Archives par mot-clé : Lorenzo

Rendez-vous à cinq heures : Naissance de la Vierge

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La Naissance de la Vierge

La Naissance de la Vierge, attribuée à Sasseta, puis au Maestro dell Osservanzia, et enfin depuis peu à Sano di Pietro, est ma peinture préférée. Cette merveille absolue qui chaque fois continue à me fasciner, je l’avais découverte dans le petit musée d’Asciano en Toscane. Classique, elle l’est par son thème religieux imposé au Quattrocento, classique, elle l’est aussi par sa facture qui utilise encore les coloris de la peinture byzantine et des icônes : le rouge, le noir et le doré. Rien d’autre. Trois couleurs, la règle de la perfection …

Ce qui m’émeut est Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures : Naissance de la Vierge

Rendez-vous à cinq heures avec votre psychanalyste

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Il y a trois sortes de psychanalyses :
La première, et la plus onéreuse, consiste à rémunérer très cher et en espèces le psychanalyste, ce qui le conforte dans l’idée qu’il est le médecin alors qu’il est en réalité le malade.
La deuxième, aussi efficace et plus économique puisque se réduisant à l’achat du papier, consiste à écrire ses souvenirs d’enfance réels ou fictifs, peu importe.
La troisième, de loin la plus rare et la plus intéressante financièrement, m’a été rapportée par Nicolaï, un ami peintre : c’est le psychanalyste qui venait chaque semaine à son domicile lui expliquer Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec votre psychanalyste

Rendez-vous à cinq heures avec l’Entre-deux selon Lorenzo

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Comme vous l’avez compris, je l’espère, les textes en gras sont l’incipit et l’excipit d’ À la recherche du temps perdu, et ce qui est entre les deux est de Lorenzo.

 

A la recherche du sommeil perdu

Longtemps, je me suis couché de bonne heure, 
mais, à la grande désolation de ma mère, je ne m’endormais jamais avant que ne s’inscrive sur la montre gousset en or massif de cinquante carats de chez Gaeger-le-Coultre, offerte pour l’anniversaire de mes dix ans par mon oncle Philippe, le chiffre fatidique « minuit » annonçant le passage tant redouté à un jour suivant et différent. Ma mère, que le petit personnel avait surnommée affectueusement Lariégeoise, convaincue que mes difficultés d’endormissement nuisaient à mes performances scolaires au Lycée Condorcet où j’étais entré en sautant une classe grâce à ce que certains Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec l’Entre-deux selon Lorenzo

Rendez-vous à cinq heures avec Lorenzo

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Enquête IFOP pour le JdC

         A la suite d’une série d’articles incendiaires d’une rare violence, une enquête a été diligentée à la demande d’un lecteur qui a préféré garder l’anonymat. Ces articles affirmaient de manière sarcastique que le photographe Lorenzo ne photographiait que des femmes et jamais d’hommes dans les musées. Ils mettaient en cause son intégrité psychique et soupçonnaient même à mots à peine couverts une certaine perversion de sa part. C’est lamentable mais vrai. Cette étude vient à point nommé pour confirmer ou infirmer ces propos calomnieux.

Matériel et Méthode

         Il nous a semblé intéressant de vérifier si la même dérive existait en peinture. L’étude a donc été réalisée au Musée d’Orsay le vendredi 6 mars 2020 entre 16 et 17 heures par un Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec Lorenzo

Rue des martyrs

RUE DES MARTYRS

ou

FAIRE DU VÉLO AVEC UN BON COPAIN LE DIMANCHE MATIN

EN PLEIN HIVER

ET AUTRES PLAISIRS MAJUSCULES

Le souvenir du réveil difficile par un dimanche lugubre de février est déjà loin. Le bol de café vite avalé en grelottant dans la cuisine pendant que madame et les enfants rêvent au fond de leurs lits, l’habillage fastidieux avec ces multiples couches de vêtements qui vous font ressembler plus à une poupée russe qu’à un champion du monde sur piste, la paire de gants indispensables à la survie qui demeure introuvable, le bonnet grotesque que vous a imposé votre épouse faute d’en trouver un plus adapté, le vélo grinçant que vous poussez délicatement dans l’entrée de l’immeuble pour ne pas réveiller les gens normaux, la gifle de la bise qui vous arrache vos dernières illusions, tout cela n’est rien en comparaison de ce qui vous attend ce matin-là où vous avez relevé le défi, vous allez faire du vélo avec un bon copain. Vous vous demandez d’ailleurs en escaladant votre engin quelle est la définition exacte d’un bon copain. Il vous faudra trouver une réponse à cette question cruciale avant de prendre tout nouvel engagement susceptible de grever vos rares moments de repos. Vous n’imaginiez pas non plus que le dimanche le thermomètre affichait cinq degrés de moins que les autres jours de la semaine. De toute façon, Continuer la lecture de Rue des martyrs

Retour de Campagne (32) La huitième fonction du langage

En prolongation de la discussion récente sur Roland Barthes, Lorenzo dell’Acqua nous prie d’insérer ce qui suit :

La huitième fonction du langage

Première partie

La prochaine épreuve du Trophée des Septuagénaires ne sera pas sportive mais intellectuelle même si certains ont objecté qu’à l’impossible nul n’est tenu. Elle se déroulera dans l’Amphithéâtre d’Anatomie du Palais de l’Archiginassio à Bologne qui accueillit par le passé de célèbres joutes oratoires. Le thème sera la Sémiologie chère à Roland Barthes, dernière Science, mais non la moindre, entrée au Collège de France.

Une révision préalable nous ayant semblé indispensable, les concurrents sont priés de consulter le petit opuscule de Patrick Rambaud, Le Roland Barthes sans peine. Nous leur conseillons également de lire ou de relire l’ouvrage de référence de R. B. : Le degré 0 de l’écriture avant que l’encre ne gèle dans l’encrier. C’est un émouvant recueil de ses souvenirs d’enfance chez ses grands parents maternels sur les hauts plateaux enneigés du Gers.

         Les sujets des épreuves ont été choisis par d’éminents intellectuels germanopratins et approuvés par un disciple Continuer la lecture de Retour de Campagne (32) La huitième fonction du langage

Retour de Campagne (27)- Bouvard et Pécuchet – SUITE&FIN  selon Lorenzo

Retour de Campagne (27)
Bouvard et Pécuchet – SUITE&FIN  selon Lorenzo

Comme il faisait une chaleur de 33 degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert.

Plus bas le canal Saint-Martin, fermé par les deux écluses étalait en ligne droite son eau couleur d’encre. Il y avait au milieu, un bateau plein de bois, et sur la berge deux rangs de barriques.

Au-delà du canal, entre les maisons que séparent des chantiers le grand ciel pur se découpait en plaques d’outremer, et sous la réverbération du soleil, les façades blanches, les toits d’ardoises, les quais de granit éblouissaient. Une rumeur confuse montait du loin dans l’atmosphère tiède ; et tout semblait engourdi par le désœuvrement du dimanche et la tristesse des jours d’été.

Deux hommes parurent.

L’un, de taille moyenne, aux cheveux rares plus blancs que blonds, avait des yeux bleus fatigués par les longues soirées passées à recopier les registres de l’entreprise à laquelle il se consacrait corps et âme depuis de longues années. Il semblait Continuer la lecture de Retour de Campagne (27)- Bouvard et Pécuchet – SUITE&FIN  selon Lorenzo

Un café ? Non, merci !

Moi, j’aime pas les cafés ; je ne m’y suis jamais senti bien et je n’y ai jamais perçu la moindre chaleur humaine. Les inconditionnels ont beau me dire qu’ils vont au café pour se retrouver face à eux-mêmes, moi, j’ai plutôt l’impression qu’ils y vont pour échapper à eux-mêmes. Dans leurs paradis publics pour rêveurs solitaires règne une connivence d’habitués dont je ne comprends pas la langue. Leur indifférence à l’égard des clients de passage accentue mon sentiment d’exclusion. Mais n’exagérons rien, tout n’est pas si désagréable dans un café ! Parfois, après de multiples tentatives infructueuses pour accrocher son retard fixé sur un horizon imaginaire, il arrive, mais pas à tous les coups, que le garçon s’aperçoive enfin de votre présence et condescende à venir prendre votre commande tout en vous faisant bien comprendre qu’il s’agit d’une faveur. Si vous étiez ce jour-là en charmante compagnie, votre honneur est sauf.

Non, décidément, je n’aime pas les cafés, mais alors pas du tout ! Leurs sièges sont inconfortables et, à mon malaise psychologique, s’ajoute un malaise physique qui Continuer la lecture de Un café ? Non, merci !

Retour de Campagne (17) – À la mer comme à la mer

À la mer comme à la mer

Nous voilà à nouveau confinés au bord de la mer mais cette fois-ci, ce  n’est plus le printemps, et, croyez moi, en hiver, c’est une toute autre aventure ! Heureusement, il y a des compensations. D’abord, les rues sont   (presque) désertes et le nombre d’irresponsables sans masque est bien moindre qu’à Paris. Mais, attention, comme me l’a fait remarquer un ami ingénieur bienveillant, il faut se méfier Continuer la lecture de Retour de Campagne (17) – À la mer comme à la mer