Archives de catégorie : Critiques

Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stilller ?

Des écrivains vous répondent…

July 20 2010, 815 5th avenue, Manhattan, NYC

La première fois que j’ai rencontré Dashiell Stiller, c’était en 1952, à Brooklyn. J’avais alors 17 ans et lui ne devait pas être loin de la quarantaine. Il se trouve que mon ami Spats Levinski devait installer l’air conditionné chez Stiller mais qu’il devait le même jour aller à Colombus pour jouer du banjo dans la bar-mitzvah du fils du neveu de sa grand-tante, Shoshana. Comme la prestation d’artiste payait 2 dollars 50 de plus que celle de plombier, Spats m’avait demandé de le remplacer chez son client. Levinski et moi nous avions le même âge et je l’admirais beaucoup pour tout un tas de raison. La première c’était qu’il affirmait coucher une fois par semaine avec Madame Jakubowski, la femme du boucher de Franklin street. Mais la raison la plus motivante, c’est qu’il faisait de la boxe française et qu’il savait comment vous envoyer de ces coups de savates inoubliables dans les parties sensibles. Je ne pouvais donc rien lui refuser. C’est pourquoi, en cette très chaude matinée de juillet de 1952, vers les 9 heures, je sonnais à la porte de l’appartement 2C du 250 Furman Street. Stiller m’accueillit très aimablement mais sortit aussitôt de l’appartement en me remettant la somme convenue entre les mains et en me disant qu’il devait se rendre illico à Manhattan d’où il ne rentrerait pas avant le soir. Je lui répondis que pour moi c’était « OK, boss ».

C’est à cet échange que s’est réduit mon premier contact avec celui qui devait devenir l’écrivain que Continuer la lecture de Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stilller ?

La Peinture : du Didactisme à l’Esthétisme

par Lorenzo Dell’Acqua

L’œuvre d’art est-elle belle et que signifie-t-elle ?

Je ne suis sensible qu’à sa première fonction qui est de nous montrer la Beauté. Je ne vois aucun intérêt supplémentaire à comprendre le pourquoi de l’œuvre et à découvrir ce qu’elle veut montrer ou démontrer. 

Au début de l’histoire de la Peinture, les fresques des églises étaient des bandes dessinées dont la fonction didactique l’emportait sur la qualité esthétique. La Peinture n’avait pas pour objectif à cette époque d’être belle mais de raconter et d’expliquer l’Histoire Sainte aux illettrés, c’est-à-dire quasiment à tout le monde, ce qui ne l’a pas empêché d’être belle. En même temps que le niveau culturel s’élevait, la Peinture s’est éloignée de ce Didactisme primaire pour se rapprocher de l’Esthétisme tel qu’il est défini dans Le Robert : Attitude artistique qui recherche la beauté formelle.

Les premières œuvres réellement dépourvues de toute fonction interprétative me semblent être celles des Impressionnistes. Le Surréalisme, lui,  représente Continuer la lecture de La Peinture : du Didactisme à l’Esthétisme

Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stiller ?

Des écrivains vous répondent…

June 25th, 1955, Earl’s Hangout, 1245 Wilshire Blvd, Los Angeles, Ca.

Quand la fille est entrée dans le hall, tout d’abord, je n’y ai pas cru. Son bikini albâtre bronzé avait dû être taillé par un miniaturiste dans trois timbres-postes. Les jambes fuselées qui en sortaient étaient plus longues qu’un film suédois non sous-titré. Quant à ce qu’on pouvait voir de son corps entre le haut du slip de bikini et la naissance de son cou, je préfère ne pas commencer à en parler de peur de ne pouvoir en achever sereinement la description. Quant à ses cheveux, ses yeux, ses lèvres, je les ai à peine vus tant j’étais concentré sur la partie indescriptible mentionnée plus haut. Mais ce n’est pas à l’existence réelle de cette apparition que je ne croyais pas. Des filles comme ça, à Venice Beach ou à Malibu, il y en a à la pelle. D’accord, dans le lobby du Berverly Hills Hôtel, où je devais rencontrer un ponte de la MGM pour une banale histoire de cocufiage, le port du bikini minimaliste, c’est plutôt rare, encore que, dans la Cité des Anges, Continuer la lecture de Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stiller ?

Réponse à la critique

par Lorenzo dell’Acqua
« Les Corneilles sont d’une bien belle plume »
in : Mes romans préférés, Coutheillas Ph, Gallimard, 2024

Ayant été agressé sur les réseaux sociaux par des critiques injustes de son dernier roman, Lorenzo a demandé et obtenu un droit de réponse dans le JdC. Comme ce n’est pas le genre à bayer aux corneilles, ni à se coucher avec les poules, ni un adepte de la politique de l’autruche, ni un manchot, ni une poule mouillée et encore moins un perdreau de l’année, il a pris la plume pour nous cocotter cette chouette réponse et voler dans les plumes de ces oiseaux de malheur.

Deux critiques m’ont profondément attristé : la première regrettait que NRCB soit le héros à vie de mes récits et la seconde que le modèle de ce personnage, un écrivain de la Rive Gauche adulé du grand public, soit trop facilement reconnaissable. Selon cette dernière, la réputation immaculée de ce dernier risquait d’en être ternie aux yeux de ses admirateurs et surtout du jury du prochain Prix Nobel de Littérature.

A la première, il m’est aisé de répondre que de nombreux chefs d’œuvre de la littérature regorgent de ce même procédé. D’Artagnan est le héros des Trois Mousquetaires, de Vingt Ans après et du Vicomte de Bragelonne, soit 5842 pages en tout. Plus proche de nous, San Antonio, comme Sherlock Holmes, est le personnage récurrent de célèbres romans policiers homonymes. N’oublions pas non plus Swann, Mickey, Ulysse, Astérix, Tintin et Milou, Lucky Luke, Malaussène, Arsène Lupin, la Coccinelle de Gotlib et Notre Seigneur Jésus-Christ. Signalons au passage que N-R-C-B est un hommage à mon héros en référence à N-S-J-C. Et, comme l’a écrit avec justesse René-Jean dans La Croix, Continuer la lecture de Réponse à la critique

La belle écriture

Dans la seconde partie de son article du 16 décembre dernier, celui dont la première traitait de la photographie en noir et blanc et en couleur, Lorenzo abordait de façon critique — au sens neutre du terme, cette précision étant donnée pour éviter de froisser une éventuelle susceptibilité — le sujet de l’écriture et, plus précisément, la question du « bien écrit ». Cette partie de son texte commençait d’ailleurs par ces mots : « C’est bien écrit. » Les lignes qui suivaient montrait bien tout le mal que pense Lorenzo de cette expression, si courante dans les conversations entre amis, mais régulièrement absentes des débats littéraires. 

En répondant ici à l’article de Lorenzo, mon intention n’est pas de débattre du bon ou du mauvais usage de « C’est bien écrit », mais de poser quelques questions quitte à apporter quelque contradiction à la thèse selon laquelle « pour qu’un livre, roman ou essai, soit réussi, il faut d’abord et avant tout qu’il soit « bien écrit » ».

Et d’abord qu’est-ce que le « bien écrit » ?

On assimile souvent Continuer la lecture de La belle écriture

Mon Chat et moi

L’autre jour, j’ai eu une discussion intéressante avec mon Chat. Intéressante n’est peut-être pas le mot adéquat. Instructive, inquiétante, ou les deux à la fois, c’est ça : instructive et inquiétante. Je ne sais pas encore trop quoi faire de ce que j’ai appris sur mon Chat à l’occasion de cette discussion, mais ce qui est certain, c’est que la prochaine fois que je lui demanderai quelque chose, je serai plus méfiant.

Voilà de quoi il s’agit. Continuer la lecture de Mon Chat et moi

Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stiller ?

Des écrivains pour répondent…

Chez Delmas, Place de la Contrescarpe, Paris, 6 pm, June 21, 1949.

Just finished reading the proof of The Dashiell Stiller Story. Would’nt have written it like that, but what an astonishing page turner ! Zelda won’t like it, but Scott will !!! Must talk to him, absolutely ! One Continuer la lecture de Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stiller ?

Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stiller ?

Des écrivains vous répondent…

La guerre est une bien belle chose.

Pratiquée avec obstination, fureur ou élégance depuis les origines de l’homme et même, selon certains coiffeurs,  bien avant, elle a apporté à travers les siècles aux membres de l’espèce humaine d’innombrables bienfaits.

Tout d’abord, sans la guerre, de quoi aurait-on couvert les murs des musées si les scènes héroïques de nos armées et les actes de barbarie de nos ennemis n’avaient été immortalisés sur la toile ? Sans la guerre, nos carrefours seraient-ils ornés de ces allégories monumentales que la patrie reconnaissante a offertes aux morts pour la France et que l’ennemi héréditaire nous envie ? Sans la guerre, jouirait-on aujourd’hui en toute tranquillité de la pénicilline, des lunettes de soleil Ray-Ban et de la bombe à fragmentation ? Et sans elle, nos ancêtres auraient-ils connu cette merveilleuse période d’insouciance de l’avant-guerre et, nos parents, ces enthousiasmantes années de croissance de l’après-guerre ? Évidemment non !

Et sans la dernière qui lui sert de cadre historique, aurions-nous pu connaitre ce récit Continuer la lecture de Que faut-il penser d’Histoire de Dashiell Stiller ?

Que faut-il penser d’ Histoire de Dashiell Stiller ?

Des écrivains vous répondent…

26ème jour du mois de Junon,
An 705 de la fondation de Rome,
La Regia, Forum, Roma antica

César a lu avec intérêt cette Histoire de Dashiell Stiller. Certes, il n’a pu tirer aucun enseignement utile de la déplorable tactique mise en œuvre par les armées unies pour investir le nid d’aigle du tyran germain. Mais, depuis sa jeunesse, César apprécie les romans d’anticipation car il les considère comme des oracles des Dieux, augures dont il a toujours su tirer parti à son avantage. S’il avait un commentaire à faire sur cette nouvelle guerre des Gaules, il écrirait que César, bien que disposant de mille fois moins de moyens que les armées unies, il leur avait quand régulièrement foutu une sacrée pâtée, aux Germains.

J.C., écrivain, militaire en retraite, consul

*

Histoire de Dashiell Stiller
Paris 1935. Dashiell, jeune touriste Américain, prend une photographie de la terrasse d’un café du Boulevard St-Michel, le Cujas. Treize années plus tard, il est de retour à Paris pour rencontrer les huit personnages qui se trouvaient sur la photo. Il les fait parler sur leur vie, sur la façon dont ils ont vécu cette période troublée de la guerre, l’Occupation, la Résistance, la Collaboration, les Camps, la Libération… Mais pourquoi fait-il cela ? Pour écrire un roman ? Pour retrouver quelqu’un ? Pour expier un crime ? Pour retrouver sa propre histoire, l’histoire de Dashiell Stiller ?

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LA PHOTO EST-ELLE UN ART ?

LA PHOTO EST-ELLE UN ART ?
par Lorenzo dell’Acqua

Dans ma série de personnages photographiés au musée, la première correspondance qui saute aux yeux est la similitude entre la tenue vestimentaire du spectateur et le dessin ou les couleurs de la peinture.

Cette analogie pose le même problème, fondamental à mes yeux de photographe, que le Baiser de Doisneau : la photographie est-elle un art ? J’ai répondu que non et je persiste à le penser malgré des avis contraires (heureusement). Tout art nait de rien : une page blanche, une toile vierge, une portée vide, un bloc de pierre informe, un projet architectural qui n’existe que dans la tête de son auteur, etc. La photo, elle, ne crée rien : elle ne fait que reproduire ou copier, même si elle l’améliore, une réalité existante. Elle peut la rendre plus belle et lui donner une signification mais elle ne l’a jamais inventée.

Autrement dit, pour que la photo soit un art, il faudrait Continuer la lecture de LA PHOTO EST-ELLE UN ART ?