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Rendez-vous à cinq heures pour une révolte

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Une révolte
de Lorenzo

Nous sommes plusieurs lecteurs du blog à avoir été contraints d’acheter à nos frais Blind Dinner de Philippe Coutheillas pourtant auréolé de son récent Prix Goncourt. « Better late than never », comme le dit fort à propos The Southiégeoise ! Est-ce l’acquisition de sa somptueuse demeure à Champ de Faye qui en est la cause ? Nous l’ignorons but he is in the red.

Acheter Blind Dinner, oui, le lire, non, and pigs can fly. D’abord, l’idée Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures pour une révolte

Les corneilles du septième ciel (20)

temps de lecture : 7 minutes 

(…) A l’évidence, Lorenzo ignorait la critique dithyrambique de ce film rédigée par Philippe pour la revue Télérama à laquelle il collaborait depuis ses derniers succès littéraires. La grande Fabienne Pascaud avait condescendu à lui octroyer un sourire plus ambigu qu’admiratif auquel il n’avait pas été insensible malgré tout le mal qu’il avait déversé sur elle et son journal. D’ailleurs, cet hebdomadaire à la mode, il le trouvait plus gauchiste que chrétien, ce qui ne constituait en rien une excuse.

Chapitre XX

A la terrasse ensoleillée du Cyrano, Françoise demanda à Lorenzo ce qu’était la photo. Sa réponse emprunta des chemins plus tortueux que convaincants dont lui-même doutait de la pertinence :

 « Longtemps je me suis réveillé de bonne heure avec une sacrée migraine, cette maladie vieille comme le monde, certes bénigne mais fort handicapante au quotidien, décrite Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (20)

Les corneilles du septième ciel (19)

temps de lecture : 4 minutes

(…) Ce qui comblait Annick chez son nouveau compagnon ne relevait pas de ses prouesses techniques : elle avait enfin rencontré un homme affectueux, bienveillant et généreux. Il s’agissait à son avis des meilleures qualités disponibles sur le marché. Lui revenait souvent cette citation d’Agatha Christie dont elle vérifiait chaque jour la justesse : « Ce qui est bien quand on vit avec un archéologue, c’est que plus on vieillit, plus on l’intéresse ».

Chapitre XIX

Au moins, en voilà un qui a encore des cheveux sur la tête, se dit Françoise. Heureusement pour lui, et pour elle, Lorenzo n’avait pas que ces vertus capillaires. Bien que n’étant ni psychanalyste, encore qu’être fils de était déjà la moitié du chemin parcouru, ni écrivain, quoi que, à l’occasion, il ne lui déplaisait pas de manier la plume, Lorenzo débordait de qualités séduisantes et pas Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (19)

Les corneilles du septième ciel (18)

temps de lecture : 2 minutes 

(…) Quand, pour la première fois, Françoise fit part de ses travaux à Philippe, ce dernier eut le tort de lui rire au nez en affirmant de façon péremptoire qu’elle était bien mal placée pour douter de l’efficacité de la psychanalyse. Cette assertion ne pouvait en aucun cas constituer une preuve et s’avéra en plus une erreur fatale : il n’avait pas perçu, alors que c’était pourtant son métier, que la personnalité de son ancienne patiente avait évolué. Elle le lui fit remarquer de la manière la plus cinglante qui soit :

– Philippe, vous n’êtes pas psychologue pour un sou mais psychanalyste pour beaucoup.

Chapitre XVIII

Annick avait rencontré sur un champ de fouilles entre le Tigre et l’Euphrate un drôle de spécimen que seule l’archéologie pouvait produire. Marié avec une femme qui l’ennuyait à mourir, ses enfants partis depuis longtemps, Pierre Lepovre n’avait pas longtemps résisté aux charmes d’Annick qui, il faut le reconnaître, ne sautaient pas aux yeux, surtout d’un myope. D’une naïveté qui en avait impressionné plus d’un, Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (18)

Les corneilles du septième ciel (17)

temps de lecture : 4 minutes

(…) « Mieux vaut un bon scanner qu’une heure de bavardages ». Les conséquences de ces dérives ne se firent sentir que vingt ans plus tard lors d’une épidémie qu’aucun professeur n’avait prévue, ce qui était excusable, et qui submergea des hôpitaux devenus, par leur faute, incapables d’y faire face, ce qui était impardonnable.

Chapitre XVII

La nouvelle vie de Françoise l’enthousiasmait : elle découvrait les  neurosciences, un domaine dont l’origine ne remontait qu’aux années cinquante. Un nouvel examen, l’Imagerie par Résonance Magnétique, révolutionna l’exploration du cerveau. Les américains avaient entrepris la construction d’un appareil géant, grand comme une maison, qui allait permettre de suivre le cheminement des informations dans les neurones et dans les deux sens : leur stockage et leur retour à la conscience. Ainsi allait être démontrée la part Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (17)

Les corneilles du septième ciel (16)

temps de lecture : 2 minute

(…) En l’écoutant, Françoise réalisa que son enfance à elle, qu’elle avait toujours jugée sinistre, ne l’était peut-être pas autant que d’autres comme celle de ce photographe. Annick, de son côté, considéra que cet ahuri en rajoutait un peu pour se mettre en valeur. Comme elles en discutèrent plus tard ensemble, il n’y avait pas de réponses à leurs interprétations divergentes : aucune preuve ne pouvait démontrer la validité de l’une ou de l’autre. Telles sont les vies des gens : elles n’expriment pas toujours leurs propres différences mais les différences entre ceux qui les voient et les jugent.

Chapitre XVI

Françoise avait désormais pris de l’assurance. Elle en attribuait le mérite en partie à son analyse et en partie à son changement d’orientation professionnelle où elle s’épanouissait. Chaque jour, elle découvrait autre chose que l’horizon désolé de la campagne poitevine et le regard vide d’un poilu couleur kaki délavée. Sa récente rupture avec Annick ne l’avait pas perturbée et elles étaient restées les meilleures amies du monde. Reconnaissons que la vie de province favorisait son investissement dans des études qui, par ailleurs, la passionnaient. Elle fut nommée Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (16)

Les corneilles du septième ciel (15)

temps de lecture : 4 minutes 

(…) Elle constata aussi que ses hypothétiques prétendants prénommés Philippe avaient tous les deux un âge et une calvitie avancés. Cette dernière curiosité l’intrigua et elle se promit d’en demander la signification à son ex-psy qui la courtisait, lui aussi, depuis qu’elle était chef de clinique en Neurologie au CHU de Poitiers. Dans son escarcelle de prédatrice, elle envisagea de mettre une troisième victime, un photographe rencontré sur les quais.

Chapitre XV

Sur cette photo prise par Lorenzo, le photographe en question, élève d’Henri Cartier-Bresson, le plus grand de tous d’après lui, les deux jeunes femmes, Annick à gauche et Françoise à droite, se baladent dans Paris un jour de pluie. Comme il tenait à leur offrir les clichés qu’il venait de prendre d’elles, il les invita à la terrasse du Voltaire, un café sur le quai du même nom, pour échanger leurs adresses et continuer leur conversation. Lorenzo prétendait avoir été médecin dans le passé mais ni Françoise ni Annick n’en semblaient convaincues. Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (15)

Les corneilles du septième ciel (14)

temps de lecture : 3 minutes

(…) Les enquêtes farfelues de l’inspecteur avaient fait ses délices d’étudiante dans sa petite chambre chez les Soeurs Augustines de Poitiers. Après, lui dit-t-il, son style avait évolué plus par lassitude que par volonté mais il connut alors la célébrité avec Les Corneilles du Septième Ciel aux multiples récompenses. Françoise l’avait lu aussi et lui demanda :

– Mais l’histoire se passe en Afrique, n’est-ce pas ? Vous connaissez donc l’Afrique ?

Chapitre XIV

Au début de sa première vie d’ingénieur, son entreprise avait été missionnée pour reconstruire après un incendie une ferme que possédait au pied du Ngong une femme d’origine scandinave. Ce n’était pas la vue de sa chambre d’étudiant à Vincennes donnant sur la fosse aux lions du zoo qui l’avait incité à partir au Kenya. Non, au départ, ce jeune ingénieur frais émoulu de la célèbre Ecole des Ponts et Chaussées dont il énumérait en guise de présentation tous les termes un à un en séparant et en martelant chaque syllabe pour qu’on comprenne bien de quoi il s’agissait (ce qui en énervait plus d’un), s’y rendit pour diriger les travaux de reconstruction. Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (14)

Les corneilles du septième ciel (13)

temps de lecture : 3 minutes

(…) Pris de court et parant au plus pressé, Edward envisagea de lui dire des répliques cultes du cinéma bien qu’aucune ne lui sembla adaptée, comme  « T’as d’beaux yeux, t’sais ? » d’autant que Françoise portait des lunettes de soleil. « Atmosphère, atmosphère … » collait mieux à son dépaysement intellectuel dans ce lieu, mais « C’est lourd, soit, mais c’est lourd » avait le mérite d’être décalé et assez spirituel à condition que son gibier ait eu connaissance de ce chef d’œuvre du septième art sorti sur les écrans plus de cinquante ans auparavant ce qui, vu sa jeunesse, n’était pas sûr. Sans avoir encore trouvé la réplique la mieux adaptée à cette attaque surprise, Edward ne put que balbutier d’une voix chevrotante :

– Non, monsieur.

Chapitre XIII

Françoise n’en revenait pas de son audace. Elle avait abordé un homme, qui plus est d’âge mûr, telle une courtisane à la recherche d’un vieux gigolo pour l’entretenir ! Dans ses années-là d’avant le féminisme, une telle attitude relevait de la débauche ; aujourd’hui, cette démarche serait considérée comme une réhabilitation de la dignité de la femme. Qu’avait bien pu en penser sa victime ? Pour excuser sa méprise, elle avait invoqué Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (13)