Archives de catégorie : Thème imposé

Le wokisme et les sous-marins

Il y a presque exactement deux ans, énervé par la consultation très régulière que je faisais du New York Times et du Washington Post, j’avais écrit ceci :

« Un jour, alors que nous discutions des sentiments réciproques des Américains et des Français, un ami — était-ce Jim, était-ce Paddy, je ne sais plus — m’a dit ceci : « Les Américains sont persuadés que les Français ne les aiment pas, mais les Français les adorent. A l’inverse, Les Français croient que les Américains les aiment ; or ils les détestent. »

Je n’y avais jamais réfléchi auparavant, mais cette sentence me parut concrétiser tout ce que j’avais ressenti confusément jusque-là.

Aujourd’hui, mon propos n’est pas de m’étendre sur le fait que, malgré tout ce qu’ils peuvent en dire, les Français aiment les Américains. Les exemples en sont nombreux et, si vous arrivez encore à réfléchir honnêtement quelques instants, vous les trouverez de vous-même très facilement.

Ce qui m’occupe, c’est plutôt le fait que, malgré ce que nous Français croyons, les Américains ne nous aiment pas. Et c’est peut-être la fraction des Américains que Continuer la lecture de Le wokisme et les sous-marins

Rendez-vous à cinq heures pour la revanche

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À CHARGE DE REVANCHE !
par Patrick

Il n’y a pas de rubriques sportives dans le JDC qui se veut être depuis sa création il y a 10 ans un journal culturel. Il était temps que cette anomalie soit corrigée une fois au moins alors que la finale  du championnat du monde de rugby à XV vient de consacré à Paris son vainqueur: C’est l’Afrique de Sud et c’est pas la France, tant espérée. De profundis!
J’aime le rugby à XV, en spectateur je précise, dont on dit que c’est un sport de voyous joué par des gentlemen avec un ballon oval, inventé en Angleterre à Rugby. Deux équipes de 15 joueurs se disputent ce ballon oval dans un jeu brutal. Les règles du jeu sont strictes, ce qui nécessite la participation d’un trente-et-unième joueur sur le terrain, dit l’arbitre, pour faire respecter les règles de façon loyale et infaillible. Loyale? Infaillible? Pas sûr! C’est ce que je vais tenter d’illustrer dans l’histoire qui a pour titre :

À CHARGE DE REVANCHE !

Comme tous les français, amateurs de rugby ou non, j’espérais que le match final du championnat du monde 2023 organisé en France opposerait l’équipe de France, « les Bleus », à l’équipe Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures pour la revanche

Hommage à Antoine Blondin

J’ai publié ce texte le 31 octobre 2014 sous le titre « Je suis un pilier de bistrot ». Je l’avais écrit quelques jours avant au Sorbon, café sans charme de la rue des Écoles, face au cinéma Champollion et à la brasserie Balzar. C’était l’époque où je commençais à découvrir que, pour moi, l’endroit le plus propice à l’écriture, c’était le bistrot. Et ça m’a tout de suite fait penser à l’un de mes écrivains favoris, un styliste parfait, un humoriste désabusé, un humaniste doux, un type du genre de Jacques Perret ou d’Alexandre Vialatte. Ça m’a fait penser à Antoine Blondin.  Alors j’ai écrit ça : 

Je suis un pilier de bistrot. Oh, pas du genre Antoine Blondin, malheureusement. Ce cher Antoine! Non que je l’aie connu. Mais j’aurais bien aimé écrire comme lui, ne serait-ce qu’un peu, un tout petit peu. Je sais qu’il fréquentait beaucoup un café de la rue du Bac, le Bar Bac, près du domicile qu’il partageait avec sa mère. Il disait : « La littérature, c’est des litres et des ratures». J’ignore s’il écrivait dans ce bistrot ou s’il travaillait ailleurs. Je le vois plutôt chez lui, par exemple sous les lambris de ce grand appartement, au coin d’une fenêtre donnant probablement sur la Seine, tapant à la machine, une cigarette au coin de la bouche, un œil à demi fermé sous la piqure de la fumée, juste après une nuit de Continuer la lecture de Hommage à Antoine Blondin

Les comportements de Lorenzo

Dans la droite ligne de son remarqué article « Pourquoi le roman ? », Lorenzo remet le couvert avec cette :

Ebauche sur les comportements

Il existe à mon sens trois théories pour expliquer les comportements humains :

— les théories psychologiques, dominées par la psychanalyse qui n’est pas la seule,

— les neurosciences, qui n’en sont qu’à leur début,

 — et, paradoxalement, le roman.

Pourquoi le roman ? Parce qu’il est la description, l’analyse et l’interprétation des comportements humains selon des critères ni scientifiques, ni psychologiques qui n’appartiennent qu’à lui, ou plutôt, qui sont à chaque fois proposés par l’auteur comme des possibilités. Paradoxalement, dans un roman, Continuer la lecture de Les comportements de Lorenzo

Lettre à Louise Colet du 23 juillet 2023

Ma chère Louise,

Les difficultés croissantes que je rencontre à écrire et les brusques et brefs emballements de mon stylo m’ont fait réaliser que, de plus en plus, je suis poussé par le texte. Je dis bien ‘’poussé“, pas mené ni conduit, poussé. Je veux dire par là que c’est la dernière phrase que j’ai écrite qui pousse la suivante ; elle la prescrit au point de presque la déterminer. À son tour, la suivante viendra pousser sa suivante. Et ainsi de suite. 

Bien sûr, parfois, j’ai une idée générale de ce que je voudrais écrire, par exemple, raconter un évènement, drame ou comédie, uniquement par le moyen d’articles de presse, ou bien écrire une parodie de notice biographique ou un pastiche d’une chronique de Vialatte, mais jamais, presque jamais, je n’ai d’idée sur l’histoire que je vais raconter, sur le fond du texte que je voudrais écrire. En fait je suis motivé, guidé, conduit, tiré par la forme et, en toute logique, ce qui déclenche vraiment l’écriture, c’est une première phrase. Et c’est parti ! Ce n’est qu’ensuite que j’irai au fond.

Prends cette phrase par exemple : Continuer la lecture de Lettre à Louise Colet du 23 juillet 2023

Plaidoyer pour les Cons et pour les Corneilles

première diffusion : 16 avril 2016

Comme pour une vulgaire épreuve de Philo au baccalauréat, le Journal des Coutheillas vous offre le corrigé de l’épreuve d’avant-hier, qui était, rappelons-le : rédiger un texte pour la défense d’une cause quelconque en respectant scrupuleusement la structure et les débuts de paragraphes d’un texte en 19 points. (Les mots en caractères gras étaient les mots imposés)
Pour ce corrigé, le JdC a choisi une cause que tout le monde connait bien : la connerie.

Plaidoyer pour les cons 

 1-Il y a de cela de nombreux siècles, les hommes vivaient sans la connerie.

2-Certes, ils pratiquaient allègrement la bêtise, la stupidité et l’ignorance, mais ils ignoraient la connerie. Cela ne dura pas.

3-En dépit des efforts constants des prêtres et des précepteurs, des professeurs et des instituteurs, des philosophes et des écrivains, des journalistes et des chroniqueurs, ou peut-être à cause de leurs efforts constants, la bêtise, la stupidité et l’ignorance allaient sans cesse en croissant, et cela ne dérangeait personne.

4- Cependant, de plus en plus fréquemment, depuis quelques dizaines d’années, il arrive que la bêtise, la stupidité et l’ignorance, ensemble ou séparément, rencontrent la méchanceté. Il suffit alors d’une étincelle ou d’une goutte d’alcool pour que se produise un étrange phénomène de symbiose qui donne naissance à la connerie.

5-Certains vont même jusqu’à prétendre que le même phénomène peut se produire quand la jalousie ou l’envie sont mises en présence d’une dose suffisante de méchanceté. Je n’irai pas jusque là, mais j’étudie la question et je constate Continuer la lecture de Plaidoyer pour les Cons et pour les Corneilles

Formulaire pour un bon discours


Les discours officiels nous paraissent souvent prévisibles. Qu’il s’agisse de la promotion de la chasse aux papillons dans les territoires d’outre-mer ou de l’inversion du sens giratoire dans les ronds-points de Gueret dans la Creuse, les formules sont toujours les mêmes, consacrées (con-sacrées aurait dit RJR).

Bien que nous ne soyons pas en confinement, mais qui peut dire ce qui nous attend, je vous propose donc ce jeu : Imaginez que vous êtes un notable, Maire de Champignac ou Président de l’association des copocléphiles de Seine Inférieure, choisissez une cause, n’importe laquelle, et rédigez un texte pour sa défense en respectant scrupuleusement la structure et les débuts de paragraphes d’un texte en 19 points.

Si vous manquez d’idées pour des sujet brulants, je peux vous proposer  : les embarras de Paris, le Wokisme à travers les âges, l’exposition comparée Monet/Mitchell, les vacances au Cap Ferret, la photographie en tant qu’art brut, la culture des fraises à Plougastel d’Aoulas…

Mais attention, ne seront pris en compte que les textes entrant strictement dans le cadre formel prescrit plus haut et ci-dessous :

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Marcel et Sacha

temps de lecture : 2 minutes 

Marcel est né en 1871 et Proust est mort en 1922.
De son côté, Sacha est né en 1885 et Guitry est mort en 1957.

Si vous prenez votre calculette, parce que le calcul mental, ce n’est pas votre truc, vous constaterez que :

  • Marcel avait 14 ans à la naissance de Sacha
  • Sacha avait 27 ans quand parurent dans Le Figaro les premiers chapitres de Du côté de chez Swann
  • Sacha avait 34 ans quand Marcel a attrapé le Goncourt avec les Jeunes filles en fleurs.
  • Et 37 quand il en est mort.

Vous savez certainement que Sacha était le fils de Lucien, lui-même considéré comme le plus grand acteur de son époque, égal masculin de Sarah Bernhardt, qui fut l’une de ses nombreuses maîtresses ( on l’appelait Divan le Terrible).
Par son père, Sacha rencontra très jeune tout ce qui comptait dans le monde parisien des arts de cette époque, monde que fréquenta également beaucoup le petit Marcel.
Vous savez, bien sûr, qu’entre 1902, date de son premier opéra-bouffe, et 1922, année de la mort de Proust, Sacha écrivit et fit jouer ou joua lui-même plus de trente pièces de théâtre.

Pendant des années, ces deux hommes vécurent au même moment dans la même ville. Ils consacrèrent tous deux Continuer la lecture de Marcel et Sacha

N’importe quoi ! (4) : Le cheveu pensif

Temps de lecture : 1 minute

Depuis ce marin, j’ai le cheveu pensif.
Je porte le nez bas et le santon grave. C’est l’étang qui veut ça, sans route. Pourtant, toute allure, je m’étais rossé les genoux, trois cimaises chacun, rasé les talons et chantourné les pouces pendant dix brisures au moins. Mais, en descendant l’écailler, je me sentais tout coupé, tout triangulaire. Quand je suis sorti dans la brouette, c’était mur. J’avais la moufle flasque et le cadran de travers. Je ne remugle pas pourquoi, mais d’un seul trou d’un seul, j’ai nettoyé un sapin. Il était plus gland que moi, mais tambour ! Je lui ai tondu ce que j’avais sur le râteau. Il n’a pas dû skier, car il a remballé sans plus rafistoler. Ça m’a fait un chien flou, vous ne couvez pas bavoir. Mais quand même, depuis, j’ai le cheveu pensif. Je dois être amérique à quelque chauve. C’est chat, je suis amérique à quelque chauve, et ça me donne le cheveu pensif.
Il va peignoir que je tasse ascension. 

Jean de Faille

Rendez-vous à cinq heures avec Sempé et son orchestre symphonique

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Dis Sempé, c’est quoi l’orchestration musicale ?

C’est Jim qui pose la question !

Moi aussi je suis depuis son premier album « Rien n’est simple », autant dire depuis longtemps, un fidèle amateur de Sempé. Ses dessins, sobres ou denses, sans Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec Sempé et son orchestre symphonique