Réforme de l’orthographe

Un même souci d’économie avait conduit Alphonse Allais, qui a tout prévu, à une réforme de l’orthographe qui réjouira tous les partisans de la simplification du français :  » Si l’on admet, faisait-il dire à M. Bollack, inventeur de la Langue Bleue, que les quarante millions de Français n’écrivent chacun que dix  e muets  par jour, et qu’il faille une seconde pour écrire ou composer chaque lettre inutile, ce sont quatre cent millions de secondes perdues quotidiennement, soit plus de six millions de minutes, soit cent mille heures. En calculant l’heure de travail à cinquante centimes, c’est exactement comme si la France perdait chaque année dix-huit millions de francs. Si l’on ajoute à ce calcul le prix de l’encre et du papier gâché inutilement, l’on arriverait au revenu du capital de plus d’un milliard. Un milliard ! Vous avez bien lu !  »
Voilà une bonne réforme à faire.

Alexandre Vialatte, chronique du 10 janvier 1971

4 réflexions sur « Réforme de l’orthographe »

  1. Superbe critique par l’absurdité du quantitativisme, si typique de nos sociétés modernes et post modernes. On mesure avec une extrême précision, certes, mais que mesure-t-on au juste?

  2. Ce n’était sûrement pas le calcul d’Alphonse, qui n’écrivait que des choses absurdes et donc inutiles, ni celui d’Alexandre, qui n’écrivait que de jolies choses, encore moins utiles. (Oui mais c’est bien plus beau lorsque c’est inutile!).
    Mais c’est peut-être bien le but de Najet.

  3. Voilà un calcul bien extraordinaire!
    Il a cependant un défaut majeur… Si l’on doit se passer d’écrire toute chose improductive afin de ne pas perdre de temps, et donc d’argent, plus personne n’écrira plus ni lettres d’amour, ni romans, ni, comme toi et moi, Philippe, de blog.

  4. Dit pas Alphonse Allais et repris par Alexandre Vialatte, oui c’est séduisant car incongru. Ceci-dit, cela m’étonnerait beaucoup que notre ministre Najat Vallaud Belkacen ait jamais lu un text de ces deux olibrius, ou même les connaisse de nom, et pourtant elle oeuvre pour cette réforme sans rire.

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