’importe quel policier. Sans parler du dictaphone de Marylin ! La voiture de police est encore loin dans mon dos, j’ai peut-être le temps de me cacher. Pour le cas où les flics seraient en train de m’observer de derrière leur pare-brise, je vais faire semblant de tomber. Je suis par terre, allongé sur le trottoir le long d’une voiture en stationnement. La voiture de police passe à ma hauteur sans ralentir. Elle ne m’a pas vu. Ou alors, c’était une fausse alerte…
— Vous vous êtes fait mal ?
Je suis essoufflé, j’ai des acouphènes plein les oreilles, je suis tendu, nerveux, à la fois craintif et en colère, j’ai mal partout, aux muscles du dos, aux articulations, à la tête aussi. Bien sûr que j’ai mal ! Mais je n’ai pas compris que cette invisible voix s’adressait à moi.
— Est-ce que vous vous êtes fait mal ?
— Hein ?
— Vous venez de tomber. Alors je vous demande si vous vous êtes fait mal.
La voix est féminine, mais grave, légèrement éraillée ; je dirais presque qu’elle est chaude si ce qualificatif n’impliquait une notion de chaleur humaine ou même d’érotisme. Mais il n’y a pas une once d’érotisme dans les paroles qui viennent d’être prononcées. Le ton a beau être doux, il n’est pas compatissant ; il est plat, parfaitement neutre ; la question est rhétorique ; on veut savoir si je me suis fait mal, mais on se fout un peu de la réponse.
— Euh, non… Ça va, merci, dis-je en me relevant.
La voix semble venir de la maison que je venais de dépasser quand je me suis laissé tomber à terre. Sa silhouette longue et basse, uniformément noire, se découpe sur le bleu foncé de la nuit qui commence. Il y a quelqu’un, là, entre la maison et moi, mais je ne vois rien.
— Vous êtes sûr ? demande la voix, sur un ton de simple vérification, comme par acquit de conscience.
— Tout va bien, merci... Oh, merde !
Ce dernier mot, je l’ai prononcé en français parce que, en m’époussetant pour débarrasser ma veste et mon pantalon de la poussière du trottoir, ma main droite a heurté la boucle de ma ceinture et ça m’a fait fichtrement mal.
— Tiens ! Vous êtes français, constate la voix.
Pendant quelques secondes, les phares d’une voiture de passage éclairent la façade de la maison en même temps que la propriétaire de la voix. La femme est de taille moyenne. Sans être grosse, sa silhouette est plutôt en rondeurs ; ses cheveux sont bruns, coupés court ; elle porte une chemise à manches courtes de couleur vert militaire étroitement serrée à la taille dans un jean noir par une large ceinture dont la boucle est un de ces bijoux indiens faits de turquoise et d’argent. Dans l’échancrure de sa chemise, un bijou du même style repose sur sa peau brune. Les jambes de son pantalon sont glissées dans des bottes basses indiennes. Au bout de son bras droit qui pend le long de son corps, un verre-ballon à moitié plein d’un liquide sombre. La cigarette qu’elle tient entre deux doigts de sa main droite chargée de bagues monte à sa bouche et rougit.
Le choc sur le trottoir m’avait sans doute anesthésié, mais à présent je ressens une douleur lancinante dans la paume de ma main droite. Instinctivement, je souffle dessus.
— Vous voyez bien que vous vous êtes fait mal, remarque la femme, toujours sur le même ton neutre.
Elle s’approche de moi, saisit mon avant-bras, le tourne légèrement pour pouvoir observer le creux de ma main. Dans la mauvaise lumière, elle et moi pouvons voir une estafilade qui parcourt ma paume poussiéreuse depuis la jointure du petit doigt jusqu’à la base du pouce. Un peu de sang s’en écoule. Je frémis un peu car la vue de mon propre sang m’a toujours impressionné.
— Là, là. Ça n’a pas l’air si grave que ça, dit-elle avec une légère pointe de douceur. Mais on n’y voit rien ici. De toute façon, il faut nettoyer tout ça. Venez avec moi.
Bientôt, j’en apprendrai davantage sur cette femme. J’apprendrai qu’elle s’appelle Nancy, qu’elle a trente-six ans, qu’elle déteste la bière et les cocktails et ne boit que du vin rouge italien, qu’elle fume plus d’un paquet par jour de Winston extra longues, qu’elle conduit une Mercury Sedan vieille de dix ans, qu’elle se nourrit exclusivement de tacos, de guacamole et de churros qu’elle va chercher avec sa voiture au Jenny’s Grill près de la gare, qu’elle est veuve d’un militaire tombé en Corée et qu’entre les omoplates, elle porte une tache de vin qui ressemble à l’Australie. Bientôt, j’apprendrai tout ça et bien d’autres choses encore, mais pour le moment, alors que la lumière des phares s’éteint, tout ce que je sais, moi qui suis éperdu, exténué et maintenant blessé, c’est qu’une femme encore jeune s’est approchée de moi dans l’obscurité et m’a demandé gentiment d’une voix qui me semble déjà moins indifférente de la suivre chez elle pour qu’elle puisse soigner ma blessure. Alors, je me sens comme submergé par une vague de désespoir mêlé d’épuisement et de reconnaissance. Elle est bleu foncé, cette vague, puissante, mais douce et tiède et caressante, presque délicieuse. Je vais m’y abandonner. Je ne lutte plus. Les muscles de mon dos se dénouent, ma respiration se débloque. J’aspire une grande bouffée d’air et je me laisse couler sans pouvoir retenir une sorte de sanglot.
Nancy n’a pas dû remarquer mon gémissement car, sans un mot, elle me tourne le dos et marche vers la silhouette sombre de la maison. Je reprends mes esprits et commence à marcher derrière elle quand je réalise que je ne porte plus mon sac. Vite, je retourne le chercher près de la voiture derrière laquelle je m’étais caché et je repars en courant vers la maison. Je rejoins Nancy sous la véranda au moment où elle pénètre dans la maison.
C’est ainsi qu’ont commencé les trois jours que j’allais passer à Barstow.
A SUIVRE
Peut être que Trump à Notre Dame sera touché par la grâce, il en ressortira auréolé et, oh miracle! vouera le reste de sa vie au bonheur des peuples sur la terre. Qui sait?
Si si, Tump est bien un usurpateur même s’il a incontestablement été élu légitimement président. Ce titre pour autant ne lui donne pas tous les droits et il s’approprie des droits qui empiètent sur le domaine réservé aux autorités judiciaires par exemple. C’est bien une usurpation de pouvoir. Et Dimanche, il va se comporter en imposteur, c’est pareil, s’arrogeant le droit d’être le Master-of-the-World. Il ne l’est pas encore hopefully. Quant à l’impatient Musk, il devra patienter encore quelques temps pour s’arroger cette place.
On ne peut pas dire que Donald Trump est un usurpateur. Il a gagné le vote populaire aussi bien que celui des grands électeurs. Et c’est aussi ça qui est dramatique : les Américains ont voté pour lui ! Et pour la deuxième fois !
Ils viennent surtout pour se prosterner devant Alien Musk, futur Master-of-the-World-at-Last
Dernière minute. CATASTROPHE! J’appends que Trump sera présent à la cérémonie de Dimanche prochain à Notre Dame parmi les autres Chefs d’État invités. Il vient j’en suis sûr pour être la star, the guest of honor, et il a de la mémoire l’ignoble: une autre messe célébrée à ND elle aussi, en 1971 à l’occasion de la mort du Général de Gaulle, le président Nixon, nouvellement élu, fut la vedette auprès de qui tous les autres chefs d’état cherchaient à établir un contact. Écoeurant spectacle! Notre Dame rénovée mérite mieux que la présence de cet ignoble usurpateur.
La censure sera votée par des députés inféodés à leurs partis et à leur dirigeants et non par leur devoir de représentation de ceux qui les ont élus, le peuple, et par leur conscience. Une boîte de Pandore est ouverte. À 5000 kms de là, Biden gracie son fils Hunter et ouvre une autre boîte de Pandore qui ne limitera plus l’appétit de Trump pour des vengeances sur tous ceux qu’il considère comme des ennemis d’avant, pendant et à venir. Oui je me désole à voir des boites de Pandore s’ouvrir un peu partout et voir que les démocraties sont en train d’être aspirées dans une spirale infernale, celle du pire. Les peuples démocratiques récoltent en fin de compte ce qu’ils méritent.
Alors je rappellerai la fable de Lafontaine « Les grenouilles qui demandent un roi »:
« Les grenouilles se lassant
De l’état démocratique,
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.
Il leur tomba du ciel, un roi tout pacifique:
….
….
Et grenouilles de se plaindre;
Et Jupin de leur dire: Eh quoi! Votre désir
À ses lois croit-il vous astreindre?
Vous avez dû premièrement
Garder votre gouvernement;
Mais ne l’ayant pas fait, il vous devait suffire
Que votre premier roi fût débonnaire et doux:
De celui-ci contentez-vous,
De peur d’en rencontrer un pire.
Marine Le Pen, chagrinée par la condamnation qui lui pend au nez, est de très mauvaise humeur. Après avoir accepté tous les cadeaux du gouvernement, elle en a demandé un de plus de manière à pouvoir justifier « le vote de sa motion de censure et de toutes les autres »
Le chaos financier qui surviendra quand le gouvernement sera renversé, elle n’en a que faire. Son seul horizon, c’est 2027, une élection à la présidence, une élection possible, aujourd’hui probable, sauf inéligibilité. Elle doit donc tout faire pour empêcher cette inéligibilité et, tout faire, c’est entre autres provoquer le chaos.
On n’a donc rien à attendre de Marine Le Pen pour ce qui est de calmer le jeu.
On dit qu’elle tient le sort du gouvernement dans sa main. Oui, bien sûr, mais pas davantage que les joyeux députés du Parti Socialiste, les alliés honteux de LFI, les anciens Présidents de la République, les anciens prodiges de la campagne des Européennes, ceux qui se prétendent d’une gauche de gouvernement, qui se réclament encore de Mitterrand. Il suffirait que quelques uns d’entre eux (je ne sais pas combien, je n’ai pas compté, mais quelques uns seraient suffisants) se désolidarisent de leurs coturnes mal élevés pour faire échouer les motions de censure.
S’ils ne le font pas, Hollande, Glucksmann porteront la responsabilité de la crise financière au même titre que Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et d’autres dont je veux oublier les noms.
Il reste un espoir, c’est que ces politiques qui ont annoncé qu’ils voteraient la censure ne le fasse pas. Ne pas faire ce qu’on a dit qu’on ferait, chez les politiques, ça s’est vu.
Mais pourquoi le feraient-ils ?
Par sens des responsabilités ? Par sens de l’honneur ? Parce qu’ils auraient lu ce texte ?
Probablement pas. Ça se saurait.
Alors, par intérêt. Pour être réélus aux prochaines élections législatives (prochaines prend ici tout son sens). Et pour qu’ils le réalisent, il faut que leurs électeurs leur disent, avant mercredi.
Moi, honnêtement, je ne peux pas, je ne vote pas PS. Mais vous ?