Archives par mot-clé : Go West ! Philippe

Go West ! (80)

(…)Rafraichi et reposé, vêtu de vêtements propres, rassasié de café, j’ai allumé une cigarette et j’ai entrepris d’inspecter la maison de Mansi. J’ai commencé par le placard où elle avait rangé mon sac. Il était toujours là, sous mon éternelle veste en daim, pendue à un cintre. Dans le sac, j’ai retrouvé toutes mes affaires, mes vêtements, mon revolver, mes cartouches, le dictaphone et même mon passeport. Rassuré sur ce point, j’ai poursuivi mon exploration.

Dans le placard d’à côté, les vêtements d’homme qui m’avaient perturbé la veille étaient toujours là. Quelques sobres chemises, bleu ciel ou blanches, deux T-shirts kaki, une tenue militaire de couleur beige, complète, pantalon, veste et calot, plus un treillis et un blouson de combat en toile camouflée, le tout impeccablement propre, sur cintres en fil de fer et sous housses en papier léger à la marque d’une blanchisserie de Barstow. Je remarquai quelques vêtements civils, un blouson léger rutilant en rayonne rouge marqué aux armes argentées d’une équipe de bowling de Junction City, et une veste en daim à frange comme on en trouve dans les boutiques d’artisanat indien en Arizona. Debout côte à côte dans un coin du placard, il y avait aussi deux de ces gros sacs cylindriques militaires en épaisse toile kaki et, sur un des deux sacs, un képi à galon doré et, à côté, un étui pour deux boules de bowling et une petite malle métallique noire fermée par Continuer la lecture de Go West ! (80)

Go West ! ( 74)

(…) Je m’éloignai vers le coin cuisine et mis trois ou quatre fois le temps nécessaire à déboucher la bouteille en tournant le dos à tout le monde. Ça me permit de ruminer ma vexation et finalement de me calmer : « Qu’est-ce qu’on a dit tout à l’heure, crétin ? Il faut que tu te détendes et que tu profites du moment comme il vient. D’ailleurs, ça n’a l’air de perturber personne que tu sois en peignoir. »

Je m’en convainquis si bien que je finis même par m’imaginer que, dans ce petit groupe d’amis du samedi soir, le port du peignoir me conférait une position particulière, un rang, avec des privilèges. Après tout, pour Bob, pour Brenda et pour Fran, je devais être le nouveau petit ami — je pensais même plutôt « le nouvel amant » — de la maitresse de maison, un rôle inédit pour moi, mais plutôt flatteur celui-là. Mais pour le tenir, il fallait que je change d’attitude, car mon « Euh ben… non ! » de tout à l’heure manquait de nonchalance, de confiance en soi et d’esprit, bref de tout ce qu’on s’attend à trouver chez le French lover de sa meilleure amie. Suivant en cela ma pente naturelle, je choisis de demeurer silencieux le plus possible et de conserver autant que je le pourrai le statut confortable d’observateur amusé mais qui en a vu d’autres. Le reste de la nuit allait montrer Continuer la lecture de Go West ! ( 74)