Malgré mes fréquents rappels, on a que trop tendance à oublier Vialatte, produit garanti auvergnat, chroniqueur du Tour de France, traducteur de Kafka, puriste de la langue française, virtuose de l’absurde et, comme il le disait lui-même, écrivain notoirement méconnu…
Alors, je vous livre à nouveau mon essai sur le style d’Alexandre. Comme l’éléphant, il est irréfutable.
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L’autre soir à diner, ma charmante voisine de table me disait qu’elle aimait bien lire de temps en temps les petites histoires que je publie dans le Journal de Coutheillas. Laissant les autres dîneurs discuter de problèmes ardus de mécanique présidentielle, à savoir du scooter de Monsieur Hollande et du dictaphone de Monsieur Buisson, nous avons parlé longtemps de la forme et du contenu du JdC. C’est dire si, pour moi, ce fut une bonne soirée.
Mon enthousiaste convive émit cependant une interrogation sur le sens, et peut-être même un doute sur l’opportunité de l’exergue permanent qui figure sous le titre du Journal: « L’éléphant est irréfutable« .
Dans l’instant et les brumes du Haut-Médoc, je n’ai pas su lui donner de réponse satisfaisante, ou plutôt de réponse qui me satisfasse.
Mais à présent, muni de mon meilleur esprit d’escalier, je vais lui en donner, moi, des explications.
L’éléphant est irréfutable
Ces quelques mots constituent le plus bel aphorisme que je connaisse. Mais ils ne sont pas que cela : ils forment à eux quatre toute une philosophie, une ligne de conduite, un sésame, une maxime, une devise qui, si ma famille en avait, devrait figurer sur ses armes.
Développons.
L’éléphant est irréfutable
—Mais d’abord, grand-père, que veut donc dire « irréfutable »? Continuer la lecture de Le Vialatte est-il inné ou acquis ?
Il