(…)
« Salut Clemmons, quelle est la situation ?
— Miss Monroe est morte. Dans sa chambre, sur son lit. C’est Mr Lawford qui l’a découverte. La nurse Murray l’avait appelé parce qu’elle était inquiète. Il a cassé un carreau pour entrer. Il a vu Miss Monroe. Il a demandé à Mrs Murray d’appeler la police. Pas de trace de violence sur le corps ni dans la chambre. Il y a de l’alcool et des médicaments partout. Overdose accidentelle, suicide, homicide… »
Je reste le plus concis possible. Je ne lui parle pas de l’attitude bizarre de Lawford. Il verra bien lui-même. Bien sûr, je ne lui parle pas non plus de mon Français en cavale. Il l’apprendra toujours assez tôt par le commissariat. Ce qui m’étonne, c’est qu’il ne me demande pas de qui j’ai reçu l’ordre de venir chez Marylin. Mais je comprends qu’on a les mêmes employeurs quand il me demande : « Et le dictaphone, Clemmons ? Vous l’avez, le dictaphone ? »
C’est à ce moment que j’ai interrompu ma lecture pour me dire qu’il n’était pas près de l’avoir, le dictaphone, vu qu’il se baladait sur Bundy drive à moins d’un demi-mile de là dans la poche d’un étudiant français en cavale ! Cette petite réflexion me fit sourire et je ne pus m’empêcher de me demander : « Que ce serait-il passé soixante ans plus tôt si je n’avais pas ramassé le fichu appareil ? Est-ce que Lawford l’aurait remis à Clemmons ? Est-ce qu’il l’aurait gardé pour lui ? Est-ce qu’il l’aurait fait parvenir à Bobby Kennedy ? Et dans ce cas, qu’en aurait-il fait, l’Attorney General ? L’aurait-il rendu public pour innocenter les Kennedy de l’assassinat de Marylin ou l’aurait-il fait disparaitre pour cacher leur responsabilité dans son suicide ? » À force de me demander à l’infini ce qui se serait passé si j’avais fait ceci au lieu de cela, j’en vins à me poser d’autres questions, moins théoriques celles-là, sur ce que je venais de lire. Elles concernèrent d’abord le dictaphone, mais, naissant les unes des autres, elles ne tardèrent pas à se multiplier et à élargir leur champ pour finir par s’enchevêtrer dans ma tête en un réseau confus.
Le fameux dictaphone, d’abord…
Comment ceux qui se cachaient derrière le nom de Marietta pouvaient-ils savoir qu’il y en avait un dans la chambre de Marylin ? Et pourquoi voulaient-ils Continuer la lecture de Go West ! (45)