(…) Je savais bien où il était, moi, l’équipement topo ! Ce ne pouvait être que lui qui faisait ce bruit d’enfer dans les chaos de la piste. Il avait dû passer par-dessus bord du côté de l’arroyo. Mais si j’allais le rechercher la nuit prochaine, comment pourrai-je expliquer à Tom sa soudaine réapparition ? J’y renonçai. De toute façon, je ne pourrais sûrement pas retrouver l’arroyo.
— Je n’ai pas fait attention, Tom. Il faisait noir, tu sais…
— … Pas grave. Je vais en commander un autre. Le seul problème, c’est que ça vient de Suisse. On n’aura pas le nouveau avant une bonne quinzaine de jours. Bon ! Maintenant, il faut que j’aille à la Centrale ; Ken m’a dit qu’ils avaient peut-être trouvé quelque chose. Tu viens avec moi ? »
Je ne tenais pas à devoir donner mon avis, comme ça, tout de suite, devant un mécanisme qui me serait très probablement mystérieux, alors je répondis que non, que je préférais continuer mon travail au guest house.
— Comme tu veux, dit Tom. Mais viens me retrouver à la Centrale avant midi. On fera le point de l’avancement de ta traduction. Et puis, on pourra voir ensemble s’ils ont vraiment trouvé quelque chose, mes bonshommes. Je vais y aller avec la Corvette, comme ça tu n’auras qu’à prendre le Ford ; tu sais le conduire maintenant…
— Mais, je pourrais y aller à pied. Ce n’est pas bien loin !
— A pied ! Presque un mile ! Avec la chaleur qui monte ! Est-ce que t’es cinglé ?
Deux heures plus tard, je n’ai pas avancé d’un pouce dans la traduction. Je me dis qu’il est plus que temps de proposer à Tom la méthode de travail à deux que j’ai imaginée la nuit précédente. Il n’est que dix heures mais je ne supporte plus de rester sec devant ces fichues notices techniques comme devant un thème de Grec ancien. Je monte dans le pick-up et me dirige vers la Centrale. Je longe la raffinerie et quand j’arrive en vue du local du moteur Alsthom, devant, il y a trois voitures arrêtées : le pick-up des mécaniciens, la Corvette de Tom et une voiture que je ne connais pas. C’est une berline ordinaire, quatre portes, récente. Sa couleur est inusitée, vert-de-gris mat, comme si elle avait été passée à la sableuse. Peint au pochoir sur la portière avant, un gros macaron me fait sursauter. Je m’arrête pile pour le déchiffrer. Sur la couronne extérieure du macaron, Continuer la lecture de Go West ! (60) →