Archives par mot-clé : Lorenzo dell’Acqua

Rendez-vous à cinq heures à bicyclette

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GIANT
par Lorenzo dell’Acqua

Dans mes souvenirs d’enfance, la bicyclette n’était qu’un jouet. Mon premier vélo m’avait été offert pour l’anniversaire de mes sept ans et ce n’est pas ma chute avec une fracture du bras qui m’empêcha de continuer à en faire toute ma vie. Aujourd’hui encore, il me donne un plaisir infini et une incroyable sensation de liberté.

Chez ma tante à Dreux, j’eus par la suite un « routier » bleu, une sorte de vélo de course avec de gros pneus et des garde-boue, l’ancêtre des VTT, sur lequel je sillonnais sans plaisir cette sous-préfecture sans charme. A Tharon-Plage au bord de l’Atlantique où je passais les vacances d’été, un vélo de course récompensa mon succès au BEPC avant d’être remplacé par un solex. Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures à bicyclette

Rendez-vous à cinq heures avec les souvenirs

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Aimer Modiano

Chaque fois que nous évoquons un souvenir, nous le modifions.

Sa profession médicale et les hasards de la vie nous firent nous retrouver par hasard cinquante ans plus tard. Nous parlâmes de cette époque avec nostalgie. Comme j’évoquais ma passion pour Patrick Modiano, elle me demanda si je me souvenais de la soirée passée chez Dominique Zerhfuss, une de ses amies d’enfance et future femme de l’écrivain. Dans son souvenir, il s’agissait d’un magnifique appartement du quai Anatole France donnant sur la Seine et les Jardins des Tuileries où nous étions allés ensemble. Je suis absolument certain n’y être jamais allé et, d’ailleurs, je n’ai pas non plus le moindre souvenir de Dominique Zerhfuss. Lisant ce soir une biographie de Modiano, je m’aperçois qu’il s’est marié en septembre 1970. Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec les souvenirs

Rendez-vous à cinq heures avec Laurent

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Mon prénom

Bien que je l’aie longtemps détesté, je suis aujourd’hui convaincu que le plus beau cadeau de mes parents, c’est lui.

Dans mon enfance, j’étais complexé de m’appeler ainsi : mon prénom Laurent avait une consonance désagréable et je le trouvais excentrique. A ce handicap s’en ajoutait un autre et tous les deux s’associèrent dans mon ressentiment. Était-ce la nature ou ma mère, je ne le saurai jamais, qui m’affublèrent d’une coiffure déjà ridicule à cette époque : la brosse. A l’école communale de la rue Boulard, personne d’autre que moi bénéficiait de ces deux attributs dévalorisants. Et, n’en déplaise à certains, j’étais bien trop ignorant de l’actualité pour que mon prénom puisse m’évoquer à cette époque, et même dans mon inconscient, une ville d’Algérie tristement célèbre. Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec Laurent

Les comportements de Lorenzo

Dans la droite ligne de son remarqué article « Pourquoi le roman ? », Lorenzo remet le couvert avec cette :

Ebauche sur les comportements

Il existe à mon sens trois théories pour expliquer les comportements humains :

— les théories psychologiques, dominées par la psychanalyse qui n’est pas la seule,

— les neurosciences, qui n’en sont qu’à leur début,

 — et, paradoxalement, le roman.

Pourquoi le roman ? Parce qu’il est la description, l’analyse et l’interprétation des comportements humains selon des critères ni scientifiques, ni psychologiques qui n’appartiennent qu’à lui, ou plutôt, qui sont à chaque fois proposés par l’auteur comme des possibilités. Paradoxalement, dans un roman, Continuer la lecture de Les comportements de Lorenzo

Rendez-vous à cinq heures avec une question

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Mais pourquoi le roman ?
par Lorenzo dell’Acqua

Il y a quelque chose de faux dans la plus belle expression dont soit capable l’être humain, à savoir la littérature, poèmes ou romans ou autres. Faux, parce que jamais l’homme ne fonctionne de façon huilée, policée, cohérente, comme se doit de fonctionner un bon roman. L’homme fonctionne par « images » ou « impressions » successives, chacune en appelant une autre sans qu’il soit capable de dire comment et pourquoi il en est arrivé à la dernière, la seule qui compte pour lui, celle qu’il va assumer, adopter et à laquelle il va croire dur comme fer.

Mais comment en est-il arrivé à penser une chose pareille ? Lui-même ne se le demande jamais. Le roman est exactement l’inverse : il doit être cohérent et Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec une question

Rendez-vous à cinq heures avec Alain-Fournier

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Ma chère Yvonne

Lorenzo nous fait aujourd’hui le plaisir de partager une lettre qu’il a retrouvée avant-hier entre deux pages d’un vieux livre. Il s’agit d’une lettre écrite par d’Alain-Fournier à Yvonne de Galais, lettre de poilu,  lettre d’outre-tombe, lettre émouvante, lettre précieuse, jamais publiée. Cette lettre fait naitre deux questions essentielles :
Doit-on en conclure que la chère Yvonne a existé ?
— Doit-on en conclure que Les Corneilles du septième ciel avaient été éditées une première fois avant leur parution dans le Journal de Coutheillas.
Lisez et vous jugerez.

Ma chère Yvonne,

Excusez l’audace, chère illusion de ma jeunesse, qui m’a fait prendre la plume pour vous écrire ces quelques mots d’un adorateur désespéré. Pas la moindre nouvelle de vous depuis 15 ans ! Je me morfonds, seul dans la tombe par la force des choses et des bombes allemandes. Qu’à cela ne tienne, je suis tellement désireux de recevoir un jour de vos nouvelles ! Les miennes à Saint Agathe n’ont guère d’intérêt. Je voudrais tout de même vous Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec Alain-Fournier

Rendez-vous à cinq heures dans la maison

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Voici la critique du film « Dans la maison » par Lorenzo dell’Acqua

 

DANS LA MAISON
François Ozon, 2012

Curieux film aux deux visages, l’un positif, l’autre négatif, qui met en scène la réalité et la fiction, le bien et le mal, mêlés avec une habileté dépourvue d’incohérences et de facilités.

Fabrice Lucchini interprète un professeur de français désabusé et résigné. Ses élèves sont nuls et surtout, ce qui le désespère encore plus, ne manifestent aucune envie d’apprendre. Là, rien d’étonnant, cela correspond à l’impression que nous avons tous. Mais, dans sa nouvelle classe, il découvre un jeune garçon doué qui raconte bien et qui écrit bien, autrement dit Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures dans la maison

Les corneilles du septième ciel (51)

Chapitre 51

La deuxième demande émanant des lecteurs du JdC rejoignait l’injonction du Bienaimé Rédacteur en Chef du JdC de disposer de la liste complète des acteurs des Corneilles. Malgré les obstacles, nous sommes parvenus à contacter l’auteur et à obtenir de lui non pas un résumé de son roman ce qui représenterait un travail trop colossal mais un récapitulatif de ses protagonistes ce qui n’est déjà pas si mal.

Françoise est l’héroïne à l’origine de cette fiction. Née à Joigny-le-Pont, elle vécut une enfance difficile en compagnie d’un poilu de la guerre de 14 qui n’en finissait pas d’agoniser jour et nuit devant sa fenêtre. Les conséquences psychologiques de ce traumatisme quotidien furent guéries par le docteur Philippe Premier. Elle fera la connaissance de Ph., le célèbre écrivain, au Café de Flore et du photographe Lorenzo sur les quais puis accompagnera ce dernier dans le Marais Poitevin où elle sera témoin de son agression par Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (51)

Les corneilles du septième ciel (50)

Chapitre 50

Ne restait plus à Françoise et à Bruno qu’à démontrer l’existence du chantage supposé de Lorenzo sur le lauréat du Prix Goncourt. Ni l’une ni l’autre, pas plus d’ailleurs que l’auteur, n’avait la moindre idée pour y parvenir. Le hasard faisant bien les choses, ce fut le moment que choisirent les lecteurs du JdC pour poser deux questions à la rédaction. Cet intermède fit le bonheur de l’auteur des Corneilles Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (50)