(…) Je regarde autour de moi : la pièce est plutôt grande ; la moquette rouge framboise est tachée ici et là de grandes plaques sombres et marquée de brulures de cigarettes ; un édredon usé assorti à la moquette couvre le lit qui est immense ; un fauteuil bas fait face au téléviseur posé sur un guéridon de bois au vernis écaillé ; une table et une chaise de même style achèvent de compléter le mobilier ; le reste est vert d’eau, les murs, le plafond, les rideaux, la porte de la salle de bain, même la face intérieure de la porte d’entrée, tout est vert d’eau. C’est lugubre. Mais au moins, c’est assorti au voile de tulle que la fille porte toujours.
J’entre, je pose les deux sacs au sol à côté de la table, et je reste là, immobile, ne sachant que faire. Le conditionneur d’air vibre et couine doucement dans son coin, la télévision diffuse silencieusement une publicité en noir et blanc. La fille s’approche, referme la porte d’une poussée et se plante devant moi, les bras ballants, la tête légèrement inclinée. Ça lui donne l’air interrogateur, peut-être même un peu dubitatif. C’est une sorte de défi. L’instant est crucial, la gêne est insupportable, et même le crétin inexpérimenté que je suis sait qu’il faut faire quelque chose et que c’est maintenant. Je m’approche d’elle, mon cœur accélère, mes mains deviennent moites, je réalise que je n’ai pas pris de douche depuis deux jours, que je dois dégager un parfum de vestiaire de lycée, que tout cela est un peu risible. Mais que faire d’autre que continuer à suivre le scénario tout tracé ? Je pose mes mains de part et d’autre de sa taille Continuer la lecture de Go West ! (7)