Archives de catégorie : Critiques

C’était à Mégara, faubourg de Carthage

Cet texte est ma Critique aisée n°63 que j’avais déjà publiée le 26 novembre 2015.Je lui ai juste ajouté un petit codicille (en bleu et en bas). 

C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.

Avec le « Longtemps, je me suis couché de bonne heure » du petit Marcel, « C’était à Mégara… » est probablement l’incipit le plus connu de la littérature française. C’est celui du roman Salammbô de Gustave Flaubert.

Je ne vais pas disserter sur cette œuvre puissante et surtout pas tenter de la comparer à la Recherche du temps perdu. D’abord parce que ces deux romans sont incomparables, y compris entre eux. Ensuite parce que je ne suis carrément pas au niveau et, dans ces cas là, j’aime bien dire que je n’ai pas les outils.

Je voudrais simplement faire remarquer les différences qui existent pour moi entre ces deux magnifiques phrases d’entrée qui ne font d’ailleurs que refléter les différences fondamentales de nature entre les deux œuvres.

Avec l’incipit du petit Marcel, vous entrez dans son roman (on dirait aujourd’hui dans son autofiction) par une petite porte, la fragile petite porte du fond du jardin de la maison de Combray, la délicate petite porte de la mémoire. La phrase est courte, simple et inattendue, surtout quand elle suit un titre aussi explicatif que « A la recherche Continuer la lecture de C’était à Mégara, faubourg de Carthage

The French Dispatch – Critique aisée n°220

Critique aisée n°220

The French Dispatch
Wes Anderson – 2021

Avertissement : Cette 220ème critique est publiée dans l’édition vespérale car  elle n’est pas une véritable « Critique aisée ». . Le texte en est bien trop court et dépourvu de nuances pour paraitre dans l’édition du matin. Et encore ! J’ai été tenté, un instant, de le réduire à son incipit : « Un film à la fois épuisant et ennuyeux » !

Un film à la fois épuisant et ennuyeux :

– une voix off incessante au débit précipité qui débite dans le style d’Amélie Poulain une incompréhensible histoire, ou peut-être trois, je ne suis pas certain.
– un manièrisme agaçant dans le jeu des personnages principaux, et pour les autres,
– un défilé de comédiens, fameux, grimés, entr’apercus, sans véritable rôle, sans autre fonction que celle de vous amener à tenter de les reconnaître Continuer la lecture de The French Dispatch – Critique aisée n°220

¿ TAVUSSA ? (81) : ODEON 84 00

L’autre  jour, visité Versailles.

Très beau, très chouette, je vous le recommande, surtout quand il y a peu de monde et qu’il fait beau comme ce jour-là.

Après avoir passé sans encombrement les diverses barrières et contrôles qui donnent accès au château royal, nous sommes entrés tout d’abord et comme il se doit dans la chapelle. Magnifique endroit plein de dorures.

Là, l’atmosphère est recueillie et un silence presque total règne parmi la petite foule des visiteurs. Au bout de quelques instants, on est troublé dans son recueillement et son admiration par une voix grave qui donne l’heure : « …sera exactement dix heures douze minutes et vingt secondes… dix heures douze minutes et quarante secondes… » Vous n’aviez pas entendu ça depuis Continuer la lecture de ¿ TAVUSSA ? (81) : ODEON 84 00

La Princesse, l’Ours et le Chasseur

Il y a un peu plus de huit ans, sous le prétexte de faire une critique cinématographique, j’avais entrepris de raconter ma rencontre avec Grace Kelly, alors princesse de Monaco. Cette rencontre a eu lieu en 1978. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de faire semblant de parler cinéma pour évoquer cette rencontre hors de l’ordinaire. C’est le cadeau que je me fais pour mon anniversaire.

*

Tout le monde, du moins je l’espère, tout le monde a déjà vu « Fenêtre sur cour« .

871-CINEMATOQUIZ 2

Ces derniers temps, la télévision spécialisée l’a repassé régulièrement en version « longue ». Cette appellation est ridicule car, de ce film, il ne peut y avoir  que des versions trop courtes.
Bien qu’il soit, avec La Prisonnière du Désert et La Règle du Jeu, celui que j’ai vu le plus grand nombre de fois, je l’ai regardé à nouveau, deux fois. J’ai beau Continuer la lecture de La Princesse, l’Ours et le Chasseur

J’habite ici – Critique aisée n°219

Critique aisée n°219 

J’habite ici

Jean-Michel Ribes – Théatre du Rond Point – 2021

L’autre soir, nous sommes allés au théâtre avec des amis.

Ç’aurait pu être une bonne soirée : nous avions échappé à la pluie, nous étions en avance, nos amis étaient à l’heure, la table était bien réservée au restaurant du théâtre, la salle était agréable, la serveuse était belle, aimable et efficace, le repas bon et la conversation brillante.

Ç’aurait pu être une bonne soirée, vraiment. Mais il y a eu la pièce…

« J’habite ici », la dernière pièce de Jean-Michel Ribes, ce schtroumpf suffisant et parfois drôle.

Cette pièce, je ne peux même pas en faire une « Critique aisée », car il n’y a absolument rien à en dire.

Si, deux choses : la salle est assez confortable et la pièce est plutôt courte, et pour tout cela Merci mon Dieu.

Et puis, si, quand même, allons-y : Continuer la lecture de J’habite ici – Critique aisée n°219

Chasseur blanc, cœur noir – Critique aisée n°218

Critique aisée 218

Chasseur blanc, cœur noir
Clint Eastwood – 1990

Je l’ai vu pour la première fois sur Arte, début septembre. A sa sortie en 1990, je l’avais royalement ignoré et depuis, j’avais  totalement oublié son existence. C’est en parlant des « Racines du ciel » qu’un ami l’a évoqué devant moi. Quand je l’ai vu programmé sur Arte, cette fois-ci, je ne l’ai pas manqué.

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que Clint Eastwood a réalisé plusieurs dizaines de films, dont presque autant de dizaines ont connu un très grand succès populaire. Mais Chasseur blanc, Coeur noir, est, je crois, le film d’Eastwood qui a perdu le plus d’argent (budget 24 millions, recettes 2 millions). Bon, et alors ?

Depuis cette vision tardive, Chasseur blanc, Coeur noir est devenu pour moi l’un de ses trois ou quatre Continuer la lecture de Chasseur blanc, cœur noir – Critique aisée n°218

¿ TAVUSSA ? (78) :  Antivax et Antipass, faudra-t-il vivre avec ?

Bien sûr que c’est plus compliqué, les gars ! Bien sûr que c’est plus compliqué quand il y a une épidémie.

C’est plus compliqué d’aller au boulot, d’aller au cinéma, au restaurant, c’est plus compliqué de consulter son dentiste, d’aller voir ses parents à La Garenne-Colombes ou sa grand-mère à la maison de retraite de Guéret dans la Creuse. Bien sûr que ce n’est pas évident de recevoir ses clients quand on est restaurateur, poissonnier ou marchand de jouets. Bien sûr que c’est difficile de prendre le train, l’avion ou un verre dans une boite de nuit.

Mais ce n’était pas simple non plus quand il y avait une grève des transports ou quand il y avait les gilets jaunes. C’était même assez compliqué quand il y avait une guerre, une occupation, des Continuer la lecture de ¿ TAVUSSA ? (78) :  Antivax et Antipass, faudra-t-il vivre avec ?

Théorie mathématique de la bêtise

Merci à Claude de m’avoir rappelé ce brillant article du 1er mars 2017, plus que jamais d’actualité.

Georges Brassens a dit que le temps ne faisait rien à l’affaire et que quand on était con, on était con. Mais, sauf le respect que je dois au bonhomme et l’affection que je lui porte, je dois dire que Brassens se trompait car, en matière de connerie, le temps est un facteur important. Non pas que le con devienne plus con avec l’âge, mais le con d’aujourd’hui l’est davantage que le con d’hier. En effet, récemment, grâce au progrès, la connerie a avancé à pas de géant. Rappelons-nous que le Web est devenu d’usage public à partir des années 90 et que Facebook a été créée en 2004. L’ami Georges, mort en 1981, bien trop tôt, ne pouvait bien sûr pas tenir compte de ces extraordinaires facteurs de progrès.
Voyons ce que Milan Kundera Continuer la lecture de Théorie mathématique de la bêtise

La grande bellezza – Critique aisée n°217

Critique aisée 217

La grande bellezza

Paolo Sorrentino – 2013
Toni Servilio

En ce qui me concerne, ce film, sorti en 2013, était passé complètement inaperçu. Certes, il était revenu bredouille de Cannes et des Césars, mais il avait reçu l’Oscar du meilleur film étranger.  Pourtant, personne ne m’en avait parlé. Incroyable !
Seulement, voilà ! Cinq ou six ans plus tard, des amis Continuer la lecture de La grande bellezza – Critique aisée n°217

Rendez-vous à cinq heures : Conradiologie

La page de 16h47 est ouverte…

CONRADIOLOGIE

Il est souvent question dans le JDC de Joseph Conrad ce dont je me réjouis car Conrad est incontestablement l’un de mes écrivains de prédilection.  Divers de mes commentaires m’ont donné l’occasion de le faire savoir et si dernièrement j’ai joint le dernier paragraphe du chapitre 36 du Miroir de la Mer à titre d’illustration de mon propos, j’ai regretté depuis de n’avoir pas retranscrit la totalité de ce chapitre 36 qui est à lire comme une nouvelle indépendante tant il résume parfaitement l’esprit de l’œuvre de Conrad.

Joseph Conrad est pour moi le maître incontestable Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures : Conradiologie