Archives mensuelles : avril 2015

Le bon, la brute et les enfants (Version 2-Sentimentale)

De cette histoire très simple, vous avez eu la première version hier, 13 avril.
Voici maintenant la deuxième version, à la manière sentimentale.

Le bon, la brute et les enfants
Version 2-Sentimentale
 

Hier matin, café-croissant-Proust dans un café-tabac de la rue Gay-Lussac. La salle est largement ouverte sur la rue. Un camion se gare devant le café le long du trottoir qui, à cet endroit, est assez étroit. La porte latérale est ouverte par un gros livreur, rasé plus que chauve, 30 ans, tatoué. Il décharge brutalement des cartons volumineux et les rentre dans le café en les faisant glisser sur le sol. Au bout de quelques minutes, il est interrompu dans son travail par un cortège d’enfants de 8 à 10 ans, accompagné par quelques adultes. Ils vont sans doute au Luxembourg. Je m’attends ce que le livreur soit au moins agacé par ces gamins qui retardent sa tournée. Au contraire, il les observe avec amusement et tendresse en souriant du haut de son camion. Les enfants, tout occupés de leurs conversations, ne le voient même pas. De temps en temps, il touche l’épaule ou le crâne de l’un d’entre eux pour qu’il se retourne et cherche d’où vient ce contact. Le manège s’achève avec la fin du cortège. Le tatoué reprend ses manœuvres brutales. Ce livreur, je l’aime ; il vient de changer la nature de ma matinée.

 La troisième version, auditive, paraitra demain 15 avril

 

Le bon, la brute et les enfants (Version 1-Notations)

Voici une histoire simple, intitulée « Le bon, la brute et les enfants ». Elle va vous être racontée de 7 manières différentes : dans l’ordre, tout d’abord sous forme de simples notations, puis sous forme sentimentale, puis de manière auditive, ensuite de manière négative, puis à la façon d’un télégramme. Viendra ensuite une forme plus évoluée, la forme Proustienne. On terminera de manière plus sombre et plus développée, à la Série Noire.

Aujourd’hui, pour la première version, voici la manière « Notations »

Le bon, la brute et les enfants
Version 1-Notations

Assis à la terrasse du tabac le Week-End, je prends mon café-croissant. Il fait beau.
Un camion de livraison de bière se gare devant la terrasse. Le livreur est un jeune costaud. Il porte un sweatshirt moulant blanc sale. Son crâne est rasé et ses bras sont couverts de tatouages. Il a l’air pressé et de mauvaise humeur. Il débarque ses tonneaux bruyamment. Il m’est antipathique.
Des enfants d’un lycée voisin passent en groupe. Ils vont au Luxembourg. Leur passage empêche l’homme de continuer son débardage. Ils passent par deux entre le camion et la terrasse. Entièrement occupés par leurs conversations, ils ne voient rien autour d’eux. Le livreur les regarde passer, debout sur son plateau. Il sourit. Parfois, il leur fait une farce en leur touchant la tête. Alors l’enfant cherche en riant d’où lui vient ce contact.
L’atmosphère du jour a changé.

La deuxième version (sentimentale) paraitra demain 14 avril

Bonjour, Philippines ! Chap.6: Retour à Manille

Pour les chapitres précédents de Bonjour, Philippines ! cliquez ci-dessous

Chapitre 1- Un ptérodactyle sur fond d’azur

Chapitre 2 – Des méfaits de l’air conditionné

Chapitre 3 – Mitraillette, champagne et taille-crayons

Chapitre 4- Un soir au Monte-Carlo

Chapitre 5 – La fièvre monte à Mindanao

Dans le chapitre précédent, Ratinet s’est comporté normalement et, pour ce que l’on en sait, il n’a pas connu de nouvelle mésaventure. C’est plutôt Philippe, le narrateur, qui, pris brutalement d’un accès de dengue, a connu quelques péripéties étranges, incluant un cabriolet Mercedes blanc, des individus hostiles et enturbannés  et un coq de combat. Le week-end à Manille vers lequel il se dirige au début de ce sixième chapitre s’annonce plus calme. Mais sait-on jamais ?

Retour à Manille
(où l’on constate que contrairement à la foudre,  la malédiction a encore frappé au même endroit et où l’on découvre les sports en vogue le dimanche à Manille)

« Nous venons d’atterrir à l’aéroport international de Manille. Il est 21 heures 15 et la température extérieure est de 90° Fahrenheit. Nous vous rappelons que votre ceinture doit rester attachée jusqu’à l’arrêt complet de l’appareil….. »

Je ne prête même plus attention à la partie de l’annonce qui porte sur les armes. Lorsque nous sortons de l’aéroport, il est près de dix heures, et je ne pense qu’à ma chambre au huitième étage du Hilton.

Quelques heures auparavant, pendant le voyage en voiture entre Iligan et l’aéroport de Cagayan, Ratinet m’avait demandé de mes nouvelles. Brinquebalé par les chaos de la route, fatigué par mes jours de fièvre, et sans doute aussi vexé par le manque d’intérêt manifeste de mon conducteur,  j’étais resté très laconique. Cela n’avait pas paru le troubler, car il avait embrayé aussitôt sur la narration de ses propres aventures.
Sur un ton mi-râleur mi-plaintif accompagné d’une nuance de reproche à mon égard, il me raconta la dernière de ses mésaventures. Continuer la lecture de Bonjour, Philippines ! Chap.6: Retour à Manille

Sur la Piazza Farnese

11 mars 2015

Sur la Piazza Farnese, c’est une belle fin de matinée de mars, fraiche et ensoleillée. Pour la centième fois depuis que nous venons à Rome, nous avons erré un peu sur le Campo dei Fiori dans les allées du marché au milieu des fruits, des fleurs, des bouteilles d’huile, des pâtes multicolores, des olives en vrac, des épices en sachet, des bruits, des odeurs et des triporteurs abandonnés.

Et puis, pour la centième fois, nous avons pris la Via dei Baullari, cette ruelle qui nous amène à chaque fois, bouche bée, sur la grande Piazza Farnese, entre les deux fontaines, juste dans l’axe de l’Ambassade de France. D’ordinaire, hormis une demi-douzaine de touristes et un carabinier devant la porte de l’ambassade, la place est pratiquement déserte. Mais aujourd’hui, elle n’a pas son aspect Continuer la lecture de Sur la Piazza Farnese

N°500

Aujourd’hui, c’est la 500ème édition du Journal des Coutheillas.
Au cours de ces 500 premiers jours, 530 articles ont été publiés :
136 textes originaux
56 critiques
65 collages
217 photos
pas mal de citations
Ces publications ont été vues
25223 fois
dans 99 pays
par pas mal de gens
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A suivre

La critique

Morceau choisi

La critique

Ici je vous adresse une prière. Lisez le moins possible d’ouvrages critiques ou esthétiques. Ce sont, ou bien des produits de l’esprit de chapelle, pétrifiés, privés de sens dans leur durcissement sans vie, ou bien d’habiles jeux verbaux ; un jour une opinion y fait loi, un autre jour c’est l’opinion contraire. Les œuvres d’art sont d’une infinie solitude ; rien n’est pire que la critique pour les aborder. Seul l’amour peut les saisir, les garder, être juste envers elles. Donnez toujours raison à votre sentiment à vous contre ces analyses, ces comptes rendus, ces introductions. Eussiez-vous même tort, le développement naturel de votre vie intérieure vous conduira lentement, avec le temps, à un autre état de connaissance. Laissez à vos jugements leur développement propre, silencieux. Ne le contrariez pas, car, comme tout progrès, il doit venir du profond de votre  être et ne peut souffrir ni pression ni hâte. Porter jusqu’au terme, puis enfanter : tout est là. Il faut que vous laissiez chaque impression, chaque germe de sentiment, murir en vous, dans l’obscur, dans l’inexprimable, dans l’inconscient, ces régions fermées à l’entendement. Attendez avec humilité́ et patience l’heure de la naissance d’une nouvelle clarté́. L’art exige de ses simples fidèles autant que des créateurs.

Rainer Maria Rilke
Lettres à un jeune poète