Ce texte a déjà été publié ici à deux reprises, en 2016 et en 2020. A présent que l’Agent Orange de la Maison Blanche a décidé d’envoyer la troupe à Los Angeles pour en expulser les immigrés, je crois qu’il est temps de le publier à nouveau.
Wetbacks
Je suis à Lynwood, dans South Central, pas loin du croisement d’Atlantic et d’Olanda, je recouvre de papier Alu les plateaux de haricots qui n’ont pas été mangés à l’anniversaire d’un petit gamin, lorsqu’on m’annonce qu’il faut que je rentre à la maison plus tôt que prévu, et probable que je ne reviendrai pas demain. [*]
C’est Rubio lui-même qui vient de me dire ça, et il a l’air sacrément ennuyé.
Pourtant, je peux pas m’en aller maintenant. Tous les autres sont déjà partis et y a encore plein de trucs à ranger avant de fermer. C’est peut-être pour ça qu’il a l’air embêté, Rubio.
Qu’est-ce qui se passe ? Il y a eu un accident ? Y a les flics chez moi ? Non, non, il sait pas, Rubio, il a juste reçu un coup de fil de son cousin. Il faut que je rentre tout de suite, et c’est pas sûr que je puisse revenir demain. Il n’en sait pas plus. Il est désolé.
— Bon sang, Rubio… ?
— M’emmerde pas, Rafael, c’est pas le moment, tu ferais mieux de partir maintenant ! Allez, fous-moi le camp ! Ce soir, c’est moi qui fermerai la boutique.
Il est plutôt gentil d’habitude, Rubio. Rubio, c’est mon patron. C’est le propriétaire du Continuer la lecture de Wetbacks in L.A.