Archives de catégorie : Récit

Rendez-vous à cinq heures pour un duel

la page de 16h47 est ouverte…

Duel en Illinois
by Patrick

À propos de Spielberg et son premier film Duel qui m’a fasciné dès sa sortie il y a quelques 50 ans, j’ai conservé une véritable admiration doublée d’une certaine crainte parfois pour les vieux Mack Trucks US et leur calandre carrée, sans conteste les maîtres sur les routes US. Il y a une quarantaine d’années j’avais entrepris une collection de photos de ces monstres pour les mettre en album dont le titre était Truckologie. Jamais terminée bien sûr ! Cependant, en Octobre dernier, nous étions sur un « highway » pour un trajet d’une centaine de kilomètres depuis Chicago durant lesquels nous avons été constamment suivis par l’un de ces monstres qui manifestement s’amusait à accélérer jusqu’à notre pare-chocs puis à décélérer pour revenir à 2 mètres derrière nous, etc. Je l’ai laissé faire, un trucker a bien le droit – tous les droits – de s’amuser quand même ! Et puis j’ai pris cette photo dans le rétro, en souvenir car ces monstres sont en voie de disparition.

 

Les corneilles du septième ciel (5)

(…) En réalité, Françoise n’allait plus se confesser ni à la messe parce qu’elle avait découvert le jogging qu’elle pratiquait intensément et justement le mercredi soir, jour des confessions, et le dimanche matin, jour de la messe.

Chapitre V

Deux sujets passionnaient nos deux amies et animaient leurs discussions sans fin : l’Amérique et Jean-Paul Sartre. Françoise avait répété plusieurs fois à son amie qu’elle préférait le passé provincial à l’avenir anglophone. Annick, de son côté, ne démordait pas de sa passion pour les chefs d’œuvre du cinéma américain qui commençaient à dater comme le lui faisait remarquer Françoise quand elle était à court d’arguments. Les westerns en particulier la laissaient indifférente, et pour cause ! Les tracteurs Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (5)

Aventure en Afrique (28)

Temps de lecture : 5 minutes 

Captif ou esclave?

J’ai été perturbé par la rencontre fortuite avec une jeune fille captive dans le Camp du Lazaret. Je n’imaginais pas que cela existait encore de nos jours, la devise de notre pays étant “Liberté Egalité Fraternité” depuis deux siècles (abolition de l’esclavage: le 4 février 1794).

Henri et Bernard nous avait dit qu’un de leur collègue du Service du Cadastre était ingénieur géomètre, mais en tant que descendant d’esclaves, bien qu’affranchi, ne pouvait donner aucun ordre à quiconque y compris à une femme de ménage. Il devait travailler seul. On lui faisait uniquement calculer les coordonnées géographiques de points particuliers à partir de la position du soleil (faire un soleil). Un grand gâchis pour le pays pauvre en ingénieur. J’ai croisé une autre femme captive dans le camp du Lazaret. Celle-ci était chargée de jouer de la musique avec Continuer la lecture de Aventure en Afrique (28)

Aventure en Afrique (27)

temps de lecture : 4 minutes 

Le marché de Filingué

Filingué se trouvait à 185 km au nord-est de Niamey. Chantal et moi nous y sommes rendus une fois en saison sèche et une fois en saison humide. Nous empruntions une piste en latérite à partir de la capitale qui était si déformée qu’elle avait pris la forme de tôles ondulées. Ce phénomène particulier fait d’ailleurs encore l’objet d’études par d’éminents chercheurs du CNRS et n’a toujours pas encore révélé tous ses secrets quant à sa formation.

La ”tôle ondulée” ébranlait fortement le véhicule. Les vibrations étaient telles qu’on avait l’impression que celui-ci allait finir par se démanteler à tout moment. C’était épuisant pour le véhicule, le chauffeur et les passagers. Avec les 2 CV, il fallait atteindre la vitesse de 60-65 km à l’heure pour que le véhicule passe à la crête des irrégularités. C’est seulement à ce moment-là que la direction devenait plus molle et l’adhérence presque nulle. Le freinage et le changement de direction étaient très délicats. À cette vitesse la caisse subissait peu de vibrations mais les suspensions souffraient. Pour effacer provisoirement la tôle ondulée, les services de la voirie passaient un gros balai cylindrique, en général tiré par un tracteur. Ce balai de 2.5 mètres de long faisait un petit angle par rapport aux ondulations. Ses poils étaient constitués de morceaux de câble métallique qui à la longue s’usaient et libéraient Continuer la lecture de Aventure en Afrique (27)

Nostalgie n°18 – Boubouroche

temps de lecture : 6 minutes

Boubouroche

Je ne sais pas pourquoi, tout à l’heure, Boubouroche m’est brusquement revenu en mémoire. Boubouroche, pour moi, c’était un disque, un 33 tours 1/3, un 30 centimètres. Sa couverture était entièrement rouge. On y voyait un petit bonhomme replet et furieux, portant habit noir et grosse moustache, debout sur la main d’une gigantesque et élégante silhouette de femme au chapeau XIXème siècle, aux lèvres rouges et à la gorge pigeonnante.  En grosses lettres capitales jaunes, on pouvait lire le titre, Boubouroche et, en plus petits caractères noirs, de Georges Courteline et Bernard Blier, Sophie Desmarets, Léo Campion… suivaient les noms de deux ou trois autres comédiens que j’ai oubliés.

Comment Boubouroche était arrivé sur une étagère de ma chambre d’adolescent, entre Duke Ellington, les Frères Jacques et Georges Brassens, je ne le sais plus.  Ce dont je suis Continuer la lecture de Nostalgie n°18 – Boubouroche

Rendez-vous à cinq heures dans un tunnel

temps de lecture : 4 minutes

la page de 16h47 est ouverte…

Le tunnel des arts
par Lorenzo

En vertu des pouvoirs  qui m’étaient conférés il y a déjà un bon moment mais dont je me rappelle quelques bribes, je me permets de t’adresser, cher Philippe, cette lettre en forme d’ordonnance. Surtout, je t’en supplie, ne va pas là où je suis allé aujourd’hui. Ton âge et surtout ta sensibilité démesurée ne pourraient s’accommoder d’un tel spectacle et le pire serait à craindre comme un geste criminel visant le département culturel de la Mairie de Paris ou un suicide spectaculaire du haut de la Tour Eiffel. Nous souhaitons tous, ta famille, tes amis, et même certains lecteurs de ton blog, qu’un sort aussi funeste te soit épargné. Donc, parmi les innombrables balades possibles dans Paris, évite de t’aventurer dans ce bouge.

Rappelle-toi, il y eut jadis un tunnel Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures dans un tunnel

Rendez-vous à cinq heures à la chasse

temps de lecture : 1 minute

la page de 16h47 est ouverte…

De nos jours, avouer avoir été chasseur est très mal vu surtout si on ajoute qu’on a aimé ça. En réalité, ses détracteurs ne savent pas ce qu’est la chasse. Des animaux, je n’en ai pas assassiné beaucoup, sauf deux ou trois pour faire plaisir à mon beau-père. Oublié ce chevreuil suicidaire venu à la rencontre de ma cartouche tirée les yeux fermés, oubliés ces canards sauvages impossibles à voir à la nuit tombante, oubliés ces faisans moins tendres que des poulets, oubliés aussi ces sangliers enfuis avant que j’aie eu le temps d’armer mon fusil. La chasse m’a permis de découvrir la nature et je crois ne jamais l’avoir violée. Elle possède une autre vertu que ses détracteurs ignorent : elle abolit les différences sociales. On chasse, on déjeune et on ne parle que de chasse. Entre ouvriers et professeurs, la complicité s’installe immédiatement.

Lorenzo dell’Acqua

Je hais le théâtre !

temps de lecture : 4 minutes

Je hais le théâtre !
ou
Elvire Jouvet 40

Combien de fois ai-je dit que je n’aimais pas le théâtre ?
Des centaines….
Il m’est arrivé même de le crier en traversant le foyer pour en sortir.

Combien de fois l’ai-je écrit ?
Presque autant de fois…

Combien de fois l’avez-vous lu dans le Journal des Coutheillas ?
Je l’ignore, mais si vous en êtes un lecteur, même occasionnel, ma détestation proclamée du théâtre n’a pas pu vous échapper.

Combien de fois n’ai-je pas protesté contre la facilité, l’indigence d’une pièce à succès ou la creuse prétention d’une pièce d’avant-garde, contre les marmonnements et les chuchotis de certains comédiens inarticulés — Atricule, mon vieux ! Atricule ! disait Jouvet. Les gens sont venus pour t’entendre ! Alors, atricule ! —  contre les mises en scène qui cachent une partie du jeu pour une partie des spectateurs, contre l’incompréhensible et incommensurable inconfort des sièges, incompatibles avec l’incompressible morphologie du terrien moyen de ce début de siècle ? Combien Continuer la lecture de Je hais le théâtre !

Aventure en Afrique (26)

temps de lecture : 3 minutes 

Maurice Beun

Avant notre départ, nous avions dit aux membres de nos deux familles : « venez nous voir au Niger ce sera une occasion unique ». Le seul à avoir profité de cette proposition a été Maurice Beun, le père de Chantal. Mouren lui avait élégamment prêté son grand appartement au-dessus de la pharmacie, car nous ne pouvions pas d’héberger possible dans notre studio.

Il a passé environ un mois avec nous. Dans la journée il se promenait en ville et le week-end il participait à nos activités. Dans le quartier de la pharmacie on l’appelait “le vieux“ car il avait les cheveux tout blancs, mais n’avait que 55 ans. Je me souviendrai toujours lors un de nos déplacements, dans un village, il a été accosté par un homme qui en présentant une jeune fille lui dit : « patron ne veux-tu pas acheter ma sœur, regarde comme elle est belle ».Je revois encore le visage de Maurice avec un petit sourire et ses yeux pétillants qui semblaient dire : « j’aimerais bien mais je ne peux pas ! ». Il n’a pas pu donner suite Continuer la lecture de Aventure en Afrique (26)

Aventure en Afrique (25)

temps de lecture : 4 minutes 

La paie sur deux chantiers

Un vendredi matin Michel Granges me dit : « demain je vais faire la paie sur les chantiers de Lossa et de Karma. Veux-tu m’accompagner, cela ira plus vite ? ». Nous sommes partis de bonne heure avec ma Land Rover, dans laquelle nous avions placé une malle remplie d’argent en espèce. La paie hebdomadaire s’effectuait suivant un rituel immuable. Etaient d’abord mis en place une table et deux chaises autour desquelles s’installaient les chefs de chantier. Puis, sur la table, étaient disposées la cantine et la liste de tous les travailleurs. A l’appel de son nom, chacun venait chercher Continuer la lecture de Aventure en Afrique (25)