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Rendez-vous à cinq heures à l’auberge espagnole

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temps de lecture : 2 minutes 

L’AUBERGE ESPAGNOLE
CEDRIC KLAPISCH 2002

par Lorenzo dell’Acqua

Voilà un film qui parle des jeunes âgés de vingt ans dans les années 2000. Ils viennent des quatre coins de l’Europe, vivent n’importe comment, fument du hasch ensemble vautrés pêle-mêle sur des canapés devant la télé (ce que je n’ai jamais fait), sortent ivres d’une boite de nuit (ce qui m’est arrivé parfois) et sont toujours gais. Leurs relations amoureuses tournent au fiasco, mais leurs amitiés, elles, sont solides. Eternels insatisfaits, ils sont les responsables de leurs errements Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures à l’auberge espagnole

Les corneilles du septième ciel (12)

(...) elle le crucifia avec cette sentence devenue célèbre : « Si les Coutelas étaient de fines âmes, ça se saurait dans les étables ». La messe était dite. Edward comprit que ses manoeuvres de séduction n’auraient désormais plus aucune chance de succès, ce que Louis-Charles, en fin diplomate ravi de la tournure des événements, lui confirma.

Chapitre XII

Penser que cet épisode malheureux de sa jeunesse lui soit revenu en mémoire au moment d’établir une stratégie efficace pour faire la connaissance de la jolie jeune fille assise avec sa copine au Flore serait faux. S’il avait en général une bonne mémoire, Edward Crandaret n’en eut jamais pour les épisodes déplaisants de sa longue carrière. Ses études d’ingénieur lui avaient appris le pragmatisme cruel et ses années en brousse le flair du chasseur. Ces deux qualités le sauvèrent maintes fois de situations critiques mais jamais Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (12)

Les corneilles du septième ciel (11)

temps de lecture : 4 minutes bien tassées

(…) Mais comment ne pas passer pour un vieux gigolo alors que ses sentiments envers la jeune fille étaient purs bien qu’intéressés ? Il n’était motivé que par une seule chose : faire sa connaissance pour donner corps à l’héroïne de son prochain roman. Rien de sexuel là dedans, comme il le répéta au commissaire chargé de l’interroger après la disparition de Françoise.

Chapitre XI

L’écrivain surnommé le faux Blonde par Françoise était né Edward Crandaret. Pourquoi cette juxtaposition étrange ? A sa naissance, son prénom avait été imposé par sa maman, professeur d’anglais (mais pas d’histoire), elle-même prénommée Victoria, ce dont elle était très fière. Ses parents avaient   voulu rendre hommage au fair-play de cette Reine qui avait ensemencé toutes Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (11)

Les corneilles du septième ciel (10)

temps de lecture : 3 minutes 

(…) Une fois n’est pas coutume, les séances s’avérèrent bien plus pénibles pour le médecin que pour le patient. D’ailleurs, son analyste abandonna rapidement tout espoir de le sortir de son trou noir en expansion continue, au propre comme au figuré. Franck, de son côté, ne perçut jamais la résignation de son médecin elle aussi en expansion continue.

Chapitre X

Françoise était parvenue à la même conclusion que Philippe mais elle identifiait sa situation plutôt à celle de Jules et Jim, un autre chef d’œuvre cinématographique. A la place des personnages masculins de ce film, elle avait sous la main, d’un côté un psychanalyste chauve un peu plus âgé qu’elle qui avait le mérite de l’avoir sortie de son impasse sentimentale, et de l’autre, un écrivain lui aussi Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (10)

Les corneilles du septième ciel (9)

temps de lecture : 3 minutes 

(…) Bien au contraire, chez lui, la vie de tous les jours ressemblait à une vie monacale où l’on aurait fait vœu de silence. Personne n’avait le droit de raconter son dernier rêve ou de parler de ses problèmes. Cet homme pourtant dévoué à l’écoute de ses patients ne le fut jamais à celle de sa famille. Il ne s’intéressa ni à ses enfants ni, encore moins, à ce qu’ils pensaient. Le jour où son fils aîné médecin fut nommé chef de service dans un hôpital parisien, il ignorait sa spécialité …

Chapitre IX

Subitement, malgré sa décision de reprendre des études, Françoise alla mieux. Le docteur Philippe C. ne mit pas longtemps à en comprendre la raison. Lors d’un week-end chez ses parents, elle avait assisté au centre culturel interurbain de Chauvigny à une conférence donnée par Didier, le vrai Blonde. Elle connaissait tous ses écrits et elle éprouvait une véritable fascination pour son livre intitulé Leïlah Mahi. A partir d’un minimum d’informations récoltées à droite et à gauche, l’auteur avait imaginé Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (9)

Les corneilles du septième ciel (8)

temps de lecture : 4 minutes 

(…) Malgré une vie sentimentale riche et variée, sa cousine Myriam n’avait jamais réussi à se fixer ; elle était donc, elle aussi, toujours célibataire et toujours très jolie. Philippe avait fini par accepter de la revoir lors du mariage d’un cousin éloigné. Ces  retrouvailles avaient confirmé ses craintes : Myriam, Professeur en littérature comparée à la Faculté de Limoges, était belle et intelligente. Ils évoquèrent leur aventure à la kermesse et en rirent de bon cœur. Mais, ce qui troubla le plus Philippe, ce fut sa ressemblance avec Leïlah Mahi.

Chapitre VIII

Pour Philippe, le choix d’une épouse devenait préoccupant bien qu’à ses yeux le problème était simple : il y avait d’un côté Françoise qu’il allait guérir de ses errements sentimentaux et dont il espérait bénéficier, en toute logique judéo-chrétienne et psychanalytique, de son retour à une sexualité classique, et, d’un autre côté, Myriam qui, pour l’encourager, pensait-il, lui avait affirmé ne plus maltraiter les escargots de ses camarades de jeu.

Le docteur Philippe ne trouvait rien d’extravagant à sa situation qu’en cinéphile averti il comparait à celle de César et Rosalie, un de ses films préférés. Le sujet était selon lui à peu près le même : un homme et deux femmes au lieu de l’inverse. Il y avait cependant quelques différences. D’abord, aucune des deux intéressées ne le courtisait et c’était lui le séducteur. Ensuite, ses futures victimes ne semblaient guère Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (8)

Les corneilles du septième ciel (7)

temps de lecture : 2 minutes 

(…) La solitude, le goût des vieilles filles, ses difficultés avec les plus jeunes, conduisirent le jeune Philippe chez un autre médecin, le psychanalyste Henri Namur, qui réussit le tour de force de lui faire admettre enfin le bien-fondé de la réaction de Myriam.  A la fin de ses études de médecine, il choisit donc cette discipline à laquelle il devait tant.

Chapitre VII

En 1919, les arrière-grands-parents de Philippe d’origine juive avaient fui  la Crimée pour échapper aux bolcheviques. Sur le navire anglais qui les emmenait à Constantinople, leur fils, son grand père Isaac Kourilsky, alors âgé de dix ans, avait joué aux échecs avec le Prince Youssoupov émerveillé par ses dons précoces. En France, où sa famille s’installa, il épousa plus tard Esther Krawisky, une jeune fille juive d’origine polonaise. Ils eurent deux fils : Jacob, le père de Philippe, et Samuel, le père de Myriam. L’aîné fit de  brillantes études de médecine et fut nommé Chef du service d’Anatomo-pathologie au CHU de Poitiers.

Peu après sa cruelle désillusion avec Myriam, et Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (7)

Les corneilles du septième ciel (6)

temps de lecture : 3 minutes 

(…) D’ailleurs, elle trouvait que plus personne dans ce café n’évoquait ce passé révolu. Au contraire, et à sa grande surprise, il y avait non loin de leur table cet écrivain jadis blond qui l’avait tant séduite à la terrasse du Surcouf deux mois auparavant. Quel hasard ! Françoise en profita pour enfoncer le clou. Elle confia innocemment à son amie que, pour preuve, ce consommateur-là ressemblait davantage aux séducteurs des films de Vittorio de Sica qu’à son épouvantable Sartre.

Chapitre VI

Lors de ses passages à Joigny, Françoise revoyait parfois Bernard, ce jeune garçon un peu fruste convaincu de l’avoir demandée en mariage dans la grange du Père Ménard. Le malheureux ne s’était jamais remis de son refus offusqué. Bien que bénéficiant d’un emploi de complaisance chez un oncle cultivateur, il accumula les absences injustifiées. On le trouva un jour, allongé au bord de la rivière, fumant les herbes qu’il avait ramassées autour de lui. Il ne s’agissait pas de plantes hallucinogènes mais il n’en délirait pas moins. Hospitalisé en psychiatrie au CHU de Poitiers, il fut suivi par Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (6)

Les corneilles du septième ciel (5)

(…) En réalité, Françoise n’allait plus se confesser ni à la messe parce qu’elle avait découvert le jogging qu’elle pratiquait intensément et justement le mercredi soir, jour des confessions, et le dimanche matin, jour de la messe.

Chapitre V

Deux sujets passionnaient nos deux amies et animaient leurs discussions sans fin : l’Amérique et Jean-Paul Sartre. Françoise avait répété plusieurs fois à son amie qu’elle préférait le passé provincial à l’avenir anglophone. Annick, de son côté, ne démordait pas de sa passion pour les chefs d’œuvre du cinéma américain qui commençaient à dater comme le lui faisait remarquer Françoise quand elle était à court d’arguments. Les westerns en particulier la laissaient indifférente, et pour cause ! Les tracteurs Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (5)

Les corneilles du septième ciel (4)

temps de lecture : 4 minutes 

(…) Ils n’étaient que trois ou quatre étudiants à écouter dans des salles lugubres à la propreté douteuse un professeur résigné qui tentait de leur enseigner la hiérarchie complexe au sein de l’armée de Nabuchodonosor, alors qu’elle, ce qui la passionnait, c’étaient les amours incestueuses à la cour de Babylone. Allant à l’encontre des conventions universitaires de l’époque, elle entreprit une thèse sur ce sujet qui fit grand bruit par son audace et le rejet des tabous. L’homosexualité y était omniprésente et c’est peut-être pour cette raison qu’elle se retrouva plus tard dans les bras de Françoise.

Chapitre IV

D’abord pensionnaire au collège Sainte Cécile de Poitiers, Françoise bénéficia à son entrée en Faculté de Pharmacie d’une chambre dans un foyer pour étudiantes tenu par les Sœurs Augustines. Bien que le docteur Philippe C. ne prenait que rarement la parole, il la questionna souvent sur les comportements de ses camarades de dortoir. Françoise, qui n’en avait jamais parlé à personne, évoqua avec réticence ces souvenirs pénibles. Au début, il y avait eu les baisers sur la bouche, sans, puis avec la langue, pour apprendre à les faire le mieux possible avec Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (4)