Archives mensuelles : juin 2016

Bonjour, Philippines ! Chap.13 – Ratinet, suite et fin

Voici donc la fin des aventures de Philippe aux Philippines. Mais, ce qui fera l’objet de ce dernier chapitre, c’est plutôt le dénouement de celles de Ratinet.
André Ratinet, dit Riton Padbol, dit Andy Bad Luck, dit Dédé la Déveine, a pris une pris une place de premier plan dans le développement de cette histoire. On se souvient que le bonhomme attire les ennuis comme la Normandie la pluie. Après avoir perdu sa valise entre Bruxelles et Bangkok, s’être fait dévaliser en douceur dans Luneta Park, après avoir photographié les plus belles fleurs du monde avec une caméra vide de pellicule, ne voilà-t-il pas qu’il a rencontré le démon de midi en la personne de la jolie Tavia. Ces dernières semaines, la jeune personne a beaucoup perturbé l’ingénieur dans sa recherche du meilleur tracé pour la route côtière nord de Mindanao. Ça lui a valu les reproches amers de son bien-aimé chef de mission, Gérard Peltier. Mais, quand il décide de ramener la donzelle à Montalivet-les-Bains (Gironde) et que, pour cela, il a un besoin urgent de 5000 dollars, quand il compte les emprunter, certes indirectement mais quand même, à la Banque Mondiale, ou, à défaut, à ses collègues, les choses deviennent graves.
A ce stade, et bien que l’éternel optimiste Peltier ait assuré que « ça allait se tasser », le lecteur sent bien que les aventures de Ratinet ne vont pouvoir s’achever que dans la douleur.
C’est ce qu’on va voir dans ce dernier chapitre dont on remarquera qu’il porte le numéro 13.
Mais pouvait-il en être autrement ?

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Au cours de notre dîner du vendredi précédent, obstinément optimiste, Peltier avait Continuer la lecture de Bonjour, Philippines ! Chap.13 – Ratinet, suite et fin

Demain : Ratinet, suite et fin !

Demain matin paraîtra la fin des pérégrinations de Philippe aux Philippines. Mais, ce qui fera l’objet de ce dernier chapitre, c’est plutôt le dénouement de celles d’André Ratinet, dit Riton Padbol, dit Andy Bad Luck, dit Dédé la Déveine.
Le lecteur averti sent bien que ses aventures ne vont pouvoir s’achever que dans la douleur.
C’est ce qu’on verra demain dans ce dernier chapitre de « Bonjour, Philippines ! » dont on remarquera qu’il porte le numéro 13.
Mais pouvait-il en être autrement ?

Post it n°16 – Si par hasard, su’l Pont des Arts…

8 juin.
L’hiver est fini depuis deux jours. C’est le printemps, presque l’été. Un doux parfum d’ordures flotte au coin de la rue de Seine. La CGT bloque les trains et les poubelles. La bêtise au front de taureau. L’Etat recule pour mieux reculer. Et bientôt, ce sera le foot, le foot, le foot…

Sous la Passerelle des Arts, le fleuve fonce vers la mer. Sur le tablier de bois, entre les garde-corps retrouvés, on a installé quelques sculptures énervantes, acérées. Des personnages déchirés, perforés, encadrés de palmiers plats découpés dans de la tôle luisante. Il fait chaud et l’ombre que procurent les arbres métalliques est rare.

Malgré tout cela, les touristes et les passants font leur métier. Ils passent.

Au bout de la passerelle, du côté du quai du Louvre, Continuer la lecture de Post it n°16 – Si par hasard, su’l Pont des Arts…

Dérision

Les extrêmes se rejoignent ; et comme on désespère d’être pauvre et seul, on s’ennuie d’être trop riche ou trop heureux ; tout se change en or, et l’on crève d’indifférence, comme les hommes pauvres et seuls meurent d’indigence. Si tout est permis, rien n’est permis. Cette âme neurasthénique par trop grande liberté, trop grande virtuosité, trop grande oisiveté, ressemble à un navigateur qui meurt de soif au milieu de l’océan. Car l’abondance avilit : telle est la dérision de la concurrence. L’ennui est donc le désespoir renversé, le désespoir des millionnaires, des acrobates et des humoristes ; c’est la façon qu’ont les riches d’être pauvres. Quelle dérision !
Vladimir Jankélévitch – L’ironie – 1964

Alexandre aime Winston

Morceau choisi
Je partage beaucoup de choses avec Alexandre Vialatte : le goût de la belle phrase, celui du mot désuet, l’amour de l’absurde, celui du décalage, le besoin de subjonctif, une irrépressible envie de toujours revenir aux syntagmes figés, seule façon de dire toujours des choses justes, une intolérable modération, une tolérance modérée…En tout cela, Vialatte excelle. Je ne fais que m’y exercer.

Alexandre et moi, nous partageons aussi une peu commune admiration pour Winston Churchill. Pour le prouver, j’ai soigneusement retapé ci-dessous de ma main les premières lignes de la chronique de Vialatte parue le 23 novembre 1954 dans La Montagne, juste pour vous les faire partager à mon tour :

M.CHURCHILL

Quand les ailes de la Luftwaffe cachèrent le soleil aux Londoniens qui restaient seuls en face d’une armada préparée pour couvrir l’Europe, une voix sans visage s’éleva sur le monde entre deux fritures de radio. Elle disait : « Dans cette ville de Londres que M. Hitler prétend pulvériser, nous attendons l’invasion promise. Les poissons aussi. M. Hitler est en train d’attirer sur sa tête un châtiment que nous verrons de notre vivant. Nous sommes sur sa piste. Bonne nuit et dormez bien… »

Cette voix était celle de Churchill. Depuis ce jour-là, pour tout Français, M. Churchill est une espèce d’ami d’enfance. Car il n’y a rien de plus réconfortant que de voir la vieille miss dont le cou déplumé se trouve déjà à moitié tordu dans la griffe de l’immonde satyre, brandir son ferme parapluie en déclarant : « Attends un peu, petit polisson. » Une réaction si saine et si réjouissante présage les plus heureux lendemains. M. Churchill inscrivait dans l’Histoire un mot qui ne s’oubliera jamais. Il y ajoutait, avec ses petits poissons, je ne sais quelle fleur de gentillesse qui signe une pensée d’artiste. Il recevait l’Histoire mondiale avec la grâce d’un maître de maison. (Car il ne suffit pas d’être sublime, il faut encore empêcher que ça se remarque. La gentillesse est le tour de force qui fait pardonner la vertu.)

Churchill disait encore : « Nous ne fléchirons ni ne faillirons. Nous nous battrons dans les rues, dans les champs, nous nous battrons sur les collines et sur les grèves. » Il ajoutait en aparté, bouchant le micro : « A coups de bouteilles ; car nous n’avons guère autre chose. » De tels discours relèvent de la ténacité. A cette échelle, elle sauve le monde.

Conseils d’écriture

In writing a novel, when in doubt, have two guys come through the door with guns.
Quand vous écrivez un roman et que vous êtes dans le doute, faites franchir la porte à deux types avec des revolvers.

The faster I write the better my output. If I’m going slow, I’m in trouble. It means I’am pushing the words instead of beeing pulled by them.
Plus j’écris vite, meilleure est ma production. Si je vais lentement, j’ai un problème. Cela veut dire que je pousse les mots au lieu d’être tiré par eux.

Raymond Chandler (1888-1959)
Le Grand Sommeil – Adieu, ma jolie – La Grande Fenêtre – La Dame du lac – Fais pas ta rosière ! – Sur un air de navaja – Charade pour écroulés
+ un nombre invraisemblable de nouvelles, pas mal de scénarios.
Je vous recommande aussi sa Correspondance.

 

Si vous aimez, partagez…

La Contrescarpe en Technicolor

Elle est assise à la terrasse du Café Delmas. Il est neuf heures moins le quart.

Elle arrive d’Oklahoma City. Retraitée célibataire et aisée de la First Farmer’s City Bank, elle a pris un billet « One platinum week in Paris » : avion, limousine, hôtel, petits déjeuners, entrées dans les musées, guides bilingues, trois repas dans de grands restaurants, shopping rue du Faubourg Saint-Honoré, une soirée à l’Opéra et deux dans des cabarets.

Pendant les trois premiers jours, elle a suivi strictement le programme que l’agence avait établi pour elle. Chaque matin, une voiture est venue la prendre à son hôtel de la rue de Sèvres pour la déposer au Musée d’Orsay ou sur le parvis de Notre Dame ou devant les grilles du château de Versailles. À chaque fois, un guide l’attendait, tickets en main. Le premier soir, elle a dîné Continuer la lecture de La Contrescarpe en Technicolor