Archives par mot-clé : Philippe

Le tsunami

Tsunami1 est un mot d’origine japonaise. Littéralement, il veut dire « vague de port ». Aujourd’hui, alors que tout le monde a vu au moins une fois à la télévision ce que sont réellement un tsunami et ses effets dévastateurs, on peut se demander pourquoi cette tranquille locution sert à désigner un phénomène maritime monstrueux. Si vous ignorez cette raison et si vous voulez la connaitre, lisez la note de bas de page. Sinon, passez à la ligne d’en dessous : 

Le 26 décembre 2004 à 7 h 58, un tremblement de terre de magnitude supérieure à 9 et dont l’épicentre se situait à 250 km au large de l’île de Sumatra provoqua un tsunami qui atteignit la ville de Banda Aceh vingt minutes plus tard. À cette époque, la ville comptait 250.000 habitants ; 70.000 d’entre eux Continuer la lecture de Le tsunami

Go West ! (66)

(…)Il est encore moins fréquent que les auteurs développent  »in corpore textus » des considérations sur ce qu’ils auraient pu ou voulu écrire mais n’ont pas fait, par choix ou par incapacité. C’est là le travail des thésards et des critiques, pas celui des écrivains. Bien que depuis peu, je m’honore, sans vergogne ni fausse modestie, de faire partie de la caste des écrivants, avec en ligne de mire subliminale le statut, supérieur et au mieux posthume, d’écrivain, je vais quand même me permettre de transgresser cette règle.

Nous en étions donc au point où, après m’être roulé voluptueusement dans une baignoire avec une femme entreprenante, je me trouvais, vêtu seulement d’un peignoir trop grand, assis jambes croisées sur un divan en train d’observer le mouvement fascinant d’un délicat petit pendule de turquoise et d’argent qui oscillait entre deux jolis seins, tandis qu’on me tendait des plats exotiques et épicés.

A ce point du récit, littérairement parlant, il eut été parfaitement logique Continuer la lecture de Go West ! (66)

Pour le réveillon

Si vous ne croyez plus au Père Noël,
(parce que, pour Noël, c’est trop tard !) 

Si vous êtes radin,
(parce que le plus cher coute 11 euros)

Si vous avez encore un peu d’argent,
(parce que le moins cher coute 4 euros) 

S’il vous reste un ami
(parce que sceptique, radin et fauché comme vous l’êtes, en avoir davantage, ça serait étonnant, et que celui-là, il vaut mieux le garder)

Offrez-lui pour le jour de l’an,
(parce qu’il est encore temps)

Un bouquin de Coutheillas

Blind dinner

Un « Blind dinner », c’est un dîner un peu particulier dans lequel les invités ne se connaissent pas. Dans les beaux quartiers, c’est très à la mode. Renée, la maitresse de maison, trouve cela très chic et parfois follement drôle.  Mais ce soir-là, quand on a commencé à parler d’un mystérieux virus venant de Chine, le diner a vite tourné au vinaigre.

 

LA MITRO
et autres drôles d’histoires Continuer la lecture de Pour le réveillon

Go West ! (65)

(…) Et pourtant, c’est la vérité : à cet instant, je ne vois rien venir d’autre qu’un repas, quelques heures de sommeil et, au mieux, demain, un ride de quelques miles en direction de Las Vegas. Rendez-vous compte de mon état, aussi ! Je suis épuisé, assoiffé, affamé, blessé, crasseux, démoralisé et je ne vois dans Nancy que la délicatesse de ses soins et la presque promesse d’un gite et d’un couvert. En cet instant, Nancy n’est pas une femme ; c’est ma grande sœur, c’est ma mère. Alors, je l’écoute, confiant, rassuré.

Je l’ai écoutée, Nancy, j’ai fait tout ce qu’elle m’a dit et vingt minutes plus tard, j’étais allongé dans une baignoire pleine d’une eau mousseuse et chaude à souhait. Ma nuque était posée sur une serviette roulée et j’avais les yeux à demi fermés. Sur un panier à linge que Nancy avait tiré près de moi, ma main bandée frôlait un verre de vin. Par-dessus le son étouffé de la télévision, j’entendais le gargouillis du petit filet d’eau brulante qui coulait en continu du robinet entrouvert. Je sentais son courant plus chaud circuler autour de ma taille et de mes cuisses. Mon crâne transpirait abondamment et, par à-coups, des gouttes de sueur coulaient délicieusement entre mes cheveux jusque sur mon front, pour rouler le long des ailes de mon nez, sur mes lèvres, puis dans mon cou jusqu’à se diluer dans la mousse du bain.
En sortant, Nancy m’avait annoncé qu’elle allait Continuer la lecture de Go West ! (65)

Au théâtre, il faut transposer

Je commencerai ma conférence d’aujourd’hui avec une citation extraite des dialogues de  »Entrée des artistes » (1938 – Réalisation de Marc Allegret – Dialogues d’Henri Jeanson)
Dans ce beau film consacré à l’art du théâtre et à son enseignement, à une élève comédienne qui proteste parce qu’elle trouve mauvaise la pièce qu’on lui fait répéter, Louis Jouvet, le professeur, répond ceci : 

« (…) Interpréter une mauvaise scène est un excellent exercice. Cette pièce est écrite par un fabricant d’accessoires de cotillon. Joue-la dans le style, joue trompe-l’œil. D’ailleurs, au théâtre, il faut transposer. Le naturel doit être un naturel de théâtre. N’oublie pas qu’il y a une rampe, un souffleur, des herses et du public.
Il faut que le personnage que tu incarnes sente le théâtre, la toile peinte et le fard. Le spectateur paye pour avoir l’illusion qu’il est au théâtre. Si tu lui enlèves cette illusion, tu commets une erreur.(…) »

Voilà, avec ce « au théâtre, il faut transposer », Henri Jeanson Continuer la lecture de Au théâtre, il faut transposer

La belle écriture

Dans la seconde partie de son article du 16 décembre dernier, celui dont la première traitait de la photographie en noir et blanc et en couleur, Lorenzo abordait de façon critique — au sens neutre du terme, cette précision étant donnée pour éviter de froisser une éventuelle susceptibilité — le sujet de l’écriture et, plus précisément, la question du « bien écrit ». Cette partie de son texte commençait d’ailleurs par ces mots : « C’est bien écrit. » Les lignes qui suivaient montrait bien tout le mal que pense Lorenzo de cette expression, si courante dans les conversations entre amis, mais régulièrement absentes des débats littéraires. 

En répondant ici à l’article de Lorenzo, mon intention n’est pas de débattre du bon ou du mauvais usage de « C’est bien écrit », mais de poser quelques questions quitte à apporter quelque contradiction à la thèse selon laquelle « pour qu’un livre, roman ou essai, soit réussi, il faut d’abord et avant tout qu’il soit « bien écrit » ».

Et d’abord qu’est-ce que le « bien écrit » ?

On assimile souvent Continuer la lecture de La belle écriture

Il est encore temps

Il est encore temps de faire vos cadeaux de Noël. En voici sept, différents, originaux, économiques, rares, biodégradables, élégants, lisibles, recyclables, non expurgés, non remboursables et entièrement conçus en France. Pour les trouver, il vous suffira de cliquer sur la couverture et vous serez dirigés sur le site de vente. La suite est évidente. Le plus dur sera de faire le paquet.  

Blind dinner

Un « Blind dinner », c’est un dîner un peu particulier dans lequel les invités ne se connaissent pas. Dans les beaux quartiers, c’est très à la mode. Renée, la maitresse de maison, trouve cela très chic et parfois follement drôle.  Mais ce soir-là, quand on a commencé à parler d’un mystérieux virus venant de Chine, le diner a vite tourné au vinaigre.

 

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La photographie selon Calvin

Cet article du Journal de Lorenzo (suite) qu’il nous a proposé hier aborde en trois parties deux sujets distincts, tous deux relatifs à l’art. Le premier concerne la photographie et le second la littérature, deux domaines de l’art dans lesquels Lorenzo exerce ses talents, parfois ici même.

Aujourd’hui, mon commentaire ne traitera que de la première partie de l’article, celle qui abordait la question de la photographie en « noir et blanc » et en couleur et, qu’après une première lecture, j’avais trouvée passionnante. Historique et paradoxale, elle avait de quoi attirer l’esprit ignorant mais curieux qui est le mien.

Ainsi donc, selon Lorenzo, ce que personne ne soupçonne c’est le fait que le noir et blanc des photographies de l’ancien temps résulte d’une part, et c’est logique,  des limites de la technique de l’époque, mais aussi, et c’est là que ça devient intéressant, d’un « choix arbitraire entre plusieurs possibilités, une infinité même, de transformer les couleurs en noir et blanc »

Et là, comme le faisait si bien Desproges, je me dis « Étonnant, non ? » Et puis, soudain, comme aurait dit le même, « le doute m’habite ». L’auteur (Lorenzo) a-t-il voulu dire Continuer la lecture de La photographie selon Calvin

Go West ! (64)

(…)
— Écoute, tu as l’air mort de fatigue, tu es sale, tes vêtements sont couverts de poussière… on dirait un clochard. Personne ne te prendra jamais en stop dans cet état, et puis, tu te feras vite arrêter par les flics, même s’ils ne te recherchent pas particulièrement.

— Je sais, mais qu’est-ce que je peux y faire ?
Je lui ai dit ça dans un soupir en prenant mon air d’épagneul. Si elle pouvait m’abriter un peu, juste pour cette nuit par exemple…
Sans prendre le temps de réfléchir ni même faire semblant, comme si elle avait pris sa décision depuis longtemps, et tout en commençant à bander ma main, elle dit :
— Bon, écoute, Jay…

J’ai dit tout à l’heure que mes trois jours à Barstow étaient les plus étranges que j’ai jamais passés de toute ma vie. Mais, à la réflexion, « étranges » n’est peut-être pas le mot qui convient. Alors, comment qualifier ces trois jours ? De bizarres, d’insolites, d’extraordinaires, d’intenses, d’inhabituels ?
Inhabituels ? Certainement, parce qu’à l’époque, je n’avais jamais rien vécu de tel et que rien de tel ni même d’approchant ne m’est jamais arrivé depuis. Jours extraordinaires ? Dans le sens littéral, oui, hors de l’ordinaire, bien sûr, mais extravagants aussi, et surprenants, pas mal. Insolites ? Forcément, comme certaines découvertes peuvent l’être. Bizarres ? Je l’avoue, quelques fois. Encore aujourd’hui, il m’est impossible de qualifier ces jours d’un seul mot. Alors finalement, si « étrange » recouvre les mots que je viens de citer et si, à l’étrangeté, on ajoute une touche de joie et une nuance de plénitude, alors oui, les trois jours de Barstow ont été étranges.
Pour mieux comprendre ma surprise, il faut se rappeler qu’en cet été 62, je n’avais pas encore vingt ans et que mon expérience des femmes Continuer la lecture de Go West ! (64)

Du côté des tennis

Les tennis du Luxembourg sont fermés depuis le mois de mars 2023. Cinq mille adhérents sur le carreau, contraints de se rabattre sur la pétanque dans la partie humide du jardin, sur la boxe franco-thai du coté du Musée ou sur les échecs du coté de l’Orangerie, les régates de voiliers sur le bassin leur étant interdites pour dépassement de la limite d’âge. 

Et pourquoi cela, s’il vous plait ? Les courts ne seraient-ils plus en état ? Pas du tout. Le bruit des balles empêcheraient-il  les sénateurs de faire leur sieste. Plus depuis qu’on leur a mis du triple vitrage à cet effet. Les ahanements nadaliens de certains joueurs ou joueuses viendraient-ils troubler les âmes prudes  de passage ? Absolument pas, ces dernières ayant Continuer la lecture de Du côté des tennis