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Ça fait trop longtemps que Shakespeare est mort

Aujourd’hui, 3 mai 2023, ça fait exactement quatre-cent-sept ans que Shakespeare est mort.
Ça fout un coup, pas vrai ?
Alors, pour commémorer cet anniversaire, laissez moi vous communiquer une anecdote à son sujet, anecdote que vous connaissez peut-être déjà, pour l’avoir lue ici-même le 24 juillet 2017.

Le 24 Juillet 1595, William Shakespeare rencontrait Christopher Marlowe pour la première fois. Cette rencontre historique, soigneusement organisée par le hasard (car il tenait à bien faire les choses), se tint à l’auberge du Cygne et de la Couronne (1) sur la rive gauche Continuer la lecture de Ça fait trop longtemps que Shakespeare est mort

Shakespeare et ses amis (6)

Attention, attention !
Ceci est le dernier épisode de la série
Shakespeare et ses amis !

William Shakespeare et Henri IV

Avertissement : les faits relatés ci-dessous sont terribles ! Ils ont été découverts avant-hier grâce à la restauration de la main-courante du commissariat du 1er arrondissement de Paris (quartier Louvre) qui avait été endommagée, irrémédiablement croyait-on, lors de la crue catastrophique de la Seine en 1910. A cette heure, seuls les milieux bien informés sont au courant, mais ça, c’est pas vous. Le Quai d’Orsay tergiverse à rendre publique la nouvelle, le Président est rentré précipitamment de vacances, Eric Zemmour et Marine Le Pen lui reprochent de ne pas avoir déjà fermé le tunnel sous la Manche tandis que Jean Castex danse d’un pied sur l’autre en pesant le pour et le contre et que Boris Johnson bredouille un lamentable démenti. C’est terrible ! Alors, veuillez considérer tout cela comme strictement confidentiel. Voici :

William Shakespeare était en retard. Il avait raté le bateau du matin pour Calais et avait dû attendre jusqu’au soir pour prendre place dans le suivant. Arrivé au Royaume de France, il avait eu beaucoup de mal à franchir la douane, les soldats du Roi le prenant pour un espion espagnol. La médiocre qualité de son français et cette manière si particulière qu’il avait de s’exprimer, presque uniquement en pentamètres iambiques, avaient rendu confuses ses explications. Il avait beau jurer qu’il était l’envoyé de la Reine Elisabeth 1ère d’Angleterre auprès d’Henri IV, les gardes-chiourme du port ne voulaient rien savoir. Continuer la lecture de Shakespeare et ses amis (6)

Shakespeare et ses amis (5)

William Shakespeare et Walrus Carpenter

La date exacte de la rencontre entre Walrus Carpenter et William Shakespeare reste imprécise. Selon le professeur Adderley Sleepsmouth, elle se situe à la fin de l’année 1599, probablement entre la Toussaint et la Saint-Damase. Ce dont ce bon vieil Adderley est certain, c’est que c’était un mercredi.

A cette époque, Shakespeare était en panne d’inspiration. Deux ans auparavant, il avait écrit dans la foulée Richard II et Richard III. L’histoire d’Angleterre ne lui fournissant plus de Richard, il décida d’entreprendre une nouvelle saga sur les Henri. En moins de soixante-douze semaines, il écrivit et produisit sur scène Henri IV, Henri V et Henri VI. Mais les Henri commençaient à lasser le public et l’audience de la série diminuait d’un épisode à l’autre. Et puis William lui-même en avait assez de ces héros récurrents : après Henri VI viendrait forcément Henri VII, puis Henri VIII et pourquoi pas Henri IX pendant qu’on y était ? Il se résolut donc à abandonner les Henri. Et c’est pour cette raison que, depuis au moins une semaine et demie, il n’avait rien écrit de valable, si ce n’est Continuer la lecture de Shakespeare et ses amis (5)

Shakespeare et ses amis (4)

William Shakespeare et William Shakespeare

Durant toute sa carrière, le barde de Stratford fut accusé de faire écrire ses pièces par quelqu’un d’autre. Plus de quatre cents ans après sa mort, perdurent encore les engueulades mémorables entre érudits de tous poils sur le sujet de savoir qui a vraiment écrit Macbeth, Hamlet, Jules César et tout le toutim. On ne compte plus les magazines littéraires, les thèses universitaires et même les tabloïdes britanniques farcis des envolées lyriques de ceux qui soutiennent que c’est Francis Bacon qui est l’auteur du Songe d’une nuit d’été, des répliques méprisantes de ceux qui pensent que c’est le VIème Comte de Derby, des diatribes interminables des supporters du Comte d’Oxford, et des quolibets cinglants des adeptes de Marlowe. Sans parler des exclamations de ceux qui jurent que c’est la reine elle-même, Elizabeth 1ère, qui a écrit « La tragédie de Romeo et Juliette« . Assertions ridicules, prétentions extravagantes, Continuer la lecture de Shakespeare et ses amis (4)

Shakespeare et ses amis (3)

William Shakespeare et Samuel Beckett

Le décor représente l’intérieur d’une librairie-charcuterie. Deux est habillé en evzone de première catégorie. Il est occupé à ramasser des avis d’imposition qui jonchent le sol. Un entre côté jardin. Il porte un sobre costume de hallebardier lithuanien, légèrement élimé. 

Un     
— Bonjour, Deux !

Deux     
— Tiens, bonjour, Un !

Un     
— Dites-moi, Deux, saviez-vous que William Shakespeare chaussait du 36 ?

Deux     
— Seulement ?

Un     
— Seulement

Deux     
—C’est peu pour un grand écrivain

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Shakespeare et ses amis (2)

William Shakespeare et Victor Hugo

Par un beau matin de 1584, alors qu’il finissait sa troisième carafe de vin d’Anjou à l’Auberge du Cygne et du Marteau, William saisit sa plume et écrivit d’un seul trait ces deux vers :

Oh combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines

puis il s’arrêta, la plume en l’air et les yeux au ciel, dans la position qu’il avait l’habitude de prendre quand il voulait faire croire à ses camarades de beuverie qu’il réfléchissait. Il venait en fait de réaliser qu’aucun poète anglais n’avait jamais écrit ni en alexandrins ni en français. Il chiffonna donc le parchemin et le jeta par-dessus son épaule. Continuer la lecture de Shakespeare et ses amis (2)

Shakespeare et ses amis (1)

Nous entrons aujourd’hui dans la réédition d’une série de
six textes historiques déjà publiés en 2017.
Ils paraitront tous les deux jours.

William Shakespeare et Christopher Marlowe

Il y aura bientôt 427 ans, le 24 Juillet 1595, William Shakespeare rencontrait Christopher Marlowe pour la première fois. Cette rencontre historique, soigneusement organisée par le hasard (car il tenait à bien faire les choses), se tint à l’auberge du Cygne et de la Couronne (1) sur la rive gauche de la Tamise dans les environs de Londres.  Les deux hommes déjeunèrent d’un bouillon de poulet au gingembre, d’un rôti de dinde accompagné de ses salsifis et de sa sauce gravy et de vin d’Anjou (2). Au bout de trois heures de ripailles, William quitta la table précipitamment car il voulait arriver à l’heure au Globe Theater où il tenait un rôle de hallebardier bègue dans une comédie lamentable et en latin de Sebastian Wescott.  C’est alors que Marlowe fit cette sortie restée dans toutes les mémoires :

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Les chiens de guerre

temps de lecture : 1 minute 
Mars 44 avant JC. César vient d’être assassiné. 
Antoine, ami de César, est seul dans le théâtre de Pompée. Il contemple le corps de César et annonce la guerre civile.

…La malédiction va fondre sur la tête des hommes ; les fureurs intestines, la terrible guerre civile vont envahir toutes les parties de l’Italie. Le sang, la destruction seront des choses si communes, et les objets effroyables deviendront si familiers, que les mères ne feront plus que sourire à la vue de leurs enfants déchirés des mains de la guerre. Toute pitié sera étouffée par l’habitude des actions atroces ; et conduisant avec elle Até, sortie brûlante de l’enfer, l’ombre de César promènera sa vengeance, criant d’une voix puissante dans l’intérieur de nos frontières : Carnage ! Et alors seront lâchés les chiens de la guerre, jusqu’à ce qu’enfin l’odeur de cette action exécrable s’élève au-dessus de la terre avec les exhalaisons des cadavres pourris, gémissant après la sépulture.

Jules César. Shakespeare

 

Do you Shakespeake ? – Critique aisée 28

(La première publication de cette critique a eu lieu le 3 juillet 2014. C’était le bon temps.)

Il faut bien le dire, le grand William avait une drôle de façon de s’exprimer. Pour rendre ses œuvres plus accessibles aux élèves des lycées, c’est-à-dire, selon Pierre Desproges, ceux qui savent lire dès l’âge du permis de conduire, l’Education Nationale a décidé de faire remplacer une douzaine d’expressions élisabéthaines particulièrement obscures par les traductions suivantes :

1Marcher contre le vent de la raison : S’apprêter à faire une connerie. (Antoine et Cléopâtre)

2Il se rit des plaies celui qui n’a jamais reçu de blessure : Tu feras moins le malin quand ça t’arrivera à toi ! (Roméo et Juliette)

3Si c’était fait lorsque c’est fait, il faudrait le faire tout de suite : Ah! Si ça pouvait être fini avant que ça commence ! (Macbeth) Continuer la lecture de Do you Shakespeake ? – Critique aisée 28

Roméo et Juliette – Critique aisée n°145

Critique aisée n°145

Roméo et Juliette
Tragédie en 5 actes, en vers et en prose, de William Shakespeare (1595)
Traduction française de Victor Hugo. 
Mise en scène Eric Ruf.
Pièce filmée en direct en octobre 2016 dans la salle Richelieu à la Comédie Française et retransmise dans certains cinémas aux dates indiquées plus loin

“Two households, both alike in dignity
In fair Verona, where we lay our scene,
From ancient grudge break to new mutiny
Where civil blood makes civil hands unclean”
 
« Deux familles égales en noblesse
Dans la belle Vérone, où nous plaçons notre scène
Sont entrainées par d’anciennes rancunes à des rixes nouvelles
Où le sang des citoyens souille les mains des citoyens »

En trois jours seulement, deux adolescents, l’un Montaigu, l’autre Capulet, , se rencontrent, s’aiment et se tuent. Pourquoi ? Parce que les Capulet haïssent les Montaigu et que les Montaigu détestent les Capulet. Alors, l’amour de Juliette et de Roméo est impossible. Ils vont donc mourir.

“For never was a story of more woe
Than this of Juliet and her Romeo.”

« Car jamais aventure ne fut plus douloureuse
Que celle de Juliet et de son Roméo. »

Romeo et Juliette, la plus belle, la plus triste, la plus tragique des histoires d’amour. Je l’ai vue tant de fois que j’en ai oublié le compte et Continuer la lecture de Roméo et Juliette – Critique aisée n°145