Archives de catégorie : Textes

Rendez-vous à cinq heures en auto-stop

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Bernard Schaefer a beaucoup pratiqué l’auto-stop. Il nous fait part de quelques unes de ses expériences. En voici une entre Paris et Le Mans.

 Un avocat au Mans

Une autre occasion de faire du stop fut de rejoindre femme et enfants sur la côte vendéenne où je les avais conduits en voiture une semaine auparavant. Je prépare mon itinéraire. Je quitterai l’agglomération parisienne en fin d’après- midi, espérerai atteindre Le Mans avant la nuit, dormirai dans cette ville, de là selon les possibilités, en une journée, je passerai par Angers, Cholet, Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures en auto-stop

Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (3/3)

(suite de l’autocritique malaisée d’Histoire de Dashiell Stiller)

(…) Les deux derniers chapitres, Mattias Engen et Dashiell Stiller, les plus longs du roman, dégagés qu’ils étaient de la tragédie de Samuel et de la langue de bois de Cambremer, ont été sinon faciles, du moins agréables à écrire. Le moins agréable n’étant pas de ne pas connaitre le dénouement des amours d’Isabelle et Dashiell une demi-heure avant de l’écrire enfin.

Je viens de vous présenter sans vergogne ni pudeur la plupart des secrets de l’écriture de l’Histoire de Dashiell Stiller. A présent, sans aucune modestie et en toute sincérité, je vais me livrer coram populo et sans filet à l’exercice littéraire le plus difficile et le plus dangereux qui soit : faire la critique du roman que l’on vient d’écrire.

Critiquer le roman d’un autre est un plaisir dont je ne me suis pas souvent privé. Continuer la lecture de Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (3/3)

Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (2/3)

(suite de l’autocritique malaisée d’Histoire de Dashiell Stiller)

(…) Et puis bien sûr, il y a Le Cujas. Aujourd’hui, le Cujas, c’est l’Histoire de Dashiell Stiller, mon premier vrai roman, le texte qui justifie sous forme de critique aisée mon intervention d’aujourd’hui. Je ne le répèterai jamais assez : je l’ai lu et relu, et j’ai aimé ce que j’ai lu.

Comment l’idée du Cujas m’est venue, je l’ai dit cent fois à qui voulait l’entendre : la vieille dame joyeuse à Aurillac, la carte-postale bihebdomadaire à la maison de retraite et, un jour, celle qui m’arrête au moment de la mettre à la boite : Étudiants à la terrasse d’un café du boulevard Saint-Michel à Paris, vers 1935.  © Albert Harlingue/Roger-Viollet. Huit personnages sur la photo, le Quartier Latin, quatre ans avant la seconde guerre mondiale… Qu’est-ce qui peut bien lier ces gens en ce jour de 1935 ? Comment vont-ils traverser la guerre ? Vont-ils seulement en réchapper ? Et Continuer la lecture de Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (2/3)

Rendez-vous à cinq heures avec une réponse

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Parce que le roman
par Philippe

Cette chronique est censée répondre à celle que Lorenzo a signée hier dans le JdC

Elle est intéressante cette étude sur les différences qui existent entre le roman et la réalité, ou plutôt entre les comportements humains romanesques et les comportements  réels. Bien que je sois en désaccord avec elle sur presque tous les points, elle est intéressante, argumentée. On peut regretter cependant qu’à la fin du texte ainsi que dans l’addendum, l’auteur n’ait pas su s’empêcher d’enfourcher une fois de plus sa monture favorite, sorte de mulet increvable né de la fusion improbable de personnages réels et de leurs images fantasmées sous la plume d’un auteur en verve. Mais passons.

Donc, selon la théorie Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec une réponse

Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (1/3)

Histoire de Dashiell Stiller
Philippe Coutheillas, 2023
Amazon, 419 pages, 12€

 Il m’arrive parfois de quitter le second degré ; il m’arrive aussi de quitter nuance, réserve et modestie et généralement, ça se produit en même temps. En voici la preuve :
J’ai relu Histoire de Dashiell Stiller. Il le fallait : c’était nécessaire pour les corrections d’épreuves avant publication. Mais c’est aussi par goût que je l’ai fait et, comme je le disais l’autre jour dans une critique plus lapidaire parue fin août dernier : j’ai aimé ce que j’ai lu.

Oui, j’ai aimé. Cela vous surprend, n’est-ce pas, de lire ici ce genre d’aveu ? Ce sont des choses qui ne se font pas : c’est fichtrement casse-gueule, c’est un faux-pas, une faute de goût, et, pire, c’est une erreur.
Eh bien, c’est peut-être une erreur, mais Continuer la lecture de Histoire de Dashiell Stiller – Critique aisée n°264 (1/3)

Rendez-vous à cinq heures avec une question

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Mais pourquoi le roman ?
par Lorenzo dell’Acqua

Il y a quelque chose de faux dans la plus belle expression dont soit capable l’être humain, à savoir la littérature, poèmes ou romans ou autres. Faux, parce que jamais l’homme ne fonctionne de façon huilée, policée, cohérente, comme se doit de fonctionner un bon roman. L’homme fonctionne par « images » ou « impressions » successives, chacune en appelant une autre sans qu’il soit capable de dire comment et pourquoi il en est arrivé à la dernière, la seule qui compte pour lui, celle qu’il va assumer, adopter et à laquelle il va croire dur comme fer.

Mais comment en est-il arrivé à penser une chose pareille ? Lui-même ne se le demande jamais. Le roman est exactement l’inverse : il doit être cohérent et Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec une question

Aventure en Afrique (45)

Pour nous, après une nuit à Arlit, c’est le départ l’Aïr : Chantal écrit dans son carnet : “16 décembre, levé 7h, départ à 10h30“Les hommes avec les hommes, les femmes avec les femmes, chacun dans son camion. Nous devons être au total une quarantaine, et une dizaine de militaires actifs. Dans notre camion nous découvrons des visages inconnus. Après présentations il s’avère que ce sont des enseignants coopérants militaires comme nous : nous ne nous sommes jamais croisés auparavant. Chez les coopérants techniques nous nous connaissons tous grâce entre autre au repas du dimanche soir au mess des officiers mais n’y avons jamais rencontré d’enseignants. Ils vivent dans leur collège, leur lycée, leur fac et n’en sortaient que peu. Leur épouse ou compagne sont également toutes dans l’enseignement. Ces coopérants sont engagés pour deux années scolaires. Nos chemins ne se sont croisés que lors de ce voyage : cela est dommage et regrettable car nous avons découvert en fin de notre séjour des gens passionnants.
Nous roulons sur une vaste plaine pierreuse, direction nord-est avec le massif de l’Aïr qui se détache au loin. Nous soulevons une énorme poussière. En tête du convoi le commande-car ouvre la route. Aux environs de midi nous pouvons observer avec surprise des mirages et avons l’impression de rouler dans de l’eau.
Les camions Willem ont à l’arrière un Continuer la lecture de Aventure en Afrique (45)

Aventure en Afrique (44)

Il était de tradition chaque année que le gouvernement du Niger offre aux VSNA, un voyage à travers le Sahara en camions militaires. Mais en 1973, la grande sécheresse a tout chamboulé ; les camions étaient affectés à la distribution de vivre dans les zones reculées. Nous allions donc être privés de ce périple : c’était sans compter sur l’acharnement de certains. Un de nos camarades était le fils d’un général de l’armée française et cette dernière était stationnée, entre autre, au Niger même après l’indépendance, comme encore aujourd’hui.
Les choses sont compliquées. Nous sommes bien militaires, mais il y a nos épouses ou compagnes qui ne le sont pas et qui pour la grande majorité ont un emploi.
Je passe sur les démarches et négociations auxquelles je n’ai pas participé :
–Faire partir trois camions Willem modèle 1950 de la base française de Niamey et un command-car (power), avec à leur bord la moitié des participants au voyage pour rejoindre Arlit via le Massif de l’Aïr.
–Une semaine plus tard faire décoller de la même base, un Nord-Atlas de l’armée Nigérienne, à son bord l’autre moitié de l’effectif des participants, pour atterrir à Arlit
–A Arlit, après la visite de la mine par tous, les premiers participants rentrent avec l’avion à Niamey, l’autre équipe prend les camions pour l’Aïr, puis Agadez et Niamey.
Conditions particulières :
–Assurer un des camions pour les femmes, qui ne sont pas militaires.
–Les participants ont en charge le cout du carburant pour l’avion et les  camions.
Tout ce projet est mis en place !
L’organisateur, fils du général, tombe malade dix jours avant le départ : hépatite.
L’opération chancèle, c’est lui le principal organisateur, il est Continuer la lecture de Aventure en Afrique (44)

Aventure en Afrique (43)

temps de lecture  : 5 minutes 

Voir la mer (4)

Nous passons la frontière du Bénin, sans encombre,  à Grand Popo. Nous traversons ensuite la ville de Ouidah sans se douter que celle-ci avait un passé très douloureux. Les mémoriaux n’existaient pas encore et en particulier la célèbre  “Porte du Non-Retour”.
J’ai découvert plus tard qu’Ouidah avait été la plaque tournante de l’Afrique de l’Ouest du commerce triangulaire du XVéme au XVIIIéme siècle et avait vu passer des millions d’esclaves à destination des Amériques. Une histoire sombre qui a duré pendant 400 ans. (Cf. TV5MONDE)
Puis nous obliquions vers le nord jusqu’au lac de Nokoué, sur lequel est bâti depuis le début du XVIIIéme siècle la cité lacustre de Ganvié.
Nous prenions une pirogue pilotée par le guide. « Le fondateur de Ganvié, fuyant les enlèvements esclavagistes, arrive au bord du lac Nokoué avec ses proches en 1717. Il usa de magie pour sonder l’étendue et trouva une portion de terre. Comme les siens ne possédaient pas les mêmes pouvoirs que lui, il se transforma en crocodile. Il put les amener sur la minuscule terre repérée et y fonda ce village dont la signification en langue fon est “la communauté sauvé”. Depuis lors, le Continuer la lecture de Aventure en Afrique (43)

Rendez-vous à cinq heures dans la maison

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Voici la critique du film « Dans la maison » par Lorenzo dell’Acqua

 

DANS LA MAISON
François Ozon, 2012

Curieux film aux deux visages, l’un positif, l’autre négatif, qui met en scène la réalité et la fiction, le bien et le mal, mêlés avec une habileté dépourvue d’incohérences et de facilités.

Fabrice Lucchini interprète un professeur de français désabusé et résigné. Ses élèves sont nuls et surtout, ce qui le désespère encore plus, ne manifestent aucune envie d’apprendre. Là, rien d’étonnant, cela correspond à l’impression que nous avons tous. Mais, dans sa nouvelle classe, il découvre un jeune garçon doué qui raconte bien et qui écrit bien, autrement dit Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures dans la maison