L’Académie Française a été fondée en 1634. Le Cardinal de Richelieu avait défini sa mission : travailler à « donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences » et, notamment, élaborer un Dictionnaire de référence.
Une application du dictionnaire de l’Académie française est désormais disponible sur Apple Store et autres marchands de rêves. Elle permet en particulier pour chaque mot de connaitre la définition qu’en ont donné les différentes éditions du dictionnaire. La 1ère édition date de 1694 et l’édition actuelle, la 9ème, a été publiée en 2024
Si, pour un mot donné, on consulte les éditions successives, on peut apprécier l’évolution du sens du mot à travers les époques. Je l’ai fait pour deux mots essentiels de notre langue : HOMME et FEMME.
Je me suis limité à la comparaison des définitions premières que je reproduis ci-dessous
1ème édition – 1694
HOMME : Animal raisonnable. En ce sens il comprend toute l’espèce humaine, et se dit de tous les deux sexes.
FEMME : La femelle de l’homme
2ème édition – 1718
HOMME : Animal raisonnable ; sous cette acception on comprend toute l’espèce humaine
FEMME : La femelle de l’homme
3ème édition – 1740
HOMME : Animal raisonnable ; sous cette acception, on comprend toute l’espèce humaine
FEMME : La femelle de l’homme.
4ème édition – 1762
HOMME : Animal raisonnable. Sous cette acception, on comprend toute l’espèce humaine
FEMME : La femelle, la compagne de l’homme
5ème édition – 1798
HOMME : Animal raisonnable. Sous cette acception, on comprend toute l’espèce humaine.
FEMME : La femelle, la compagne de l’homme.
6ème édition – 1835
HOMME : Animal raisonnable, être formé d’un corps et d’une âme. Dans ce sens, il se dit en parlant De l’un et de l’autre sexe, et on l’emploie souvent au singulier pour désigner L’espèce humaine en général.
FEMME : La femelle, la compagne de l’homme.
7ème édition – 1878
HOMME : Animal raisonnable, être formé d’un corps et d’une âme. Dans ce sens, il se dit en parlant de l’un et de l’autre sexe, et on l’emploie souvent au singulier pour désigner L’espèce humaine en général.
FEMME : La femelle, la compagne de l’homme.
8ème édition -1935
HOMME : Animal raisonnable, être formé d’un corps et d’une âme. Dans ce sens, il se dit en parlant de l’un et de l’autre sexe, et on l’emploie souvent au singulier pour désigner l’Espèce humaine en général.
FEMME : Être humain du sexe féminin, la compagne de l’homme.
9ème édition – actuelle
HOMME : Être humain de l’un ou l’autre sexe
FEMME : Être humain défini par ses caractères sexuels, qui lui permettent de concevoir et de mettre au monde des enfants.
La première chose que l’on peut constater c’est qu’il a fallu 60 ans pour que soit achevée la 1ère édition. Par la suite, de 1694 à 1878, c’est-à-dire de la première à la septième édition, une bonne trentaine d’années s’écoulait entre deux éditions successives. Et puis, à partir de 1878, les Académiciens ont nettement ralenti les cadences : 57 ans entre la 7ème et la 8ème édition, et 89 ans entre l’avant-dernière et la dernière.
Certains y ont vu l’effet des congés payés, des congés de maternité et de paternité, des 35 heures, des arrêts maladie de complaisance, des temps de formation obligatoire et autres regrettables babioles sociales.
Mais ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est de comparer entre elles et dans le temps les définitions respectives de l’HOMME et de la FEMME.
Voyons quelles remarques on peut tirer de cette comparaison :
1) Tout d’abord, une stabilité remarquable tant pour l’HOMME que pour la FEMME entre 1694 et 1835 : L’ HOMME est un animal raisonnable et la FEMME est la femelle, sa compagne. Le mot HOMME désigne toute l’espèce.
2) En 1878, l’HOMME reste un animal raisonnable, mais on lui attribue une âme. La définition de la FEMME ne change pas. Faut-il en conclure que la FEMME n’a pas d’âme ? Le mot HOMME continue à désigner toute l’espèce.
3) En 1935, l’HOMME ne change pas, il est immuable. La FEMME, elle, devient un être humain, donc désormais et à ce titre doté d’une âme. Le mot HOMME désigne toujours toute l’espèce.
4) Aujourd’hui, dans la 9ème édition, l’HOMME a perdu son âme. Il semble qu’il ait perdu aussi son sexe, ou qu’il soit devenu indéterminé. La FEMME est, parmi les HOMMES, l’être humain qui peut concevoir et mettre au monde les enfants.
5) Au cours du temps, et plus particulièrement entre la 8ème et la 9ème édition, l’HOMME s’est simplifié, puisqu’il est passé de Animal raisonnable à Être humain. Par contre, la FEMME, en passant de compagne de l’HOMME à « Être humain défini par ses caractères sexuels, qui lui permettent de concevoir et de mettre au monde des enfants » est devenue beaucoup plus complexe.
P.S. Je suis sûr que ces définitions et les commentaires qui s’y attachent ne vous auront pas laissé.e.s indifférent.e.s et que vous aurez à cœur de faire connaitre votre opinion sur le sujet.
J’ajoute enfin que c’est ainsi qu’Athéna est grande et sage.
D’autant plus que, comme disait mon ami Alexandre Vialatte, la femme remonte à la plus haute antiquité.
C’est même ainsi qu’Allah est grand!
Cette rétrospective m’inspire 2 commentaires:
1/ il a fallu attendre la dernière édition du dictionnaire pour que les académiciens réalisent enfin que la femme est la condition sine qua non (nécessaire mais non suffisante quand même) à la reproduction de l’espèce humaine.
2/ l’inscription au fronton du Panthéon est « aux grands hommes la patrie reconnaissante ». Je n’entrerai pas dans le débat actuel mené par les militantes féministes qui veulent ajouter à l’inscription « les grandes femmes ». Qu’elles relisent la dernière définition du dictionnaire. Mais, je remarque que la Patrie est représentée sur ce fronton, c’est la règle établie, par une Femme. Alors je pose la question, la Patrie placerait-elle la femme au-dessus de l’homme dans son pouvoir 1) de les mettre au monde, 2) d’en choisir ceux qui sont grands. Sacrée responsabilité tout de même.
Vive les femmes. Dieu est un sage.