Les corneilles du septième ciel (18)

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(…) Quand, pour la première fois, Françoise fit part de ses travaux à Philippe, ce dernier eut le tort de lui rire au nez en affirmant de façon péremptoire qu’elle était bien mal placée pour douter de l’efficacité de la psychanalyse. Cette assertion ne pouvait en aucun cas constituer une preuve et s’avéra en plus une erreur fatale : il n’avait pas perçu, alors que c’était pourtant son métier, que la personnalité de son ancienne patiente avait évolué. Elle le lui fit remarquer de la manière la plus cinglante qui soit :

– Philippe, vous n’êtes pas psychologue pour un sou mais psychanalyste pour beaucoup.

Chapitre XVIII

Annick avait rencontré sur un champ de fouilles entre le Tigre et l’Euphrate un drôle de spécimen que seule l’archéologie pouvait produire. Marié avec une femme qui l’ennuyait à mourir, ses enfants partis depuis longtemps, Pierre Lepovre n’avait pas longtemps résisté aux charmes d’Annick qui, il faut le reconnaître, ne sautaient pas aux yeux, surtout d’un myope. D’une naïveté qui en avait impressionné plus d’un, Pierre confia sans retenue à sa dulcinée toutes ses connaissances accumulées depuis des lustres afin qu’elle réussisse sa propre carrière. Il n’avait plus aucune ambition pour lui-même, jugeant qu’à son âge la seule chose dont on pouvait encore être fier était de transmettre nos acquis à des personnes de confiance qui sauraient les exploiter au mieux. C’est donc ce qu’il fit sans rien exiger en retour. Mais Annick, bonne fille pas insensible à la gentillesse de ce sexagénaire déçu par la vie, lui offrit un retour inespéré malgré son surpoids qui ne pesa pas bien lourd dans la balance. Il l’envoya sans la moindre difficulté au septième ciel, celui-là même des corneilles. Ce qui comblait Annick chez son nouveau compagnon ne relevait pas de ses prouesses techniques : elle avait enfin rencontré un homme affectueux, bienveillant et généreux. Il s’agissait à son avis des meilleures qualités disponibles sur le marché. Lui revenait souvent cette citation d’Agatha Christie dont elle vérifiait chaque jour la justesse : « Ce qui est bien quand on vit avec un archéologue, c’est que plus on vieillit, plus on l’intéresse ».

A SUIVRE ?  (rien n’est moins sûr)

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