Archives mensuelles : juin 2017

Ah ! Les belles boutiques – 6

Restaurant Perraudin
157 rue Saint Jacques – Paris 5°
Un cadre pittoresque, mais un service plus que cavalier. Pensez aussi à vérifier l’addition.

La série « Ah ! les belles boutiques »
L’objectif : rendre hommage aux commerçants qui réussissent à conserver l’aspect traditionnel de leur façade de magasin, et les encourager à persévérer.
Le contenu : une photo de la devanture d’un magasin, avec si possible l’adresse et, très éventuellement, un commentaire sur la boutique, ou son histoire, ou son contenu, ou sur l’idée que s’en fait le JdC.
L’organisation : vraisemblablement par quartier de Paris, mais rien n’est certain et on verra bien
Le programme : comme disait Macron : on verra bien.

Mécénat ou générosité ?

À moins de prouver que l’artiste se trouvait préalablement dans la misère totale, et que l’acheteur n’avait nullement envie de ce qu’il a commandé et s’est empressé de le détruire, ce qui est rarement le cas, évoquer la générosité à propos d’une opération commerciale parce qu’elle porte sur une œuvre d’art révèle un mépris profond pour l’art. Lorsque j’achète des sardines à huile chez l’épicier ou un poêle à pétrole chez le marchand de couleurs, ils seraient fort vexés l’un et l’autre si je leur disais que je me considère comme leur mécène. Pourquoi donc est-ce toujours avec le sentiment protecteur de faire la charité qu’on achète une gouache à un peintre peu connu, dans le ferme espoir, chacun ayant une confiance inébranlable en son propre goût, que sa cote va monter ?

Jean François Revel – Sur Proust (Julliard, 1960)

La petite fille derrière la vitre

Marie-Claire

Je l’ai vue la petite fille derrière la vitre, le nez écrasé contre le verre, les yeux dans le vague.

Quelque chose s’est réveillé en moi, un souvenir, une évidence venue de très loin. Comme elle, j’avais rêvé autrefois, comme elle peut-être, guettant par la fenêtre donnant sur la ville, j’avais cru que je pourrais me construire la vie que je voulais.

Des dizaines d’années plus tard, cette petite fille est toujours là, bien cachée au fond de moi, ne surgissant plus que lorsque l’émotion m’attrape, lorsqu’un enthousiasme surgit, lorsqu’un besoin de liberté m’assaille.

J’ai souri à la petite fille, le cœur empli de tendresse. Alors, elle m’a tiré une langue rose et pointue et je me suis dit que, décidément, rien n’était plus comme avant…

¿ TAVUSSA ? (25) Justice sacrée, sacrée justice ! 

Il y a quelques jours, je suis tombé sur un article qui, à propos d’un sujet dont j’ai déjà tout oublié, a fait référence, sans développer davantage, aux Mur des Cons. Vous vous souvenez du Mur des Cons ?

En avril 2013, l’existence d’un grand panneau d’affichage intitulé MUR DES CONS dans les locaux du Syndicat de la Magistrature était révélé par la presse (pas Libération ni le Canard, bien sûr). Sur ce panneau, exposées au pilori de la vindicte syndicale et des environs, étaient affichées les têtes d’hommes (et de femmes, oui, d’accord, d’accord, de femmes ; mais le mur ne s’intitulait pas « des cons et des connes » que je sache !) politiques (tous de droite, à l’exception de Jack Lang, mais peut-on vraiment dire où se situe Jack Lang ?, et de Michel Charasse, mais l’homme aux bretelles n’était-il pas surtout un copain du Florentin de l’Elysée), de patrons, de journalistes (plutôt du Figaro que du Nouvel Obs), de magistrats (non affiliés au Syndicat de la Magistrature), et de personnes de diverses professions et qualités, mais qui toutes avaient eu le malheur de déplaire au Syndicat et, parmi eux, les pères de deux jeunes filles violées et assassinées.

Pour scandaleux qu’il fût, le mur avait au moins l’avantage ne plus laisser planer de doute sur la partialité des membres du Syndicat à l’égard de certains groupes de justiciables.

C’est maintenant de l’histoire ancienne, mais savez-vous quelles ont été les conséquences de la révélation de Continuer la lecture de ¿ TAVUSSA ? (25) Justice sacrée, sacrée justice ! 

Liberté, égalité, fraternité… Oui, mais dans quel ordre ?

Morceau choisi

Le devoir d’arracher les misérables à la misère et le devoir de répartir également les biens ne sont pas du même ordre : le premier est un devoir d’urgence ; le deuxième est un devoir de convenance ; non seulement les trois termes de la devise républicaine, liberté, égalité, fraternité, ne sont pas sur le même plan, mais les deux derniers eux-mêmes, qui sont plus rapprochés entre eux qu’ils ne sont tous deux proches du premier, présentent plusieurs différences notables ; par la fraternité, nous sommes tenus d’arracher à la misère nos frères les hommes ; c’est un devoir préalable ; au contraire, le devoir d’égalité est un devoir beaucoup moins pressant ; autant il est passionnant, inquiétant, de savoir s’il y a encore des hommes dans la misère, autant il m’est égal de savoir si, hors de la misère, les hommes ont des morceaux plus ou moins grands de fortune. Je ne puis parvenir à me passionner de la question célèbre de savoir à qui reviendra, dans la cité future, les bouteilles de champagne, les chevaux rares, les châteaux de la Loire.

Charles Péguy, De Jean Coste, 1902

Ah ! Les belles boutiques – 5


Le Relais de la Butte
12 rue Ravignan
Paris 18°

Je n’y suis jamais allé, mais juste au dessus, à gauche, il y a une terrasse bien sympathique.

La série  « Ah ! les belles boutiques »
L’objectif : rendre hommage aux commerçants qui réussissent à conserver l’aspect traditionnel de leur façade de magasin, et les encourager à persévérer.
Le contenu : une photo de la devanture d’un magasin, avec si possible l’adresse et, très éventuellement, un commentaire sur la boutique, ou son histoire, ou son contenu, ou sur l’idée que s’en fait le JdC.
L’organisation : vraisemblablement par quartier de Paris, mais rien n’est certain et on verra bien
Le programme : comme disait Macron : on verra bien.

Corriger Chandler ?

Morceau choisi
Raymond Chandler (1888-1959) est, avec Jim Thompson (1906-1977), l’auteur de romans noirs que je préfère. Ces deux auteurs ont des styles bien différents mais tous les deux tout à fait admirables. Celui du père spirituel de Philip Marlowe était caractérisé par sa précision, son ironie, sa psychologie, mais aussi par sa nonchalance et sa désinvolture. Le correcteur de la maison d’édition de Chandler était sans doute un peu trop pointilleux, car il avait attiré cette lettre sur la tête de son patron :

18 janvier 1948 , à Edward Weeks, The Atlantic Monthly
(…) Veuillez présenter mes devoirs au puriste qui lit vos épreuves et lui dire que j’écris une espèce de patois un peu comme la langue parlée par un maître d’hôtel suisse, et que lorsque je semble faire des fautes de grammaire, Nom de Dieu c’est exprès, et quand j’interromps le développement velouté de ma syntaxe plus ou moins élégante avec un mot ou deux de l’argot des bars, je fais ça les yeux grands ouverts, l’esprit tranquille mais sur le qui-vive. La méthode n’est peut-être pas parfaite, mais je n’ai pas mieux. Je trouve que votre correcteur est bien gentil de vouloir me remettre dans le droit chemin, mais je crois être capable de me diriger tout seul, à condition d’avoir les deux trottoirs et la chaussée à moi.
Raymond Chandler – Lettres – Christian Bourgois Editeur – 1970