Sous l’influence du lobby constructeur d’EDP (Engin de Déplacement Personnel) et corrupteur d’édiles, la voie Georges Pompidou a été sacrifiée sur l’autel festif du parisianisme bobo hidalgien. Le bon Georges n’en a pas fini de se retourner dans sa tombe.
Le 17 juin dernier, je l’ai parcourue, cette voie, du Pont des Arts au Pont Sully-Morland. Il faisait une chaleur à convertir un climato-sceptique. Curieusement, et malgré les hordes bigarrées de touristes ébahis et bon enfant ou épuisés et hargneux qui recouvraient les quais supérieurs, les ponts, les boulevards, les avenues, les places et les terrasses, sur l’ex-voie sur berge il n’y avait personne ; ou presque. À part quelques amoureux enlacés sur les pelouses à tiques et herbes folles, quelques clochards mal réveillés à odeur de régurgitation, quelque solitaires suicidaires et indécis car ne sachant pas nager, et deux ou trois égarés cherchant à sortir indemne de cette fournaise, il n’y avait personne ; ou presque. Dans les personnes ou presque, je ne compte pas les centaures arrogants et pressés, juchés sur des engins électrifiés pour mieux pourchasser l’innocent badaud malhabile. Je ne les compte pas car si, pour la Mairie, ces centaures sont des demi-dieux, pour moi ce sont des bêtes malfaisantes auxquelles je préfère encore l’animal ricaneur et stupide aux pattes inégales que l’on nomme selon sa latitude Hyène ou Catoblepas.
Donc, personne en bas, tandis qu’en haut, tout un peuple de pères et de mères de famille préparaient leur prochain AVC, immobilisés dans leur voiture à moteur thermique (O combien thermique) surchauffé. Mais bon ! A présent, c’est comme ça.
J’ai donc parcouru la voie comme dit plus haut. Régulièrement frôlé par de féroces EDP véloces, apostrophé parfois par un centaure à pauvre syntaxe, j’ai longé les minables aménagements abandonnés, recherchant vainement un coin d’ombre qui soit équipé d’une tireuse de bière à la pression, jusqu’à ce que j’arrive à la hauteur du quai des Célestins. Là, dans le majestueux décor de la courbe du bras de Seine qui s’infiltre entre les hôtels particuliers du Quai d’Anjou, dont l’un abrita Michèle Morgan, et l’Hotel Fieubet, qui abrite encore l’École Massillon où je fus longtemps, la Mairie est en train d’installer de noirs pontons qui constitueront à n’en pas douter l’une des plages publiques que l’on non promit dès après les Jeux Olympiques.
Sachant que la dépollution de la Seine qui a permis à quelques privilégiés, même pas tous français, de se baigner en groupe a couté 1,4 milliards d’€, il serait bien normal que le bas-peuple parisien, qui n’a pas de piscine dans sa maison de campagne – si, si, je vous assure, pas de piscine – puisse se baigner une ou deux fois par an dans son fleuve nourissier.
Alors, voyez les pontons :
Pas mal, hein, le décor !
Maintenant, voyez l’eau !
Vous dites ? Se baigner dans la Seine ?
Après vous, je vous en prie, Madame la Maire !
Ton texte est aussi fleuri que la Seine est polluée. Moralité : baignez-vous dans le texte ! Dommage que je ne puisse poster une photo de la rivière (fiume) cristalline dans laquelle je m’apprête à me plonger !